
« Où sont les enfants? » Elle surgissait, essoufflée par sa quête constante de mère-chienne trop tendre, tête levée et flairant le vent. Ses bras emmanchés de toile blanche disaient qu’elle venait de pétrir la pâte à galette, ou le pudding saucé d’un brûlant velours de rhum et de confitures. Un grand tablier bleu la ceignait, si elle avait lavé la havanaise, et quelquefois elle agitait un étendard de papier jaune craquant, le papier de la boucherie; c’est qu’elle espérait rassembler, en même temps que ses enfants égaillés, ses chattes vagabondes, affamées de viande crue…
Au cri traditionnel s’ajoutait, sur le même ton d’urgence et de supplication, le rappel de l’heure: « Quatre heures! ils ne sont pas venus goûter! Où sont les enfants ?… » « Six heures et demie! Rentreront-ils dîner? Où sont les enfants ?… » La jolie voix, et comme je pleurerais de plaisir à l’entendre… Notre seul péché, notre méfait unique…
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