
Sur ces deux lignes d’acier
Je rêve d’écrire
Poète forgeron
Qui essaie la plume légère
Trempée d’encre métallique
Dans la marge de pierre
Les mots glissent en grinçant
Sur ces deux lignes d’acier
Je rêve d’écrire
Poète forgeron
Qui essaie la plume légère
Trempée d’encre métallique
Dans la marge de pierre
Les mots glissent en grinçant
Voilà pour le vieil homme. – Mais moi, à la fin de ce récit, et dussé-je mourir aujourd’hui même, je me vois maintenant au milieu de ma vie, je contemple le soleil du printemps sur ma feuille blanche, je repense à l’automne et à l’hiver, et j’écris : Narration, mon Saint des Saints, rien n’est plus que toi de ce monde, rien n’est plus juste que toi. Narration, patronne du Guerrier Lointain, ma maîtresse. Narration, le plus spacieux de tous les véhicules, char céleste. Œil de la narration reflète-moi, car toi seul sais me reconnaître et me rendre justice. Bleu du ciel, descends jusqu’à l’abîme par la narration. Narration, musique de la sympathie, fais-nous grâce, donne-nous la grâce et sanctifie-nous. Narration, mélange fraîchement les caractères, parcours de ton souffle les successions de mots, assemble-toi en écriture et trace dans le tien notre dessin à tous. Narration, recommence, c’est-à-dire renouvelle …
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Entre les longs silences
Des dernières secondes qui s’étirent
J’entends les pas lourds
De fragiles impatiences
Le temps est à l’attente
Sur les quais des souvenirs métalliques
J’entends les chœurs des hommes blessés
En hiver la terre pleure ;
Le soleil froid, pâle et doux,
Vient tard, et part de bonne heure,
Ennuyé du rendez-vous.
Leurs idylles sont moroses.
Soleil ! aimons ! – Essayons.
O terre, où donc sont tes roses ?
Astre, où donc sont tes rayons ?
Il prend un prétexte, grêle,
Vent, nuage noir ou blanc,
Et dit : – C’est la nuit, ma belle ! –
Et la fait en s’en allant ;
Comme un amant qui retire
Chaque jour son cœur du nœud,
Et, ne sachant plus que dire,
S’en va le plus tôt qu’il peut.
Victor Hugo
On ouvre ses volet et oh
Première neige est là
L’œil plissé d’un reste de sommeil
S’ouvre en grand
Ce matin est si blanc
Oh il a neigé
Flocons légers
Se posent sans un bruit
Chut rien ne bouge
La nuit continue au dedans
Il fait si chaud
Dans le creux des rêves d’enfant
Je sais bien que les chemins marchent
Plus vite que les écoliers
Attelés à leur cartable
Roulant dans la glue des fumées.
Où l’automne perd le souffle
Jamais douce à vos sujets,
Est-ce vous que j’ai vu sourire ?
Ma fille, ma fille, Je tremble.
N’aviez vous donc pas méfiance
de ce Vagabond étranger
Quand il enleva sa casquette
pour vous demander son chemin
vous n’avez pas parue surprise
Vous vous êtes abordés comme coquelicot et blé.
Ma fille, ma fille Je tremble
La fleur qu’il tient entre les dents
Il pourrait la laisser tomber
S’il consent à donner son nom
A rendre l’épave à ses vagues
Ensuite quelqu’ aveux maudits
Qui hanteraient votre sommeil,
Parmi les ajoncs de son sang
Ma fille, ma fille Je tremble
Quand ce jeune homme s’éloigna
Le soir mura votre visage
Quand ce jeune homme s’éloigna
Dos vouté front bas et mains vides
Sous les osiers vous êtiez grave
Vous ne l’aviez jamais été
Vous rendra-t-il votre beauté?
Ma fille, ma fille Je tremble
La fleur qu’il gardait à la bouche
Savez vous ce qu’elle cachait père
Un mal pur bordé de mouches
Je l’ai voilé de ma pitié
Mais ses yeux tenaient la promesse
Que je me suis faite à moi même
Je suis folle Je suis nouvelle
C’est vous mon père qui changez.
Au repas des bavards
Entre la poire et le Saint-Nectaire
J’ai sorti un reste de silence,
Que je gardais bien au chaud…
Quand est arrivé
Le chariot des commentaires,
J’ai saupoudré deux pincées de rien,
Sur tous ces mots de trop…
Dans l’angle mort d’une histoire en pointillé
J’ai trouvé un vieux reste de lumière figée
Le bavard au cœur creux
Sans rien dire l’a abandonné
Dans l’onde dodue
Des ronds de mes rires bleus
Je l’ai jeté pour un dernier souvenir ricochet
Ses mains se posent.
A plat, fines et légères
Ses mains reposent, ailes d’ange
Autour le silence
La douceur s’impose
Sur ses doigts mon regard se pose,
Longs pétales, d’un regard je les effeuille
C’est beau ces yeux d’ailleurs
Sur la peau, ils effleurent,
Quand la lumière faiblit,
Quand les derniers rayons sont suspendus
C’est beau cette main, entre ombre et lueur
Je ferme les yeux, sa main est fleur
Les doigts se touchent
Un frisson m’entoure
J’aime ses mains,
Elles lisent en moi
Derrière la vitre d’un matin ferroviaire
Une douce brume traîne son ennui
Sur les dernières rides
Du long drap gris
De notre fin de nuit au réveil froissé
Souviens-toi
C’était il y a quelques hiers
Souviens-toi
Tu marchais le regard haut
Au midi du vivre beau
L’ombre de ton rire joli
Sur le mur aux angles fleuris
En glissant prenait la pose
Belle image pour le demain qu’on ose…
Sur les eaux troubles d’un fleuve assagi
Vieil homme pleure un ciel qu’on oublie
Sur la face molle du miroir brisé
Le long des vertes rives de nos mémoires touffues
Il a perdu la trace de nos enfances mauves
Je republie même si ils sont récents quelques textes sur la mémoire…
Mémoires de vieilles pierres figées
Odeur d’un vieux lichen fripé
Souvenirs d’un village endormi au creux du frêle été
Pas à pages il faut avancer dans les marges effacées
Juillet 2021
Dans cette vieille gare
Aux lourds murs
Jaunis des restes de nos mémoires
Même le silence grinçait en s’étirant
Sur les long quais traversés
D’un air frais et fatigué
Des ombres d’hommes courbés
Se figeaient dans le matin tremblant
Je ferme les yeux, doucement, tout doucement,
Derrière les paupières, une lumière si douce
Légère et si fraiche, une caresse que mon regard comprend
Et soudain, derrière mes yeux, il y a ton regard brillant
Tes yeux, mes yeux nos regards mémoires,
Mes yeux, tes yeux nos yeux qui s’effleurent et s’entendent
Dans nos regards, il y a la mer et la brume.
Dans nos regards, il y a tant de souvenirs,
Regarde petite, regarde,
Regarde à l’intérieur de ton coffret à images
Il y a quelques bijoux qui brillent pour deux
Ecoute, petite écoute
Ecoute dans le creux de ta main
Il y a le bruit de la mer qu’ils ne sont deux qu’à entendre
Il est loin et la caresse de ses mots te sèche les larmes
Au coin de ton regard le sel a séché,
C’est beau, c’est si bon à caresser
Une fois n’est pas coutume, pas de poème, pas de texte. Une belle image prise hier à Bercy….
La foule l’avait condamné à mourir
Parce qu’il avait tué
Une des brebis
De leur troupeau d’indifférence
Ils aimaient la vie…
Le dimanche en voiture
Dans un cortège funèbre
Qu’ils vénéraient
Parce qu’ils avaient pour jumeau
Ce pays FRANCE
Ils poussaient dans ce jardin
Où les mauvaises herbes
Meurent au napalm
A la balle perdue
Où à la torture cachée
Ils ignoraient que le lendemain
Peut être celui du je t’aime
Pour eux
Il était celui du rêve électrisé
Qu’ils croyaient avoir eu
Ils faisaient l’amour
Comme on achète le journal
Bonjour
Merci
Il fait beau
C’est tout
Ils disent aimer un enfant
Parce qu’à Noël
Ils le font légionnaire
Ou infirmière
Parce qu’il le brûle
Sur une plage quand vient l’été
Institutionnelle
Ils le grille
Côté face, côté pile
Côté cœur
Ils ont peur
Ils ont du fric
Ils ont peur
Ils ont le flic
Et toi t’es mort
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Tout est affaire de décor
Changer de lit changer de corps
À quoi bon puisque c’est encore
Moi qui moi-même me trahis
Moi qui me traîne et m’éparpille
Et mon ombre se déshabille
Dans les bras semblables des filles
Où j’ai cru trouver un pays.
Cœur léger cœur changeant cœur lourd
Le temps de rêver est bien court
Que faut-il faire de mes nuits
Que faut-il faire de mes jours
Je n’avais amour ni demeure
Nulle part où je vive ou meure
Je passais comme la rumeur
Je m’endormais comme le bruit.
C’était un temps déraisonnable
On avait mis les morts à table
On faisait des châteaux de sable
On prenait les loups pour des chiens
Tout changeait de pôle et d’épaule
La pièce était-elle ou non drôle
Moi si j’y tenais mal mon rôle
C’était de n’y comprendre rien
Est-ce ainsi que les hommes vivent
Et leurs baisers au…
Voir l’article original 419 mots de plus
Sous les plis d’une mémoire froissée
Le vieil homme a caché les quelques miettes
Du beau souvenir d’une odeur de pain chaud
Pour ce long voyage au pays des bruyants
Il avait commencé une provision de silences
Dans un sac à papier froissé
Quelques trous de mémoire
Sagement attendaient
Il est si bon de ne rien dire
Quand tous sur l’écran tête baissée
Rêvent de participer
Son sac à mots était empli de douceurs
Bondé de rondeurs
Pas un jour ne passait
Sans qu’il n’y plonge la main
Pour déguster un autre demain
Et dès lors, je me suis baigné dans le Poème
De la Mer, infusé d’astres, et lactescent,
Dévorant les azurs verts; où, flottaison blême
Et ravie, un noyé pensif parfois descend;
Où, teignant tout à coup les bleuités, délires
Et rythmés lents sous les rutilements du jour,
Plus fortes que l’alcool, plus vastes que nos lyres,
Fermentent les rousseurs amères de l’amour!
…Je sais les cieux crevant en éclairs, et les trombes
Et les ressacs et les courants: je sais le soir,
L’Aube exaltée ainsi qu’un peuple de colombes,
Et j’ai vu quelquefois ce que l’homme a cru voir!
Parce qu’il ne faut pas vivre que sur ses réserves, même si elles sont « copieuses », je publie ce soir un inédit, tout chaud, terminé à l’instant…
Avalées en trois souffles de gris,
Qu’une pluie froide dilue
Les couleurs ont disparu.
Goutte à goutte,
Le ciel se pose,
Il s’étend, s’étire,
Prend ses aises.
Les yeux se plissent,
Ils cherchent le bout.
Les yeux se plissent,
Ils redressent les courbes.
La route devient molle,
Elle glisse,
Dans les bras de la brume.
La nuit n’est plus très loin,
Elle attend, là-bas,
Après le bout,
Après le tout.
Tu baisses les paupières,
Doucement,
Petites billes de lumières,
Étouffent l’hiver au tournant.
Comme je l’ai annoncé ce matin en préambule de mes « republications », Amélia, ma cinquième petite fille, a pointé le nez hier, et voici donc le texte que j’ai écrit pour lui souhaiter la bienvenue…
Dans la molle brume
D’un grisâtre novembre
Petite fleur belle et douce
Parfum de promesses
Pousse si lourde porte
Du trop long jour de rien
Bienvenue Amélia
Oh oui petite Amélia
Bienvenue ne crains rien
Le monde déjà ouvre les bras
Tu verras
Il te sourira
Il t’existera
Bienvenue Amélia
J’entends déjà la rime jolie
De ton rire qui viendra
Bienvenue Amélia
Regarde
Ils sont trois
Ils sont joie
Ecoute Amélia
Ecoute le chant des impatients
Ecoute ils t’attendaient
Tu seras leur refrain
Tu seras leur doux demain
Tu seras le chaud levain
De ce beau verbe aimer
Qu’ensemble vous conjuguerez
Bienvenue Amélia
Et voici le deuxième…
Depuis ce matin je suis grand-père pour la quatrième fois. J »ai écrit ce texte pour lui, pour nous…
Léon
Le matin s’annonçait lourd,
Poisseux, gluant,
Un mardi pesant,
Déterminé à rouler sa longue litanie
D’ombres confinées…
Et soudain,
Mon cœur se met à chanter,
Mélancolie doucement s’est retirée,
Oui là,
Au bord de la mémoire tiraillée,
Un bouquet de couleurs,
Sur mon bonheur s’est imprimé.
On oublie le gris,
On rit, on pleure, c’est lui.
Le voici, il est là…
Petit d’homme
Aux aurores s’est annoncé.
J’arrive nous dit-il…
J’entre dans votre monde,
Oh je sais,
Il est un peu abimé,
Mais ne vous inquiétez pas,
Je vous ai entendu,
Oh oui,
Vous m’avez déjà tant aimé
Vous m’avez attendu
Vous m’avez espéré
C’est fait, je suis là
Je vais vous rassurer
Je suis Léon,
Et ce monde que vous m’avez rêvé
Avec vous tous,
Nous allons le réparer…
14…
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Depuis hier, je suis grand-père, chez moi on dit papou pour la cinquième fois. Pour les deux derniers arrivés, l’un en janvier 2020, l’autre en avril 2020 j’avais écrit un petit poème. Je les publie à nouveau, avant, ce soir j’espère de publier celui en l’honneur de Amélia.
Ce soir je suis grand-père pour la troisième fois…Je ne pouvais pas, ne pas lui offrir quelques mots…
Bienvenue petit homme,
Bienvenue !
On est là,
On attend !
Le coffre à sourires est plein à craquer…
Elle est belle la vie,
Si belle, tu sais.
Tu verras elle brille déjà pour toi.
Ecoute petit homme
Écoute ces rires d’enfants,
Ils chantent ton arrivée.
Écoute…
Tes sœurs seront bientôt là
Roule, roule, bonheur
Petit homme est là…
10 janvier 2020
Le repos, la planche de vivre ? Nous tombons. Je vous écris en cours de chute. C’est ainsi que j’éprouve l’état d’être au monde. L’homme se défait aussi sûrement qu’il fut jadis composé. La roue du destin tourne à l’envers et ses dents nous déchiquettent. Nous prendrons feu bientôt du fait de l’accélération de la chute. L’amour, ce frein sublime, est rompu, hors d’usage.
Rien de cela n’est écrit sur le ciel assigné, ni dans le livre convoité qui se hâte au rythme des battements de notre cœur, puis se brise alors que notre cœur continue à battre. »
René Char – « Légèreté de la terre » ; Fenêtres dormantes et porte sur le toit, Gallimard, 1979
L’homme est heureux,
Il le dit, il le rit.
Autour de lui,
Pas un œil qui ne luit.
L’homme est heureux
Son cœur bat pour deux
« Je vais marcher,
Il le faut, c’est si beau. »
« Je vais marcher,
Et lèverais les yeux. »
L’homme inspire,
L’air est si frais,
L’homme s’emplit de vrai…
Il faut attendre lui dit-on
L’heure n’est pas aux rêves creux ;
Il faut entendre le souffle fatigué
D’un bleu délavé, lessivé
Par la basse marée.
L’homme n’écoute pas,
L’homme est heureux.
Au premier hibou de service, à Orly, je me tire, c’est sûr. Je n’ai pas le temps de vous expliquer pourquoi, mais c’est ainsi. Moi, les oiseaux de nuit, je les mets à mon heure, les fuseaux horaires, je m’en arrange. Sur mon hibou 747 je pars en vacances, et mes vacances c’est Demain. Demain, c’est la mort aux lèvres et le sourire de la Joconde rentrée dans le poing de Vinci.
Demain c’est la seule idée valide que je vous concède. Vos constitutions, vos morales, votre café au lait du matin, vos chemises échancrées qui plissent sur le pressing, le premier à gauche, dans votre quartier, tout ce qui vous muselle, tout ce que vous adorez, tout ce qui est votre mort quotidienne, tout cela, pour moi, c’est terminé.
Sur les lacs, des chevaux mangent des fleurs fanées, et leurs photos ses reflétant dans les eaux tristes leur reviennent…
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Il a mis le pied sur le quai et ce qu’il a tout de suite senti, très fort, c’est l’air. Il l’a senti sur sa peau, il l’a senti entrer en lui, partout, par tous les pores. Alors il s’est arrêté, et il a compris que la mer dans la ville, dans cette ville est partout. L’air qu’on respire n’est pas le même, il est parfumé, avec juste cette sensation d’humide qui ne glace pas le sang mais qui donne le sourire. Oui, elle est là la différence, c’est dans l’air ! C’est un sourire qui caresse, doux comme le premier chant d’oiseau à la fin de l’hiver, on ouvre la fenêtre, on respire : la vie est partout et on sourit. Il n’est là que depuis cinq minutes. Il ouvre les yeux, son cœur bat, très fort, les autres il ne les voit plus. Il est sorti de la gare et il avance, il sent, il reconnaît il comprend tous ces récits de la mer qui commencent là, au port. Les mouettes d’abord, leurs cris ne sont pas beaux, mais leurs cris le bouleversent. Elles l’appellent, elles le savent nouveau. Il avance. Tout est si beau : une lumière de fin d’après-midi, un soleil déclinant qui laissent traîner quelques couleurs ; la moindre pierre est étincelle, et les flaques d’eau graisseuse belles comme des toiles de maître. Le port est encore loin mais il le comprend déjà, il perçoit les cliquetis, cocktails de bruits symphoniques. Les bruits, la lumière les odeurs qui racontent la vie qui les a faites. Il voudrait courir pour être au plus vite au port, mais aussi prendre le temps, entrer comme un navire, calme, glissant, apaisant, masse métallique qui se pose le long du quai.
Dans le bout de cette vie qui résiste
Il y a comme un voile gris
Flamme qui vacille
La peur n’ose plus entrer
Un rideau de larmes
Inutile elle recule
Son temps est passée
La maison s’accrochait au sommet d’une colline d’où on voyait la baie. Dans le quartier on l’appelait la maison des trois étudiantes. On y montait par un chemin très dur qui commençait dans les oliviers »
Tout entière ouverte sur le paysage, elle était comme une nacelle suspendue dans le ciel éclatant au-dessus de la danse colorée du monde. Depuis la baie à la courbe parfaite tout en bas, une sorte d’élan brassait les herbes et le soleil, et portant les pins et les cyprès, les oliviers poussiéreux et les eucalyptus jusqu’au pied de la maison. Au cœur de cette offrande fleurissaient suivant les saisons, des églantines blanches et des mimosas, ou ce chèvrefeuille qui des murs de la maison laissait monter ses parfums dans les soirs d’été. Linges blancs et toits rouges, sourires de la mer sous le ciel épinglé sans un pli d’un bout à l’autre de l’horizon…
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J’ai la mer au bord des yeux…
Silence pluvieux,
J’ai la mer au bord des yeux.
Dans le loin bleu
De mes mémoires salées,
Deux ailes se sont envolées.
Vent d’hier,
Sur les vagues les a posées.
Explose l’écume,
S’envolent perles de brume.
Regarde la mer belle.
Sur la plume de tes mots
A la feuille amarrée,
Mer a chanté,
Mer a soufflé.
J »ai déjà publié ce texte, il est toujours d’actualité, plus que jamais…
Il faudrait pourtant apprendre à se taire. Apprendre à ne rien dire. Oui, ne rien dire de ce qui sera toujours de trop. Prendre le temps de sentir, ressentir et puis écouter, toucher, entendre, simplement. Il faudra apprendre à se confronter au silence, en apprécier la douceur. Il faudra apprendre à ne plus prendre le risque d’abîmer les envies de sourire, de se serrer, de se souvenir, de se retrouver et tout cela pour exister. Exister, résister, éliminer du champ de batailles de nos envies retrouvées, toutes ces paroles inutiles qui emplissent déjà de lourds silos de haines ordinaires. Il faudra éliminer tout ce bruit qui nous enterre, ce bruit qui nous fait mal. Ne plus commenter, essayer de comprendre.
Oui simplement essayer, ou alors ne rien dire…
Il est l’heure de la lumière,
Il me reste un bout de rêve mauve.
Infime miette dans un bol de rire noir,
Laissée là, douce et croquante
Par une nuit rassasiée.
Au creux du silence du matin qui gémit,
J’avance tête baissée,
Tirant sur le long fil de ce songe qui sourit.
Quand j’étais jeune et fier et que j’ouvrais mes ailes,
Les ailes de mon âme à tous les vents des mers,
Les voiles emportaient ma pensée avec elles,
Et mes rêves flottaient sur tous les flots amers.
Je voyais dans ce vague où l’horizon se noie
Surgir tout verdoyants de pampre et de jasmin
Des continents de vie et des îles de joie
Où la gloire et l’amour m’appelaient de la main.
J’enviais chaque nef qui blanchissait l’écume,
Heureuse d’aspirer au rivage inconnu,
Et maintenant, assis au bord du cap qui fume,
J’ai traversé ces flots et j’en suis revenu.
Et j’aime encor ces mers autrefois tant aimées,
Non plus comme le champ de mes rêves chéris,
Mais comme un champ de mort où mes ailes semées
De moi-même partout me montrent les débris.
Cet écueil me brisa, ce bord surgit funeste,
Ma fortune sombra dans ce calme…
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Dans le soir qui s’approche,
Tout doucement trou de lumière
Perce le gris d’un jour tenté par la pluie.
Les verts du vallon sont réjouis
De ces éclats de vie,
Sur les crêtes alanguies.
Une brève lueur nous a souri.
C’est si beau ce jour qui sourit.
C’est si beau, ce soleil attendri.
7 août 2019
Dans le dernier virage d’une longue et pénible nuit
Il a perdu le contrôle
Le rêve s’est emballé
Sur un bord mauve et mou de l’ondulante route
Une troupe de souriants font des signes suppliants
Il est encore loin le doux matin des enfants qui s’étirent
Il est déjà trop tard
Son rire matin
Sur une mauvaise plaque de mémoire s’est fracassé
10 novembre 2021
Pour la première fois j’intégrer dans l’article de mon blog du son, pour entendre Serge Regianni dire magnifiquement bien ce texte exceptionnel de Jacques Prévert ;
Cet amour
Si violent
Si fragile
Si tendre
Si désespéré
Cet amour
Beau comme le jour
Et mauvais comme le temps
Quand le temps est mauvais
Cet amour si vrai
Cet amour si beau
Si heureux
Si joyeux
Et si dérisoire
Tremblant de peur comme un enfant dans le noir
Et si sûr de lui
Comme un homme tranquille au milieu de la nuit
Cet amour qui faisait peur aux autres
Qui les faisait parler
Qui les faisait blêmir
Cet amour guetté
Parce que nous le guettions
Traqué blessé piétiné achevé nié oublié
Parce que nous l’avons traqué blessé piétiné achevé nié oublié
Cet amour tout entier
Si vivant encore
Et tout ensoleillé
C’est le tien
C’est le mien
Celui qui a été
Cette…
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Oh non
Il est trop tôt novembre pressé
Remballe tes épaisses brumes
Recule je t’en prie
Là, oui encore un peu
Un pas ou deux
Ne te retourne pas
Et ne t’inquiète pas
Je te l’assure
On se retrouvera
Et comme annoncé hier, voici la cigale et le poète qui ferme le recueil « les amours jaunes »
Le poète ayant chanté,
Déchanté,
Vit sa Muse, presque bue,
Rouler en bas de sa nue
De carton, sur des lambeaux
De papiers et d’oripeaux.
Il alla coller sa mine
Aux carreaux de sa voisine,
Pour lui peindre ses regrets
D’avoir fait — Oh: pas exprès! —
Son honteux monstre de livre!…
— « Mais: vous étiez donc bien ivre?
— Ivre de vous!… Est-ce mal?
— Écrivain public banal!
Qui pouvait si bien le dire…
Et, si bien ne pas l’écrire!
— J’y pensais, en revenant…
On n’est pas parfait, Marcelle…
— Oh! c’est tout comme, dit-elle,
Si vous chantiez, maintenant!
Tristan Corbière,Les Amours jaunes, 1873
Le poète et la cigale ouvre le seul recueil de Tristan Corbières : « les amours jaunes » en 1873, je vous proposerai demain de découvrir « la cigale et le poète » qui ferme ce même recueil
Le poète ayant rimé,
IMPRIMÉ,
Vit sa Muse dépourvue
De marraine et presque nue :
Pas le plus petit morceau
De vers ou de vermisseau.
Il alla crier famine
Chez une blonde voisine,
La priant de lui prêter
Son petit nom pour rimer.
(C’était une rime en elle.)
Oh ! je vous paierai, Marcelle,
Avant l’août, foi d’animal !
Intérêt et principal.
La voisine est très prêteuse,
C’est son plus joli défaut :
Quoi : c’est tout ce qu’il vous faut ?
Votre Muse est bien heureuse…
Nuit et jour, à tout venant,
Rimez mon nom… Qu’il vous plaise !
Et moi, j’en serai fort aise.
Voyez : chantez maintenant.
L’homme est heureux,
Il le dit, il le rit.
Autour de lui,
Pas un œil qui ne luit.
L’homme est heureux
Son cœur bat pour deux
«Je vais marcher,
Il le faut, c’est si beau.»
«Je vais marcher,
Et lèverais les yeux.»
L’homme inspire,
L’air est si frais,
L’homme s’emplit de vrai…
Il faut attendre lui dit-on
L’heure n’est pas aux rêves creux;
Il faut entendre le souffle fatigué
D’un bleu délavé, lessivé
Par la basse marée.
L’homme n’écoute pas,
L’homme est heureux.
27 décembre
Ce soir c’est pause, je pose ma machine à rime, je repose ma fabrique à vers. Ce soir c’est prose. Au bout de mes phrases, des points de suspension, d’interrogation, et ce tout nouveau signe que je rêverai de voir accepter et qui s’appellerait le souffle d’émotion. Je ne sais pas comment le dessiner. Je vous laisse imaginer, je vous laisse supposer, je vous laisse respirer. Ce soir c’est prose, j’oublie les clics, je prends mes cliques et mes claques, loin des pixels. Ce soir c’est prose, je vous écoute ô vous mes frères humains, je vous écoute dans ce murmure lointain. Murmure de mots tendres et doux, ruisseau qui coule et s’écoule entre les deux bras de nos espoirs pour demain.
Chemin de fer,
Chemin de terre,
Je cherche la rime qui rit
Ne bouge plus chemin de mer
Aux prochaines marées du vieil hiver
J’écrirai dans la marge de tes vagues oublis
Joue le jeu.
Menace le travail encore plus.
Ne sois pas le personnage principal.
Cherche la confrontation.
Mais n’aie pas d’intention.
Evite les arrière-pensées.
Ne tais rien.
Sois doux et fort.
Sois malin, interviens et méprise la victoire.
N’observe pas, n’examine pas, mais reste prêt pour les signes, vigilant.
Sois ébranlable.
Montre tes yeux, entraîne les autres dans ce qui est profond,
prends soin de l’espace
et considère chacun dans son image.
Ne décide qu’enthousiasmé.
Echoue avec tranquillité.
Surtout aie du temps et fais des détours.
Laisse-toi distraire.
Mets-toi pour ainsi dire en congé.
Ne néglige la voix d’aucun arbre, d’aucune eau.
Entre où tu as envie et accorde-toi le soleil.
Oublie ta famille, donne des forces aux inconnus,
penche-toi sur les détails, pars où il n’y a personne,
fous-toi du drame du destin, dédaigne le malheur,
apaise le conflit de ton rire.
Mets-toi dans tes couleurs, sois dans ton…
Voir l’article original 25 mots de plus
Le tribunal académique revient.
Enfin, me direz-vous !
Il était temps, il y a du pain sur la planche…Et puisqu’il est question de planches autant dire qu’elles ont été nombreuses à avoir été savonnées pendant cette longue vacance. Mais ne nous aventurons pas sur ces terrains glissants de la médisance et du quand dira-t ’on.
Oui, car là est l’essentiel : le tribunal académique revient. C’est simple il était en travaux. Certains, dont on dit qu’ils ont la langue bien pendue prétendent que ce ravalement de façade n’était qu’un prétexte et qu’en vérité, il a fallu remettre de l’ordre de la cave au grenier.
Les dossiers se sont empilés, on craint même que certains ne soient oubliés, enterrés.
Mais aujourd’hui, c’est la séance de rentrée. Tout a changé, même le président. L’ancien était dépassé, débordé, dépité, déprimé et surtout désabusé.
Sur le bureau tout neuf de ce président tout nouveau, une haute pile de dossiers. Ils sont tous considérés comme urgents ! Comment faire ? Juger en suivant l’ordre alphabétique ? Ce serait injuste et déprimant même si reconnaissons-le ce serait une méthode tout à fait académique. Le nouveau président, ne souhaite pas s’attaquer pour ses débuts à ce gros morceau qu’est « Amazone et ses dérivés ». Il réfléchit quelques instants et décide que ce sera le hasard qui tranchera. D’une pichenette il fait basculer la pile. Le nouveau président sourit de sa facétie : « elle tombe la pile ». Bref les dossiers qui ne forment plus qu’un tas en vrac, sont brassés, éparpillés, aux quatre coins du vaste bureau.
Le président du tribunal ferme les yeux, pivote à plusieurs reprises sur son magnifique siège, et ce jusqu’à exécuter plusieurs tours complets. La nausée n’est pas très loin ! Il a juste eu le temps de saisir un premier dossier.
Sur la magnifique chemise bleue, on peut lire, en grosses lettres rouges : vague(s)
Le président prend la journée pour étudier les éléments. Il s’agit d’une plainte déposée à quatre reprises par un vague collectif de citoyens (le collectif national des amis de la tempête : le CNAT) ; Une plainte pour usurpation d’identité, doublée quelques mois après par une plainte pour utilisation abusive de marque déposée).
C’est une belle affaire que voilà… C’est décidé, demain elle sera jugée.
A suivre
Une autre recette publiée l’année dernière…
Ce soir c’est fête,
Ce soir, j’offre une recette
Simple et léger
Vrai, authentique
Seul, unique
Voici le flan au nuage d’été.
Sur un fond de ciel étonné
Vous disposerez sans les étirer
Deux ou trois fines couches
De ce beau nuage blanc
Que vous aurez saupoudrées
De mille larmes rondes et salées.
Dans le four l’enfermerez,
Au double tour de votre sac à malice,
Toute une nuit vous oublierez
Et au petit matin enlevé
A pleine bouchées vous le chanterez
Tu t’es pris les pieds dans le lourd tapis de la nuit,
Assis au bord de ton lit
Entre tes mains, ta tête tu as pris.
Souviens-toi, nous étions vivants,
Tu riais, je parlais, insouciant.
Sur nos lèvres séchées par le vent,
Dansaient les mots taquins,
Sautillaient les mots malins,
Coulaient les mots chagrins.
Dans un coin reculé,
De notre hier oublié,
Je t’entends, je te vois, tu es resté.
26 mars 2020
Jours de lenteur, jours de pluie,
Jours de miroirs brisés et d’aiguilles perdues,
Jours de paupières closes à l’horizon des mers,
D’heures toutes semblables, jours de captivité,
Mon esprit qui brillait encore sur les feuilles
Et les fleurs, mon esprit est nu comme l’amour,
L’aurore qu’il oublie lui fait baisser la tête
Et contempler son corps obéissant et vain.
Pourtant j’ai vu les plus beaux yeux du monde,
Dieux d’argent qui tenaient des saphirs dans leurs mains,
De véritables dieux, des oiseaux dans la terre
Et dans l’eau, je les ai vus.
Leurs ailes sont les miennes, rien n’existe
Que leur vol qui secoue ma misère,
Leur vol d’étoile et de lumière (1)
Leur vol de terre, leur vol de pierre
Sur les flots de leurs ailes,
Ma pensée soutenue par la vie et la mort
Dans le compartiment, il y a cette odeur, unique, qui s’accroche aux vêtements. Une odeur de voyages, trop courts, pour que la sueur soit absorbée par les souvenirs touristiques. Une odeur de vitre propre, de soupirs fatigués, une odeur de vie qui est à la peine, pour s’approcher de ce dont on rêve quand on est la tête contre la vitre. On ressent les vibrations, et puis il y a l’humidité de l’haleine qui fait comme un voile. Le voyage contre la vitre peut commencer, les yeux qui se ferment et le skaï devient cuir sauvage. Les néons ferroviaires sont des reflets de lune sur l’eau, pas un son, pas une voix qui ne troublent le rien d’un songe qui cherche son issue. Comme une musique, comme une mélodie. Et le couple d’en face, si vieux, si bons, qui posent leurs yeux sur la main de l’autre…
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Ville nouvelle,
Pousse et grandit.
Jour après jour,
Ville pose ses lignes.
Pures et droites,
Arêtes sans ailes,
Pour faire les belles
Se croisent et s’emmêlent.
Longues, effilées,
Regarde les,
Au bord du bleu s’arrimer.
Ciel fait ce qu’il peut,
Sort une vieille palette de bois creux.
Gratte, frotte
Sort un pinceau de plume
Attrape quelques perles de brume
Les invite dans ses filets
Pâles pétales
D’un souffle étalé…
28 novembre
Une humidité à l’odeur épaisse.
Un froid incapable de cingler
Essaie simplement de s’infiltrer,
Il traîne en longueur.
Pas une trace de lumière.
Les objets sont gavés de l’ombre qui les étouffe.
Les gens passent,
Météo au pied, comme un boulet.
Pas un ne rit, plus un ne vit.
Automne colonisateur.
Il est partout, même dans les rires.
Feuilles jamais sèches
Piétinées
Collées, tristes au pied.
Tout se traîne, se désespère.
La mer est habillée de gris,
Ne pas froisser le ciel si bas
Il pourrait la gober.
Demain sera mieux,
Demain sera heureux.
Le poète s’appuie, durant le temps de sa vie, à quelque arbre, ou mer, ou talus, ou nuage d’une certaine teinte, un moment, si la circonstance le veut. Il n’est pas soudé à l’égarement d’autrui. Son amour, son saisir, son bonheur ont leur équivalent dans tous les lieux où il n’est pas allé, où jamais il n’ira, chez les étrangers qu’il ne connaîtra pas. Lorsqu’on élève la voix devant lui, qu’on le presse d’accepter des égards qui retiennent, si l’on invoque à son propos les astres, il répond qu’il est du pays d’à côté, du ciel qui vient d’être englouti.
Le poète vivifie puis court au dénouement.
Au soir, malgré sur sa joue plusieurs fossettes d’apprenti, c’est un passant courtois qui brusque les adieux pour être là quand le pain sort du four.
« C’est si souvent le soir dans ses yeux
Que j’en perds mon matin… »
C’est deux vers je les écrivais il y a plus de quarante ans avec toute la tendre maladresse de l’apprenti poète qui cherche les bonnes formules pour que le mélange des mots puisse se déguster longtemps après. C’est le cas aujourd’hui. Je déguste et je me souviens.
Un extrait brut, sans correction, de mon manuscrit. J’arrive au terme de ce long chemin…Encore quelques semaines et je passerai du papier à l’écran.
Marcel on ne le sait que trop aimait les avions, les cargos, mais il aimait les ours aussi, les haches, les enclumes, le bruit de la pluie sur la tôle ondulée et par dessus tout l’arc en ciel que fabrique l’huile dans les flaques d’eau…
Dans l’eau trouble de l’automne
Le reflet ocre d’une lumière fatiguée
D’un si long été à étirer ses longues marées
Peu à peu l’horizon s’efface sous la gomme
D’une lourde brume sous le ciel abandonné
12 novembre 2020
L’été racle ses fonds de tiroirs
Il en sort quelques miettes oubliées
Qu’il disperse en riant
Entre les rides de brume
D’un automne hésitant
Dans le loin qui s’étire au couchant
De lourdes vagues à l’écume bleutée
Traînent leurs âmes glacées
Dans le triste fond de la belle vallée
Que nous avons tant aimée
Sur le vieux chemin des écoliers
Je cherche les ombres d’enfants
Qui s’étirent en sautillant
Je cherche le son craquant
Du tas de feuilles rousses
Qu’on piétine en riant
Raide et lisse la rue s’ennuie
Pas un chant
Pas un cri
Quelques clics sous des visages courbés
Une longue ride dans ma marge de papier
Tout va si vite.
Deux ou trois minutes endormies
Ont été oubliées.
Délaissées, abandonnées,
Main dans la main, elles se sont approchées.
Trop tard !
L’heure affolée a filé
Leur passant sous le nez.
Petites minutes se sont regardées.
Pas une seconde à perdre,
C’est notre heure,
Elle est arrivée !
25 novembre 2019
Derrière les barreaux d’une mauvaise nuit enfermée
Douce lueur cherche un chemin.
Entre les lourds draps froissés
Les corps brisés attendent le matin.
Dans les bleus pâles de leurs insomnies
Ils trempent une plume au mauve soupir.
Sur la page noire des demains qu’il supplient
Dans un souffle, mots se posent : ils respirent.
14 novembre : 7 h 00
Il lui fallait maintenant s’enfoncer dans la mer chaude, se perdre pour se retrouver, nager dans la lune et la tiédeur pour que se taise ce qui en lui restait du passé et que naisse le chant profond de son bonheur. Il se dévêtit, descendit quelques rochers et entra dans la mer. Elle était chaude comme un corps, fuyait le long de son bras, et se collait à ses jambes d’une étreinte insaisissable et toujours présente. Lui, nageait régulièrement et sentait les muscles de son dos rythmer son mouvement. A chaque fois qu’il levait un bras, il lançait sur la mer immense des gouttes d’argent en volées, figurant, devant le ciel muet et vivant, les semailles splendides d’une moisson de bonheur. Puis le bras replongeait et, comme un soc vigoureux, labourait, fendant les eaux en deux pour y prendre un nouvel appui et une espérance plus jeune. Derrière lui, au…
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Au sommet de nos peurs bétonnées
Doucement
A tâtons
Nous cherchons
Ce vieux bout de brume
Que belle brune
En rêvant a soulevé…
Dernière fraise de l’été
Ne veut pas abdiquer
Entêtée
Novembre
L’effroi
Fraise retient fort
Son souffle
Fraise rougit
Et moi je souris
Elle est debout sur mes paupières
Et ses cheveux sont dans les miens,
Elle a la forme de mes mains,
Elle a la couleur de mes yeux,
Elle s’engloutit dans mon ombre
Comme une pierre sur le ciel.
Elle a toujours les yeux ouverts
Et ne me laisse pas dormir.
Ses rêves en pleine lumière
Font s’évaporer les soleils
Me font rire, pleurer et rire,
Parler sans avoir rien à dire.
Une belle et ronde marmite vous choisirez
Sur le bord d’une fenêtre
Tournée vers l’ouest
Délicatement vous la poserez
Vous l’oublierez
Vous rêverez
Quand le silence aura mijoté
Débordé
Vous la retrouverez
La ramènerez
Sur le feu doux et impatient
Quelques mots doux et sucrés
Vous aurez épelés
Au fond de la casserole vous les jetterez
Votre bouquet de rimes épicées
Vous ajouterez
Couvrez
Chantez
Salez
Sautez
Et pour finir
Servez
Oui j’allais oublier
D’un vin blond au souffle long et coquin
Vous l’arroserez
Sur la peau blanche de mes espoirs
J’écris les mots pour demain
Dans un bouquet de rires enfouis
Je trempe ma plume épuisée
Sur le papier au grain glacé
Une boucle aux bords bleutés
Je trace en pleurant
Ces mots que j’aime
Pour toi
Pour nous
Je les lie
Main dans la main
Loin du hier de nos ennuis
Ils s’envolent
A tire d’ailes
Entre les bras du couchant
Regarde-les
Ils s’enfuient
Regarde-les
Nous sommes en vie
24 novembre
Entends le c’est l’heure
Il chante Matin
Il chante et secoue nos vieilles peurs
Automne taquin
Est en pleine lueur
Il rit du gris malin
Pris main dans le sac à couleurs
A plusieurs reprises déjà j’ai publié, avec son autorisation bien sûr, un poème de ma petite fille Lisa. Avec sa maîtrise grandissante de l’écriture, elle produit beaucoup, elle apprend à jouer avec les mots et leurs musiques, elle fait des essais et elle mes les offre de temps en temps.
Dis-moi des merveilles
Sur l’herbe au clair de lune
D’un cerf-volant qui brille
En été
Au soir de la nuit
Sur la route tes yeux pleurent
Dans le ciel
Avec l’abeille
Qui soulève tes merveilles
Avec l’aimable autorisation de Lisa Moine, 8 ans
Sur ma palette d’Automne
Douces feuilles aux larmes rousses
Roulent en plissant
Sur un tendre vert
D’un champ oublié
Dans l’été finissant
Douce paupière
De brume
Se ferme
Sur l’oeil roux
D’un automne
Ivre de lumière
Prose ou vers
La question se pose
Pour ma part
A ce choix je m’oppose
Tout est dans le mot
Tout est dans l’émotion
Les mots, l’émotion
Ressentir, l’écrire
Et lire pour te dire
Peu importe la rime,
Quand les mots chantent, j’ai un cœur qui bat