
Le premier Ministre a compris, cette fois ci il n’y a plus aucun doute le président, son président est devenu fou. Il faut qu’il fasse, qu’il tente quelque chose. Il est encore temps….
Il n’est pas très grand, contrairement au président qui lui est un grand gaillard, mais il va le ceinturer le forcer à s’asseoir calmement, reprendre le micro et mettre un terme à cette mascarade. Il est encore possible d’arriver à temps pour la séance des questions au gouvernement.
Les perdre dans la forêt, avec leur petit sac de pique-nique et leurs baskets ! Non mais franchement on se croirait dans une série parodique et délirante dont le seul objectif est de se moquer toujours un peu plus de nos gouvernants !
Il a presque envie de rire tellement la situation lui semble surréaliste : le président est encore debout à expliquer en long, en large, et en travers, s qu’il va les perdre, comme s’il s’agissait de tous ses petits-enfants… Grotesque…
Pierre, le premier ministre s’est levé presque calmement, on dirait même qu’il y a de la tendresse dans son geste, sa main tendue vers le président pour lui demander le micro. Il n’a pas le temps d’ouvrir la bouche que sa tête éclate comme une pastèque.
Il vient de prendre une balle en pleine tête….
La France n’a plus de premier ministre. Il a perdu la tête.
Perdu n’est d’ailleurs pas le mot approprié pour qualifier ce qui vient de se produire. La tête du premier ministre, puisque c’est de cela dont il s’agit a littéralement éclaté. C’est le jeune secrétaire d’état, exceptionnellement invité aujourd’hui qui a tiré. Jean Marc Dourcet puisque c’est de lui dont il s’agit est à quelques mètres seulement son arme toujours pointée, dans le cas, fort peu probable d’ailleurs, où un courageux essaierait à son tour de maitriser le président.
Ce dernier tient toujours fermement le micro la main, le coup de feu l’a interrompu et il semble contrarié.
« C’est dommage pour Pierre, c’était quelqu’un de bien. Mais vous le savez je n’aime pas trop être interrompu quand je souhaite parler. Merci mon petit Jacques. Il faudrait peut-être que je vous nomme premier ministre. Enfin on n’en est pas encore là »
Jean Marc, le secrétaire d’état au sport est très calme. Il faut dire qu’il fait partie de ces personnalités de la société civile que le président a souhaité intégrer dans son gouvernement. C’est un ancien champion olympique de tir au pistolet. Le premier ministre n’était pas des plus enthousiastes mais le président a insisté, mettant en avant les qualités de concentration de cet homme.
Dans le fond de l’Autobus, les potaches n’ont plus du tout mais alors plus du tout envie de plaisanter. Le plus difficile est de comprendre, de mettre en place au plus vite tous les mécanismes intellectuels pour analyser la situation. Tout est tellement inattendu. En silence, chacun cherche, ces derniers jours, ces dernières semaines ce qui a pu se passer, chacun essaie de se souvenir, un indice, quelque chose qui leur permettrait de comprendre ce qui est en train de se passer. Mais rien, c’est le néant pour chacun. Tous prennent conscience à cet instant précis qu’ils ne prêtent aucune attention aux autres. Quand ils se regardent c’est pour se surveiller, identifier un éventuel signe de faiblesse. Tous à cet instant comprennent que ce qu’ils n’ont pas vu c’est à quel point le président n’en pouvait plus, était épuisé. Par contre tous savent que le président ne supportait plus son premier ministre, son arrogance, sa froideur, son intelligence purement mécanique. Tous savent qu’il ne l’a pas choisi pour ses qualités humaines, pour sa capacité à le compléter, à le réguler, non il l’a choisi par calcul politique. Tous le savent mais personne ne le dit. Tout est calcul.
A reblogué ceci sur Les mots d'Eric.
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