Je publie en deux parties, un texte écrit le 11 novembre 1982, j’étais alors soldat du contingent, le temps était gris, l’ennui était grand… Ce n’est pas un texte antimilitariste, car je ne l’ai jamais été fondamentalement, c’est encore un texte profondément mélancolique.

Ici,
Ici tout pue
Même le désespoir est carré
Toujours cette odeur angoissante
Où la ressemblance kaki
Se marie si bien
Avec un automne
Sans fin, ni feuille
Ici,
Ici le vide
Perpétuel engrais
D’une varice
Sur un monde
Qui attend le grand cri
Pour enfin dire non
Ici,
Ici j’étouffe
Je ne comprends plus
Ou trop
Je ne peux risquer un
Pourquoi ?
Ici les réponses n’existent pas
Elles pourrissent dans l’antiquité des ordres
Ici le masculin est toujours sujet
Le féminin neutre s’ajoute
Comme trois points de suspension
Ici,
Ici tu viens pour servir
Un bout de chiffon
Lange trouée
D’une république à répétition
Mitraillette de la honte
Ici,
Ici tu ne dois pas pleurer
Ça fait désordre
Ici tu dois sourire béatement
L’extase est dans l’alignement
On te déplace
Et toi tu bouges
Tu t’aperçois que marcher
C’est soustraire tes pas
A ton propre chemin
Cadence infernale
Et toi tu retiens ton souffle
Et tu le rajoutes à ta haine
A l’ailleurs de derrière tes yeux
T’as peur
Et tu pourrais craquer
J’avais un sentiment semblable au temps que je faisais mon service. Le plus terrible c’étaient les sensations d’humiliation subies sur le commandement de certaines personnes de basse espèce …
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