
Au lever du jour, lorsque je marche, en silence, j’entends les mots qui se bousculent. Ils sont là, quelque part, dans un coin reculé de ce que j’aime appeler l’arrière-pays de ma tête. Ils veulent entrer, ils sont pressés, eux aussi, de prendre l’air et de se dégourdir pour certains les l et pour d’autres les rondes jambes de leur m. Je les laisse se disputer. Ils m’amusent, à vouloir être les premiers. Je sens bien que chacun rêve de donner le tempo, ou même le la.
Alors oui, chaque matin c’est la foire d’empoigne et c’est à celui qui trouvera le plus facilement le passage ; ce passage qui le conduira non pas jusqu’aux portes de mes lèvres parce que je ne dis rien, mais là juste à l’entrée de ce chemin que j’hésite encore à emprunter. J’hésite, oui parce que je sais déjà que lorsque je me serai engagé je ne pourrai plus reculer et qu’il me faudra avancer, poussé par le désir d’arriver non pas au bout, ce bout n’existe pas, mais à l’entrée du premier virage qui je le sais, je le sens, me réservera de belles surprises.
Et ce matin sur la ligne de départ il y avait Anton, Anton ce plus que prénom qui m’accompagne depuis longtemps. Il est arrivé le premier et je l’entendais me dire « Je m’appelle Anton parce que mon père aimait les russes, et plus encore que les russes il aimait les avions et parmi les avions celui qu’il préférait c’était l’Antonov 22 ».
Tiens, on dirait bien que je commence à m’aventurer sur ce chemin…
A reblogué ceci sur Les mots d'Ericet a ajouté:
Il y a un an je publiai ce texte, esquisse de mon nouveau roman, je le propose aujourd’hui à nouveau en hommage à ce magnifique avion qui est en fait ukrainien et que l’armée russe a détruit…
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