Sur l’eau, quelques rides de lumières, Le matin léger s’étire sur le fleuve. Au loin la rumeur de la ville, Comme un bruit qui s’éveille. On s’étire, le silence se respire. Il fait frais, on sourit. Le jour se lève. C’est beau, La nuit s’est retirée, Discrètement, le port l’a avalée. Le soleil est là, on le sent. On l’entend. Chaque couleur s’est préparée, Dans le matin léger, Ses ailes lissées le fleuve a déployé.
Pourquoi que je vis Pour la jambe jaune D’une femme blonde Appuyée au mur Sous le plein soleil Pour la voile ronde D’un pointu du port Pour l’ombre des stores Le café glacé Qu’on boit dans un tube Pour toucher le sable Voir le fond de l’eau Qui devient si bleu Qui descend si bas Avec les poissons Les calmes poissons Ils paissent le fond Volent au-dessus Des algues cheveux Comme zoizeaux lents Comme zoizeaux bleus Pourquoi que je vis Parce que c’est joli
Un tout petit extrait de mon nouveau roman. Chantier encore en cours : les fondations ont été coulées, les murs porteurs sont en place…
…Écoute Anton, écoute ce que j’ai écrit. Marcel je ne te connaissais pas, si peu, cette semaine j’ai compris pourquoi les autres sourient quand tu parles. J’ai compris, je crois, qui tu étais Marcel. J’ai aimé quand tu as marché, presque sans rien dire, à côté de moi. Tu avais simplement envie de partager de l’existence, de cette véritable existence qui entre en vous, à la nuit tombée, quand les fenêtres se ferment, quand les rires s’éloignent. Tu avais envie de me dire que tu étais bien, là, avec moi, ce soir, et puis tu n’as rien dit, tu t’es tu, parce que c’est mieux ainsi. J’avais la même sensation que lorsque j’entre dans la forêt. Je ne parviens pas à la décrire. Marcel je crois que je comprends ce que tu veux dire lorsque tu parles de l’incroyable, de l’impossible. J’ai l’impression que je l’ai un peu touché ce soir…
Un tout petit extrait de mon nouveau roman. Chantier encore en cours : les fondations ont été coulées, les murs porteurs sont en place…
…Écoute Anton, écoute ce que j’ai écrit. Marcel je ne te connaissais pas, si peu, cette semaine j’ai compris pourquoi les autres sourient quand tu parles. J’ai compris, je crois, qui tu étais Marcel. J’ai aimé quand tu as marché, presque sans rien dire, à côté de moi. Tu avais simplement envie de partager de l’existence, de cette véritable existence qui entre en vous, à la nuit tombée, quand les fenêtres se ferment, quand les rires s’éloignent. Tu avais envie de me dire que tu étais bien, là, avec moi, ce soir, et puis tu n’as rien dit, tu t’es tu, parce que c’est mieux ainsi. J’avais la même sensation que lorsque j’entre dans la forêt. Je ne parviens pas à la décrire. Marcel je crois que je comprends ce que tu veux dire lorsque tu parles de l’incroyable, de l’impossible. J’ai l’impression que je l’ai un peu touché ce soir…
Au premier hibou de service, à Orly, je me tire, c’est sûr. Je n’ai pas le temps de vous expliquer pourquoi, mais c’est ainsi. Moi, les oiseaux de nuit, je les mets à mon heure, les fuseaux horaires, je m’en arrange. Sur mon hibou 747 je pars en vacances, et mes vacances c’est Demain. Demain, c’est la mort aux lèvres et le sourire de la Joconde rentrée dans le poing de Vinci. Demain c’est la seule idée valide que je vous concède. Vos constitutions, vos morales, votre café au lait du matin, vos chemises échancrées qui plissent sur le pressing, le premier à gauche, dans votre quartier, tout ce qui vous muselle, tout ce que vous adorez, tout ce qui est votre mort quotidienne, tout cela, pour moi, c’est terminé. Sur les lacs, des chevaux mangent des fleurs fanées, et leurs photos ses reflétant dans les eaux tristes leur reviennent à leurs museaux tout embrumés. Demande-donc une douzaine de chevaux à ton fleuriste. Demain ? Un mot, un fauteuil désossé, une chanson parlée d’une voix mesurée au métronome des grands vents du nord battant sur la chaussée d’une ville perdue, une fille extasiée dans un coin de porte et se signant à l’approche du voleur de filles, une lettre postée trop tôt et que le collecteur du courrier à Paris, à 17 h 30, ne voudra pas te rendre parce qu’il ne te connaît pas, le tube d’aspirine que tu manges en te grattant la tête et en cherchant de côté un regard fraternel, cette bouteille d’eau minérale qui ne vient même pas de la terre, cette auto qui dérape et qui engorge l’autoroute. Demain ? Au premier hibou de service, à Orly, je me tire, je deviens moins un. Rien. Je suis Rien. Le mec que tu regardes, ce soir, sur la scène, ce mec aux cheveux blancs, avec sa tête qui ressemble à un trapèze, n’est pas là. Les chansons qu’il chante, tout ce qui t’arrive dans les yeux et les oreilles, tout cela a été fait, dit, et redit depuis longtemps. Le mec que tu regardes, c’est de l’illusion. Demain, c’est la mort figurée. On vous la vend, cette mort figurée on vous vend cet artiste pâli sous des projecteurs réglés, soumis. On vous vend par petits paquets, par petits fauteuils, à des prix acceptables, un artiste qui s’est vendu pour un prix accepté. L’argent c’est le sourire du désespoir. Demain ,c’est aussi le désespoir. Alors, Demain tu seras riche, mon camarade. Car ce que je te donne n’a pas de prix. Accepte-moi comme je t’accepte. Demain, je t’aime.
Larmes au bord des yeux Rouges braises d’une tristesse étoilée, La pluie est à l’intérieur, D’émotions le trop plein est empli. Et déverse des flaques de gris. De chaque couleur il est l’ennemi. Tu attends le soleil qui fige la surface. Voile de lueurs, Apaisent ombres de l’intérieur. Demain, Dans le peut-être du futur apaisé Petite flamme bleue Danse et luit, Douce lumière scintille, Et rit au fond de tes yeux.
La ville… Qu’est-ce que tu crois ? La ville… J’imagine
J’imagine des coins perdus Et qu’on ne réclame jamais… C’est là où je vais C’est là où je suis
La ville… Qu’est-ce que tu crois ?
Les feux rouges… Il y en a partout Verts… des fois quand ils donnent… Il y a des feux rouges dans les lits aussi… Le vert ? Je connais… dans les plaines de mon plumard à moi…
La ville… Qu’est-ce que tu crois ?
Paris ? Milan ? Liège ? Los Angelès ? Buenos Aires ? Avec le championnat de la torture ? Et du foot-ball ?
La ville ?
Un théâtre… des coulisses… une loge… un robinet Du noir dans la salle Avec des gens beaucoup beaucoup… Des gens de la ville bien sûr ?
Qu’est-ce que tu crois ?
Un hôtel aussi métaphysique De préférence insonorisé Avec simplement le silence armé ou américain… Qu’est-ce que tu crois ?
Monaco? Las Vegas du pauvre Des avions mordorés qui passent des fois Au-dessus de chez nous ici en Toscane… Ça me rappelle à ton bon souvenir… Et des fois les avions ils crient au secours N’importe où sur la mer sur les montagnes sur les villes… Alors les feux rouges pâlissent… La ville ?
En marchant vers un vieux jour qui sourit J’ai glissé sur une vieille larme oubliée La chute est rude mais sans folie En riant me suis relevé Ce n’est rien ai-je dit Le monde est laid Tout empêtré de ma nuit J’avoue, je l’avais oublié
N’avez-vous jamais vibré pour du simple Pour ce presque rien Qu’on cache sous le tapis D’une mémoire aux rimes rondes Rondes et fleuries N’avez-vous jamais vibré pour du simple Ce quelque chose Que le peuple des autres Abandonne sur le quai Pour un voyage sans détours N’avez-vous jamais vibré pour du simple Celui qu’on oublie tout de suite Pour ne pas avoir à l’apprivoiser Sentez-vous l’odeur que la peur avait enterrée Entendez -vous le cri du métal Il est frappé de soleil. C’est un beau soir qui sent le hier Dans la salle d’attente de mes souvenirs ferroviaires Un train vient d’entrer…
Dans le silence épais du matin nu Un homme seul écrit Les mots sont las Et s’étirent doucement La nuit les a alourdis Des rêves qu’on oublie Homme n’est plus seul
Silence pluvieux, J’ai la mer au bord des yeux. Dans le loin bleu De mes mémoires salées, Deux ailes se sont envolées. Vent d’hier, Sur les vagues les a posées. Explose l’écume, S’envolent perles de brume. Regarde la mer belle. Sur la plume de tes mots A la feuille amarrée, Mer a chanté, Mer a soufflé.
Un texte que je pense avoir déjà publié mais que j’illustre autrement…
Quand le monde est si bruyant, Qu’il couvre même le vent, Quand les regards sont de travers Que les yeux se noient dans le triste amer N’entre pas dans l’arène, N’aiguise pas tes lames numériques Fais comme tes pères Et rêve d’Amérique Il faut que tu marches jusqu’au bout Là-bas, si loin Ou l’île se blottit Dans les bras de l’océan Si tu ne peux pas partir, Tête haute Marche jusqu’aux souvenirs Prends le chemin le plus malin Cours, vole, rêve, espère, Souris de cet air qui te fouette
Mais ne laisse pas gagner La fanfare des maudits Laisse-les s’agiter, vociférer, Demain tu verras Ils seront oubliés
En suivant la trace floue d’une histoire d’hier J’ai glissé sur la flaque du doux présent A tâtons je marche en riant vers le noir heureux Où brille l’ombre de tes cheveux Je souffre de l’oubli des ces presque rien J’attends serein J’entends chagrin Un long soupir sec Il étale en claquant Des larmes au bleu coupant Qui abîment en roulant Les bords mous du chemin des gisants
Comme je l’ai déjà indiqué, j’écris beaucoup en ce moment, à l’ancienne, sur un carnet, avec un bon vieux stylo Bic, dont les arêtes abîment mes phalanges. Mais l’écriture est une souffrance. Je le sais. J’écris mais je prends aussi le temps de lire, et je ne résiste pas au besoin de partager sur ce blog le choc que j’ai ressenti en lisant ce roman de Rebecca Lighieri.
Je ne suis pas doué pour les notes de lecture, les critiques de livre, je ne peux simplement vous dire que j’ai été secoué comme rarement. Ce roman est exceptionnel, bouleversant, éblouissant il m’a marqué, et je sens déjà qu’il laissera des traces. A ne rater sous aucun prétexte. Vraiment…