L’océan n’en peut plus.
Aujourd’hui c’en est trop !
La coupe est pleine.
Tous ces bleus qu’on lui colle,
De l’azur, de l’outre-mer, du turquoise, du ciel…
Du ciel ?
Mais pour qui le prend-on ?
L’océan n’en peut plus.
Aujourd’hui il abandonne.
Plein le dos des aurores matinales !
Toutes ces teintes pastel,
Déclamées par des poètes fatigués,
C’est dit, c’est fait,
Il les rejette.
Qu’elles échouent donc sur tous ces bords
Lisses et ternes,
Et qu’on oublie de chanter
Parce qu’elles ne collent pas avec les couleurs
Qu’on lui impose.
L’océan n’en peut plus.
Photographié, exploité,
C’est en rugissant
Qu’à tous les touristes canonisés,
Il rappelle en souriant
Que sous tous les vents d’Est et d’Ouest
Du Sud et du Nord,
C’est simple, il est incolore !
« Je vous en supplie, cessez de vous extasier ! »
L’océan n’en veut plus
De ces couchers de soleil
Que tous les soirs on lui impose,
Pour que chacun prenne la pose.
L’océan est révolté.
Ce matin il a bloqué le reflet.
Tout est fini.
Seules,
Les couleurs sont abandonnées,
A leur triste sort.
Ce matin l’océan est apaisé,
A la surface grise et lisse,
Pas un cri, pas un pli.
Ce n’est que de l’eau ;
Et c’est si beau.
Aujourd’hui l’océan s’est reposé.
Septembre 2019