Ce poème est paru en 1971 dans la revue Bételgeuse…

L’exilé
Dans la nuit grasse du port à l’heure un peu d’avant l’aube
il marchait comme un enfant ses cheveux blonds dans le cou
traînant son ombre et son bagage au reflet mauve des lanternes.
Son passeport était de sable son manteau de nuit qui s’achève.
Il avançait dans le vent bleu au long des wharfs.
Il allait à la recherche d’un hôtel de fumée amères
un couloir froid au nom de neige et de Norvège.
Il avait perdu son nom dans un jardin de giroflées
là-bas dans un pays de brume et de soleil trop lourd.
Les filles les oiseaux de mer la liberté des vagues
donnaient à ses yeux verts une mélancolie d’enfance
perdue dans les filets du doute et de la peur.
Sur son cœur jaunissait une vieille photographie.
Le jour se lève sur les cargos froids et lointains.
Tu es seul dans une chambre D’où viens-tu Pour quels départs.
A chaque escale tu es seul comme on est seul à deux
au fil des rues au seuil des bars et des consignes
avec le prix du vent sur les remparts et ce silence
accru que les autres ont creusé dans ton cœur.
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