
Il m’arrive souvent de regretter l’impudence de celles et ceux qui ont pris et qui prennent continuellement le train en marche. Oui, quelle impudence, pour ne pas dire quelle goujaterie que de ne pas, comme tout le monde, attendre que le train arrive, et d’attendre son tour pour monter.
C’est ainsi qu’au moment où chacun commence à prendre ses marques, à faire connaissance avec tous ses compagnons rompus aux exercices de la patience, il n’est pas rare de voir surgir brutalement ces voyageurs de la dernière heure.
Ils ne se contentent pas de monter, discrètement, tout à leur honte d’avoir un train de retard, non ils ajoutent au désagréable de la situation de l’impertinence, de l’insolence et, quand ils sont en nombre, du mépris pour celles et ceux qui les ont devancés, et qui, osons le dire, ont pris le temps de la réflexion et de l’engagement réfléchi. Non, vous l’aurez compris, je n’aime pas ces invités de la dernière heure, qui parlent fort et creux, qui savent avant d’avoir compris et qui pérorent en se posant comme les grands moralisateurs d’une cause qu’ils n’ont pas pris le temps de comprendre, si ce n’est qu’au dernier moment ils se sont dits que lorsqu’on a un train de retard, on reste sur le quai.
Pour ce qui me concerne et nombreux sont mes compagnons de voyage dans ce cas, un train avant de le prendre, il faut l’attendre, l’espérer, il faut avoir une envie irrésistible de se joindre à ceux qui sont à l’intérieur. C’est d’ailleurs la raison pour laquelle je suis souvent, pour ne pas dire tout le temps en avance, pas trop pour ne pas risquer le désespoir de l’ennui, mais suffisamment pour savourer les saveurs épicées d’une juste impatience…