
« Mon amour, j’ai marché trente ans sous le ciel […] j’ai été, entre tous, ripailleur et gueulard, aussi stupide et futile que les moineaux et les paons ; j’ai essuyé ma bouche au revers de mes manches, entré au foyer avec la boue de mes pieds et roté plus d’une fois dans les rires et le vin. Mais j’ai tenu chaque heure la tête droite dans l’orage parce que je t’ai aimée et que tu m’as aimé en retour, et que cet amour n’a eu ni soie ni poèmes mais des regards dans lesquels se sont noyées nos misères. L’amour ne sauve pas, il élève et grandit, porte en nous ce qui éclaire et le sculpte en bois de forêt. Il se niche au creux des jours de rien, des tâches ingrates, des heures inutiles, ne glisse pas sur les radeaux d’or et les fleuves étincelants, ne chante ni ne…
Voir l’article original 76 mots de plus