
Vers le ciel j’ai tant levé la tête
Est venu le jour où est entré le bleu
Oubliés les murs de nos grises cellules
Chantent et dansent les couleurs en fête
J’ai jeté la clé des rêves fermés

Vers le ciel j’ai tant levé la tête
Est venu le jour où est entré le bleu
Oubliés les murs de nos grises cellules
Chantent et dansent les couleurs en fête
J’ai jeté la clé des rêves fermés
J’ai écrit ce texte il y a quarante quatre ans, avec vraisemblablement comme fond musical, le stéphanois de Bernard Lavilliers, la photo est beaucoup plus récente….

Samedi soir
Nouveau départ
Nouvelle chute
Pour une inconnue
De rires
Liquides
Béquilles pour s’éclater
Dans les rues
Des comme nous
Qui traînent leur habitude
De la petite semaine
Qu’ils ont brûlée
Dans des pauvres jeux quotidiens
Qu’ils continuent encore
Parce que c’est bon
Parce que le siècle s’éssouffle
Et ne veut plus d’eux
Ils sont nés pendant l’épidémie
Ils subsistent pendant l’agonie
Alors ils s’en foutent
Ils veulent aller plus vite
Parce qu’autrement
Ils n’auront plus que leur ombre cerceuil
A simuler
On les montre du doigt
Quand ils s’exagèrent
On les ignore quand ils se terrent
Ils traînent tous ensemble
A construire un monde
Qui s’écroule à chaque aurore
Regarde les dans les villes qui s’enterrent
Regarde les dans les villes qu’ils aiment
Par la multitude des autres
Des ceux qui sont comme eux
Regarde les
T’es comme eux
Regarde les….

J’ai soudain faim
Je coupe une belle tranche de rire
Dans une tourte à la croûte chatouilleuse
Je croque et craque
Le chant doux de la mie
Glisse dans le creux de mon oreille
Une rime à la miette dorée

Dans le jardin des mémoires de demain
J’ai semé un vieux fond de graines de rires faciles
C’est la bonne saison
Je le sais je le sens
C’est le temps
Le temps si rond si long
De la bonne raison
Il le faut on attend
Regarde
Les granges débordent de molles pailles
Oubliées de vieilles moissons
Entends les pleurs des rides sèches de la terre
Aux prochains soleils levés
Tu cueilleras ta première fleur au sourire câlin…

Il est des matins roux
Qui emplissent de rêves
Les fonds de faille
De nuits ocres aux angles droits
Ils posent légers
De douces caresses
Sur nos joues creusées
27octobre

Il est des jours qui débutent en riant
Dans le fracas d’un songe de nuit
On a trouvé des traces de blanche paix
La nuque est raide de ces longs combats
La bouche est sèche des mots durs
Qu’elle a craché
Le matin nouveau étire ses longues ailes
Il est venu le temps des bons amis
26 septembre

Mais on y croit encore
Parce que l’unique s’immobilise
Parce que la règle est identique
Parce que les textes gravent leurs mots
Pour s’en souvenir
Et pour que les autres disent
Qu’ils ont bu
Une autre chose
Une autre dose
Qui oublie le hasard
Du verbe sans sommeil
Qui oublie le remords
Du jour sans soleil
A vanter des histoires
On finit par crever
Alors toi tu t’inventes une mort
Pour les lèvres de celle qui t’écoute
Et tu lui parles d’une autre
Partie pour là-bas
Et elle te tient la main
Parce qu’elle sait que t’as peur
Et toi tu as envie de lui dire
Que tu l’aimes
Parce que c’est vrai
Mais tu as peur
Parce qu’elle est trop proche
Parce qu’elle ressemble trop
Au souvenir
Que tu as voulu oublier
Mais qui appartient aussi à d’autres
A celles que tu n’as pas prévues
Mais que tu arrives à rencontrer
Février 1980

C’est un matin qui boitille
La nuit aux pierres lourdes
Lui pèse encore sur le dos
Derrière les grises vitres
Un presque jour se débat
Au loin la belle lueur
Attend l’agonie du triste sombre
25 septembre 2025
Je reviens avec mes poèmes de jeunesse : en voici un nouveau que je viens de redécouvrir et que je publie en deux parties…

Gueule de vagabond
Esprit moribond
Ton oeil se perd dans ta mémoire
Comme ta larme
A l’horizon de ton regard
S’est noyée
Dans un voyage sans retour…
Partie, finie
Totalité sans remords
Pour un fou qui s’en fout
Dans l’histoire de son rêve
Qui s’étouffe en recherchant
Partie, finie
Jouet d’un regard
Qui dit toujours non
Parce qu’il a peur du champ
Où ils ont cultivé son indifférence
Et où il a disparu
Emporté par une affreuse ressemblance
Avec la mort
Des ceux qui le lui ont dit…
Mais pourquoi
Pourquoi ?
La Charente avec dans le fond Rochefort et le pont transbordeur, photo réalisée par ma cousine Aline Nédélec

A l’ouest de mon premier regard
S’étire en glissant ce long soupir
Chant de brumes d’autres mémoires
Il est difficile d’être triste longtemps
Ce n’est plus ton rire qui invite au combat
Je garde en secret ce fond de silence
Je te l’offre tu feras un bouquet de fleurs séchées

Pourquoi que je vis
Pour la jambe jaune
D’une femme blonde
Appuyée au mur
Sous le plein soleil
Pour la voile ronde
D’un pointu du port
Pour l’ombre des stores
Le café glacé
Qu’on boit dans un tube
Pour toucher le sable
Voir le fond de l’eau
Qui devient si bleu
Qui descend si bas
Avec les poissons
Les calmes poissons
Ils paissent le fond
Volent au-dessus
Des algues cheveux
Comme zoizeaux lents
Comme zoizeaux bleus
Pourquoi que je vis
Parce que c’est joli

Au sommet de nos peurs bétonnées
Doucement
A tâtons
Nous cherchons
Ce vieux bout de brume
Que belle brune
En rêvant a soulevé…

Silence pluvieux,
J’ai la mer au bord des yeux.
Dans le loin bleu
De mes mémoires salées,
Deux ailes se sont envolées.
Vent d’hier,
Sur les vagues les a posées.
Explose l’écume,
S’envolent perles de brume.
Regarde la mer belle.
Sur la plume de tes mots
A la feuille amarrée,
Mer a chanté,
Mer a soufflé.

S’il reste quelques miettes de vrai
Dans le fond de la vieille marmite de vérité
Nous gratterons avec la fourchette de l’espoir
Et porterons à la bouche ces restes d’hier souriant
22 septembre

On a tous un rêve de flaques
Longue et large
Petite mer des belles amitiés
Comme l’enfant insouciant
Au rire parfum d’océan
Les deux pieds joints
Tu sautes avec la jolie joie
Oui celle qui éclabousse
On rit on pleure
Il pleut on s’ébroue
Gouttes de pluie perlent de lui
Larmes salées parlent d’une si belle
Et je sème une suite de cailloux
Pour nos lendemains un peu fous

Derrière la vitre de nos envies
La grise ville nous a menti
Pas un bout de mer
Pas un souffle de ce bel air
Les vagues se sont figées
Dans leurs longues quêtes salées

Fenêtre ouverte
Sur le rond silence bleu
Du matin frileux
J’attends les mots blancs
Qui frappent sur les vitres endormies
J’entends la pointe dure du stylo
Elle crisse et glisse
Sur ma belle feuille fripée
De sa longue nuit agitée

Sur la pente raide d’un chemin creux
Je presse le pas vers un sommet ivre de bleu
J’avance
Le souffle court d’un rire qu’on empêche
J’attends
Crissement d’une caresse rêche
Je frissonne
Longue et verte vague à l’âme
Se jette en pleurant
Sur la rive molles de mes nuits blanches

Derrière le tendre vert des collines alanguies
J’entends le vent qui bruit
Sans un cri
Un reste de pli bleu
Couvre ronde larme de si peu
Sur le bord gris de tes yeux bleus

C’est un matin au gris surpris
Je ne l’attendais plus
Au creux d’une nuit de songes soleil
Je riais à n’en plus rêver
De ces rideaux levés sur des mots enfants
Mots pirouette
Mots cabrioles
Qui bondissent rougissent
Te tiennent d’une main épuisée du sucre interdit
Je ne l’entendais plus
Ce long cri de ce toujours dernier jour
Enfoui sous les draps d’une mémoire oubliée

Vieil homme se souvient
Dans le feu intérieur de son regard bleu
Un fond de mémoire brûle de mille yeux
Vieil homme s’est assoupi
Dans un coin gris de ses souvenirs asséchés
Une larme s’est envolée
Il m’en reste encore, que je retrouve de ci, de là…. En voici un, une pépite, écrite en 1981…

La liste de tes dégoûts
Dépassaient l’infini de ta soif
T’ajoutes de la pluie
A tes yeux secs
Ton soleil brillait
Le soir à intervalles réguliers
Entre deux cris de présence
Tu filtrais les paroles
En enfilant les vers
Sur des fils sans bouts

Lassé de me cogner
Aux angles mauves
Du grand mur gris
De vos molles promesses
J’ai rêvé d’une fenêtre
Ouverte sur le souffle bleu
De nos demains heureux

Il arrive que le temps soit à la contemplation
Simple inattendue fraîche
Elle débarque sans crier sur les rives des matins communs
Et les soupirs de l’impatience sont apaisés

Saison âpre
Cercle après cercle
quand les déserts nous auront un à un tendu tous leurs
miroirs
vainement les nuits ayant sur la tiédeur des terres étiré
leur cou de chameau fatigué
les jours repartiront sans fantôme à la poursuite de purs
lacs non éphémères
et les nuits au sortir les croiseront titubants
d’un rêve long absurde de graminées
Esprit sauvage cheval de la tornade gueule ouverte dans ta suprême crinière en moi tu henniras cette heure
Alors vent âpre et des jours blancs seul juge
au noir roc intime sans strie et sans noyau
jugeant selon l’ongle de l’éclair en ma poitrine profonde
tu me pèseras gardien du mot cloué par le précepte

Dans le fleuve des espoirs à venir
J’ai jeté ma ligne de fil mauve
Pas un rire n’a mordu à la mouche éphémère
Seuls deux ou trois ronds dans l’eau
Tentent la vaine traversée
Sur l’autre rive aux herbes pointues
On devine l’étreinte des retrouvés

Au fond de la nuit la plus nue
Pas trace de village sur la houle
Je n’ai qu’à prendre ta main
Pour changer le cours de tes rêves
Embellir ton haleine malmenée par la rixe
Tous les sentiers qui te dévêtent
Ont dans le lierre de mon corps
Perdu leurs chiens leurs carillons
La tige émoussée de l’étoile
Fait palpiter ton sexe ému
A mille lieux vierges de nous
Nous restons sourds à l’agneau noir
A toute goutte d’eau de pieuvre
Nous avons ouvert le lit
A la pierre creuse du jour en quête de sang
De résistance.
Placard pour un chemin des écoliers 1936-1937

Mais où êtes vous donc l’ami
Voici plusieurs jours qu’on ne vous entend
Nous nous inquiétons vous le savez
Vos mots nous manquent
Dans le soir frissonnant
Il nous réchauffe en murmurant
Pas de souci je suis là
La pâte de mes mots repose
Je veille sur elle
Avant qu’elle ne lève
Demain peut-être
J’étirerai je pétrirai
Et sur le feu doux de mes émotions
Doucement je la poserai
Et elle chantera
Je le sais…

Au sommet de nos peurs bétonnées
Doucement
A tâtons
Nous cherchons
Ce vieux bout de brume
Que belle brune
En rêvant a soulevé…
Et comme annoncé hier, voici la cigale et le poète qui ferme le recueil « les amours jaunes »

Le poète ayant chanté,
Déchanté,
Vit sa Muse, presque bue,
Rouler en bas de sa nue
De carton, sur des lambeaux
De papiers et d’oripeaux.
Il alla coller sa mine
Aux carreaux de sa voisine,
Pour lui peindre ses regrets
D’avoir fait — Oh : pas exprès ! —
Son honteux monstre de livre !…
— « Mais : vous étiez donc bien ivre ?
— Ivre de vous !… Est-ce mal ?
— Écrivain public banal !
Qui pouvait si bien le dire…
Et, si bien ne pas l’écrire !
— J’y pensais, en revenant…
On n’est pas parfait, Marcelle…
— Oh ! c’est tout comme, dit-elle,
Si vous chantiez, maintenant !
Tristan Corbière, Les Amours jaunes, 1873
Le poète et la cigale ouvre le seul recueil de Tristan Corbières : « les amours jaunes » en 1873, je vous proposerai demain de découvrir « la cigale et le poète » qui ferme ce même recueil

Le poète ayant rimé,
IMPRIMÉ,
Vit sa Muse dépourvue
De marraine et presque nue :
Pas le plus petit morceau
De vers ou de vermisseau.
Il alla crier famine
Chez une blonde voisine,
La priant de lui prêter
Son petit nom pour rimer.
(C’était une rime en elle.)
Oh ! je vous paierai, Marcelle,
Avant l’août, foi d’animal !
Intérêt et principal.
La voisine est très prêteuse,
C’est son plus joli défaut :
Quoi : c’est tout ce qu’il vous faut ?
Votre Muse est bien heureuse…
Nuit et jour, à tout venant,
Rimez mon nom… Qu’il vous plaise !
Et moi, j’en serai fort aise.
Voyez : chantez maintenant.

Au bord d’une belle nuit
Les ombres bleues des aciers
S’étreignent entre ciel et mer
Les caresses grincent et crissent sous le sel
Je vous aime hauts oiseaux seuls
Aux ports attachés
Je sens vos larmes de rouilles
Elles glissent sur la paume sèche d’une main oubliée

Tout doucement, cargo a glissé.
Houle qui roule l’a poussé.
Sur le sable fin, abattu, s’est posé
Grand corps affalé,
Seul et désarmé,
J’ai mal pour l’animal que tous ont oublié.
Seule la rouille est restée.
Patiemment, il attend la marée
Les premières vagues assoiffées lèchent
Une coque vide et fatiguée.
Seule la rouille est restée.
Le vent cruel s’est apaisé,
Il abandonne sur la plage le navire humilié.
Tas de ferraille désemparé,
Que la mer a licencié.
L’équipage est effacé,
Seule la rouille est restée.
Blessure du métal que l’océan a rongé,
Comme une coupure que les vagues ont creusée.
Seule la rouille est restée.
Cadavre de métal sur le sable échoué,
Pour le bateau blessé,
Larmes salées j’ai versées.

Entre les rides
Des espoirs déçus
Un bouquet de couleur
Une larme bleue
Douce lueur
Sur ces quelques fleurs
Oublie les rires mauvais
Va, cours
Rêve
Creuse là
Oui
Ici
Tout au fond de la poche
Tu trouveras
Les dernières miettes
De l’arbre heureux…

Sur la peau blanche de mes espoirs
J’écris les mots pour demain
Dans un bouquet de rires enfouis
Je trempe ma plume épuisée
Sur le papier au grain glacé
Une boucle aux bords bleutés
Je trace en pleurant
Ces mots que j’aime
Pour toi
Pour nous
Je les lie
Main dans la main
Loin du hier de nos ennuis
Ils s’envolent
A tire d’ailes
Entre les bras du couchant
Regarde-les
Ils s’enfuient
Regarde-les
Nous sommes en vie

Douce paupière
De brume
Se ferme
Sur l’oeil roux
D’un automne
Ivre de lumière

Quel oiseau ivre naîtra de ton absence
toi la main du couchant mêlée à mon rire
et la larme devenue diamant
monte sur la paupière du jour
c’est ton front que je dessine
dans le vol de la lumière
et ton regard
s’en va
sur la vague retournée
un soir de sable
mon corps n’est plus ce miroir qui danse
alors je me souviens
tu te rappelles
toi l’enfant née d’une gazelle
le rêve balbutiait en nous
son chant éphémère
le vent et l’automne dans une petite solitude
je te disais
laisse tes pieds nus sur la terre mouillée
une rue blanche
et un arbre
seront ma mémoire
donne tes yeux à l’horizon qui chante
ma main
suspend la chevelure de la mer
et frôle ta nuque
mais tu trembles dans le miroir de mon corps
nuage
ma voix
te porte vers le jardin d’arbres argentés
c’était un printemps ouvert sur le ciel
il m’a donné une enfant
une enfant qui pleure
une étoile scindée
et mon désir se sépare du jour
je le ramasse dans une feuille de papier
et je m’en vais cacher la folie
dans un roc de solitude

Et j’entrerai dans le rêve d’un oiseau
Il y aura des hommes d’en bas
Qui agiteront leur bras
Je les entendrai me dire qu’ils voudraient me rejoindre
Et je m’endormirai au bord d’un fil mauve

Un souffle
De vie.
Pour longtemps.
Deux sourires,
Soudain.
En format souvenir.
Une joie,
Qui cogne
Aux fenêtres d’un civilisé du retard.
Rapide,
Un regard qui dure.
Deux regards qui tremblent
Et ils comptent
Sur leurs échiquiers intérieurs
Les fous qui leur jouent
Un hymne de mots
Pour un soir
Qui dure
Et ils trouvent ensemble
La route des autres
Et ils s’aiment
Vite

Tu as peur des gens qui passent
Dans ta vie ou sur le trottoir d’en face.
Tu as besoin qu’ils te regardent
Et pourtant tu restes là, sur tes gardes.
Raconte-toi
Raconte-toi
Tu écris aux visages que tu as vus
En quadrichromie à la Une des revues.
Tu leur dis : je te regarde, est-ce que tu me vois ?
Dans le brouillard de ma ville où j’ai si froid.
Raconte-toi
Raconte-toi
Envoie toutes sortes de messages
Aux inconnus et lucioles de passage.
Prends le parti du risque et des erreurs,
Le silence est toujours complice ou trompeur.
Raconte-toi
Raconte-toi
Prends des feuilles 21×27, un stylo,
Une caméra Super 8, un magnéto…
Regarde à l’intérieur de tes rêves et dans les journaux
Toute la folie du monde est dans ton cerveau
Raconte-toi
Raconte-toi

Il fut un temps où certains mots étaient agréables à dire, à prononcer. On les articulait avec délice, tant ils laissaient sur le palais des saveurs agréables. Il faudra peut-être dresser une liste de ces mots qui sont aujourd’hui perdus pour l’écriture.
Je ne parviens plus à apprécier la mélodie de ce mot « confiance ».
Elle était belle cette confiance qu’on se partageait comme un fruit gorgé de soleil, elle était belle cette confiance qui accompagnait toutes les amitiés, qui parfumait les amours, elle était dans le regard bleu de ces enfants que l’on prend par la main, elle était dans la petite flamme vacillante derrière le regard d’un vieux père qui s’éteint, elle était dans l’arc en ciel des sourires de ceux qui ne se sentent pas oubliés. On lui cherchait des rimes de joie, la danse, la chance, la présence, l’alliance.
Mais aujourd’hui l’horloge molle des haines multiples a tourné, et la confiance que j’aimais s’est abîmé dans le marécage des fausses promesses, des phrases creuses, et les rimes qui l’accompagnent sont d’un monde que je ne supporte plus…
10.09.2025

Dans le presque bout
Du pâle gris
D’un lointain matin
Coquin
Câlin
J’ai posé
La belle couleur
Du rire malin

C’était l’heure des sans amis
Penché vers un presque rien
Je voulais prendre ce chemin
Et rêvais d’y rencontrer les hommes
Aux doux regard paisibles
Qui rêvent de lendemains
Aux bords ronds et malins
J’ai marché jusqu’au dernier bout
Lointain
Oh si lointain
Elle était là
Seule et perdue
Vêtue d’une longue trainée de brume
Elle attendait en souriant
Je te savais
Tu le sais
Entre tes larges marges inventées
Je t’avais inventé

Feuille d’automne
Le vent de cette nuit a fait tomber les feuilles.
Nous ne vous verrons plus, feuillages enflammés,
Feuillages enivrés de soleil et d’automne,
Nous ne vous verrons plus, feuilles des peupliers,
Passionnées et pâles, harpes parmi les arbres,
Le vent de cette nuit a fait tomber les feuilles.
Nous ne vous verrons plus, feuilles des châtaigniers,
Flambées et coupées droit comme des fers de lance,
Feuilles des marronniers, sanguines et palmées,
Et vous, feuilles en pluie des bouleaux aux troncs blancs,
Hêtres bariolés comme un tapis persan,
Nous ne vous verrons plus, feuilles au vent tombées.
Voici l’hiver, les arbres noirs, les branches nues…
– Tu as mal regardé, tu ne nous as pas vues ;
En points de duvet gris, en pointe de chair rose,
De nos écorces noires, de nos écorces nues,
Avant que nous fussions tombées, feuilles d’automne,
Nous bourgeonnions déjà tout le long de nos branches,
En pointe de chair rose, en points de duvet gris,
Feuilles du printemps neuf et déjà presque écloses,
Nous qui ne savons pas ce que c’est que mourir.

Il faut rester liés
Peu importe la couleur, la matière, l’âge, ce qui nous lie est plus fort ce qui nous sépare. La haine, les haines qui déferlent aujourd’hui sans aucune limites, sans aucun garde fous me donnent la nausée. Les mots sont abîmés. La pensée n’existe plus. Seul le réflexe compulsif domine. Je n’entends plus que des vociférations. Il nous manque tant celles et ceux qui loin de leurs narcissiques écrans éclairaient les chemins noirs, ( Camus je pense à toi… ).
De ci de là des paroles posées, qui sortent de cette permanente mélasse où tout est confondu : la politique et ses bassesses, l’histoire et ses blessures, et la haine sans limites pour des peuples errants qui souffrent en silence d’être les otages des apprentis sorciers qui occupent et salissent nos espaces de vie…

Dans le silence mou d’un matin bleu
On s’arrête
Là
Dans le plein rêve
D’un monde heureux
On s’arrête
Là
Juste au-dessus du vague soupir
Las
On n’entend plus la douce mélodie
On respire, on espère
On hésite, on appelle
Oh rien
Ou si peu
Juste le mot
Juste un seul
Léger
Goutte à goutte
Rivière l’épelle
On baisse les yeux
Plus un souffle d’air
Tout se fige
Une par une flaques d’eau
S’assèchent
Et sur la surface lisse d’un vague ruisseau
Le temps s’est achevé
Nous ne l’attraperons plus

Si notre vie est moins qu’une journée
Si notre vie est moins qu’une journée
En l’éternel, si l’an qui fait le tour
Chasse nos jours sans espoir de retour,
Si périssable est toute chose née,
Que songes-tu, mon âme emprisonnée ?
Pourquoi te plaît l’obscur de notre jour,
Si pour voler en un plus clair séjour,
Tu as au dos l’aile bien empanée ?
Là, est le bien que tout esprit désire,
Là, le repos où tout le monde aspire,
Là, est l’amour, là, le plaisir encore.
Là, ô mon âme au plus haut ciel guidée !
Tu y pourras reconnaître l’Idée
De la beauté, qu’en ce monde j’adore.

Entre les sombres rides du monde qui s’affaisse
J’écris trois lignes de mots légers
Regarde-les
Ils ne cherchent pas les fausses rimes
Pour amuser les amputés du verbe aimer
Ils ne s’agitent pas sur les pistes de tristes danses
Pour inventer des joies sautillantes
Regarde-les
Ils écoutent les presque silences d’une lettre qui s’achève
Ils se tiennent par la main
Et entendent le souffle d’un rire nouveau
Qui leur chante la douce mélodie
De nos si beaux demains…
8 septembre

Il pleut à seau, il pleut des cordes, il pleut comme vache qui pisse, il tombe des trombes d’eau. Bref il pleut. J’aime beaucoup la poésie qu’engendre la pluie, il y a toujours cette idée du débordement, du torrent, du dégoulinement. Et pour être sincère c’est souvent la vérité. Mais quand la pluie est légère, qu’elle n’est pas un long sanglot désespéré, mais une simple et douce larme qui s’écoule en caressant la joue, on est, me semble-t-il, moins prolixe. Il existe pourtant de belles pluies, douces, fines, caressantes, reposantes. Des pluies qui donnent le sourire quand elles sont attendues, des pluies mélodieuses, qui chantent, qui clapotent, qui cliquettent. Et parfois dans le panier à mot de cette pluie on trouve des paroles heureuses aux rimes pluvieuses…

Pour ce long voyage au pays des bruyants
Il avait commencé une provision de silences
Dans un sac à papier froissé
Quelques trous de mémoire
Sagement attendaient
Il est si bon de ne rien dire
Quand tous sur l’écran tête baissée
Rêvent de participer
Son sac à mots était empli de douceurs
Bondé de rondeurs
Pas un jour ne passait
Sans qu’il n’y plonge la main
Pour déguster un autre demain

Je sais bien que les chemins marchent
Plus vite que les écoliers
Attelés à leur cartable
Roulant dans la glue des fumées.
Où l’automne perd le souffle
Jamais douce à vos sujets,
Est-ce vous que j’ai vu sourire ?
Ma fille, ma fille, Je tremble.
N’aviez vous donc pas méfiance
de ce Vagabond étranger
Quand il enleva sa casquette
pour vous demander son chemin
vous n’avez pas parue surprise
Vous vous êtes abordés comme coquelicot et blé.
Ma fille, ma fille Je tremble
La fleur qu’il tient entre les dents
Il pourrait la laisser tomber
S’il consent à donner son nom
A rendre l’épave à ses vagues
Ensuite quelqu’ aveux maudits
Qui hanteraient votre sommeil,
Parmi les ajoncs de son sang
Ma fille, ma fille Je tremble
Quand ce jeune homme s’éloigna
Le soir mura votre visage
Quand ce jeune homme s’éloigna
Dos vouté front bas et mains vides
Sous les osiers vous êtiez grave
Vous ne l’aviez jamais été
Vous rendra-t-il votre beauté?
Ma fille, ma fille Je tremble
La fleur qu’il gardait à la bouche
Savez vous ce qu’elle cachait père
Un mal pur bordé de mouches
Je l’ai voilé de ma pitié
Mais ses yeux tenaient la promesse
Que je me suis faite à moi même
Je suis folle Je suis nouvelle
C’est vous mon père qui changez.

Dans le bout de cette vie qui résiste
Il y a comme un voile gris
Flamme qui vacille
La peur n’ose plus entrer
Un rideau de larmes
Inutile elle recule
Son temps est passée

Je ne veux plus
De ce silence glacé
Qui roule en pleurant
Sur la mousse verte et ventrue
Des pentes asséchées
Je ne veux plus
De ces fracas de voix
Qui brisent en crissant
Les longues et fines lames
De mes rires boisés

Dans ma boîte à couleurs
Je cherche ce mot qui tinte,
Je le voudrais doux et gai.
Un mot pour apaiser
Un mot pour aimer.
Et sur ma feuille pâle d’ennui,
Ivre de couleurs
Le poserai sans un bruit…

Ces chutes de bois sonore qui ne lui parvenaient pas, il les entendait, de seconde en seconde, dans les battements de son sang; il savait à la fois que, chez lui, il guérirait, et qu’il allait mourir, que sur la grappe d’espoirs qu’il était, le monde se refermerait, bouclé par ce chemin de fer comme par une corde de prisonnier; que rien dans l’univers, jamais, ne compenserait plus ses souffrances passées ni ses souffrances présentes : être un homme, plus absurde encore qu’être un mourant… De plus en plus nombreuses, immenses et verticales dans la fournaise de midi, les fumées des Moïs fermaient l’horizon comme une gigantesque grille : chaleur, fièvre, charrette, aboiements, ces traverses jetées là-bas comme des pelletées sur son corps, se confondaient avec cette grille de fumées et la puissance de la forêt, avec la mort même, dans un emprisonnement surhumain, sans espoir. Les chiens maintenant hurlaient d’un bout à l’autre de la vallée; d’autres, derrière les collines, répondaient; les cris emplissaient la forêt jusqu’à l’horizon, comblant de leur profusion les espaces libres entre les fumées. Prisonnier, encore enfermé dans le monde des hommes comme dans un souterrain, avec ces menaces, ces feux, cette absurdité semblable aux animaux des caves. A côté de lui, Claude qui allait vivre, qui croyait à la vie comme d’autres croient que les bourreaux qui vous torturent sont des hommes : haïssable. Seul. Seul avec la fièvre qui le parcourait de la tête au genou, et cette chose fidèle posée sur sa cuisse : sa main.
Il l’avait vue plusieurs fois ainsi, depuis quelques jours : libre, séparée de lui. Là, calme sur sa cuisse, elle le regardait, elle l’accompagnait dans cette région de solitude où il plongeait avec une sensation d’eau chaude sur toute la peau. Il revient à la surface une seconde, se souvint que les mains se crispent quand l’agonie commence. Il en était sûr. Dans cette fuite vers un monde aussi élémentaire que celui de la forêt, une conscience atroce demeurait : cette main était là, blanche, fascinante, avec ses doigts plus hauts que la paume lourde, ses ongles accrochés aux fils de la culotte comme les araignées suspendues à leurs toiles par le bout de leurs pattes sur les feuilles chaudes; devant lui dans le monde informe où il se débattait, ainsi que les autres dans les profondeurs gluantes. Non pas énorme : simple, naturelle, mais vivante comme un œil. La mort, c’était elle.

Au bout de ces tristes jours gris
Peur sans fin
On nous sert comme refrain
Pour ma rime qui se perd
J’ai plongé dans la pleine lueur
D’un si doux rêve de fleurs

Trois fois rien
Me dites-vous ?
Oui trois fois rien,
Et c’est tout !
Cela suffit pour mon peu de bonheur…
Non vous dis-je !
Ce n’est pas assez,
Vous le regretterez…
Oh non, rien de plus,
Je vous en prie !
Pas de rose,
Plus de mauves,
Laissez les bleus en paix.
Je n’ai besoin que de terres grises
Pour écrire mes rêves bariolés.

Homme de moins que rien
Visage mou
Regard moite
Poisseux d’aigres sueur
Qui s’incruste entre les rires innocents
Homme de moins que rien
Expire le mauvais parfum
De la suffisance des quelques siens
Il était de ces bavards inutiles
Qui encombre les salons
Homme de moins que rien
Creuse en soufflant
Un gras sillon de silences aigris
Ils étaient tant à le suivre
Roses fanées à la boutonnière
Oublieux de ses arrogances
Dans ce monde aux sourires sucrés
Ignobles, infâmes
Ont repris en cœur
L’hymne gris de leurs violences cachées

Il est l’heure de la lumière,
Il me reste un bout de rêve mauve.
Infime miette dans un bol de rire noir,
Laissée là, douce et croquante
Par une nuit rassasiée.
Au creux du silence du matin qui gémit,
J’avance tête baissée,
Tirant sur le long fil de ce songe qui sourit.

Il reste quelques traces de brumes blanches
Sur cette belle page d’un matin bleu
De longues lignes froissées des restes de nuit
Attendent les premiers mots aux odeurs de pain chaud
6 septembre

Dans le fonds asséché de mon puits à rêves bleus
De lourdes pierres noires emplissent le vide de ma page blanche
Mots fleurs, mots ciels, mots vagues
Tous sont écrasés
Ils se tordent le cou pour inventer le chant
Des rimes en rires
Ils se tordent le cou pour s’échapper
De l’humide étreinte du nœud coulant qui les étouffe

En suivant la trace floue d’une histoire d’hier
J’ai glissé sur la flaque du doux présent
A tâtons je marche en riant vers le noir heureux
Où brille l’ombre de tes cheveux
Je souffre de l’oubli des ces presque rien
J’attends serein
J’entends chagrin
Un long soupir sec
Il étale en claquant
Des larmes au bleu coupant
Qui abîment en roulant
Les bords mous du chemin des gisants

J’ai tenté l’impossible ascension
Vers la cime d’une mémoire abîmée
Lisse est la paroi surprise
Pas un qui ne veut
Glisse
Plus un qui ne peut
Glisse
Elle était belle cette histoire
J’ai suivi ses lourdes traces
Jusqu’aux neiges racontées

Stance galante
Souffrez qu’Amour cette nuit vous réveille ;
Par mes soupirs laissez-vous enflammer ;
Vous dormez trop, adorable merveille,
Car c’est dormir que de ne point aimer.
Ne craignez rien ; dans l’amoureux empire
Le mal n’est pas si grand que l’on le fait
Et, lorsqu’on aime et que le coeur soupire,
Son propre mal souvent le satisfait.
Le mal d’aimer, c’est de vouloir le taire :
Pour l’éviter, parlez en ma faveur.
Amour le veut, n’en faites point mystère.
Mais vous tremblez, et ce dieu vous fait peur !
Peut-on souffrir une plus douce peine ?
Peut-on subir une plus douce loi ?
Qu’étant des coeurs la douce souveraine,
Dessus le vôtre Amour agisse en roi ;
Rendez-vous donc, ô divine Amarante !
Soumettez-vous aux volontés d’Amour ;
Aimez pendant que vous êtes charmante,
Car le temps passe et n’a point de retour.
1666

Tu t’es pris les pieds dans le lourd tapis de la nuit,
Assis au bord de ton lit
Entre tes mains, ta tête tu as pris.
Souviens-toi, nous étions vivants,
Tu riais, je parlais, insouciant.
Sur nos lèvres séchées par le vent,
Dansaient les mots taquins,
Sautillaient les mots malins,
Coulaient les mots chagrins.
Dans un coin reculé,
De notre hier oublié,
Je t’entends, je te vois, tu es resté.

En suivant la trace floue d’une histoire d’hier
J’ai glissé sur la flaque du doux présent
A tâtons je marche en riant vers le noir heureux
Où brille l’ombre de tes cheveux
Je souffre de l’oubli des ces presque rien
J’attends serein
J’entends chagrin
Un long soupir sec
Il étale en claquant
Des larmes au bleu coupant
Qui abîment en roulant
Les bords mous du chemin des gisants

Non, non, pitié,
Pas aujourd’hui,
Je vous en supplie,
Mon rire s’est enfui.
Pas de jeu de mots,
Pas de rimes en i.
N’insistez pas, je vous le dis.
Comment ?
Dommage, me dites-vous ?
Vous aviez de bons mots ?
Eh bien tant pis,
Je cède, allons-y !
Je n’en prendrai qu’un :
Je le veux bref et poli.
En avant mon ami,
Je suis tout ouïe.
Par quoi commencerez-vous ?
Comment par i ?
Paris ?
Malheur,
C’est bien ce que je dis,
Comment, que me dites-vous ?
Ce que je dis ?
Ce que je dis,
C’est jeudi…
Vivement vendredi…

La musique souvent me prend comme une mer !
Vers ma pâle étoile,
Sous un plafond de brume ou dans un vaste éther,
Je mets à la voile ;
La poitrine en avant et les poumons gonflés
Comme de la toile,
J’escalade le dos des flots amoncelés
Que la nuit me voile ;
Je sens vibrer en moi toutes les passions
D’un vaisseau qui souffre ;
Le bon vent, la tempête et ses convulsions
Sur l’immense gouffre
Me bercent. D’autres fois, calme plat, grand miroir
De mon désespoir !

Sur le tableau noir de mes désirs d’écriture
J’ai tracé quelques lettres de brumes
Des mots bleus se sont envolés
A tire ligne jusqu’au bord d’une blanche feuille
Que j’avais attendue
Une phrase est là, en suspens
Une autre aussi qui l’attend
Je les regarde heureux
Elle se sont aimées
Avec mon consentement

Je voudrais une fête étrange et très calme
avec des musiciens silencieux et doux
ce serait par un soir d’automne un dimanche
un manège très lent, une fine musique
Des femmes nues assises sur la pierre blanche
Se baissent pour nouer les lacets des enfants
Des enfants en rubans et qui tirent des cerfs-volants blancs
Les femmes fredonnent un peu, leur tête penche
Je voudrais d’éternelles chutes de feuilles
L’amour en un sanglot un sourire léger
Comme on fait entre ses doigts glisser des herbes
Des femmes calmement éperdues allongées
Des serpentins qui voguent comme des prières
Une danse dans l’herbe et le ciel gris très bas
lentement. Et le blanc et le roux et le gris et le vert
Et des fils de la vierge pendent sur nos bras
Et mourir aux genoux d’une femme très douce
Des balançoires vont et viennent des appels
Doucement. Sur son ventre lourd poser ma tête
Et parler gravement des corps. Le jour s’en va
Des dentelles des tulles dans l’herbe une brise
Dans les haies des corsages pendent des nylons
Des cheveux balancent mollement on voit des nuques grises
Et les bras renvoient vaguement de lourds ballons

Lorsque j’écris, sur le papier, avec un stylo-bille des plus commun, je ressens très fort la sensation de l’écriture. C’est un acte physique, qui laisse des traces. Et je me souviens alors de cette toute première phrase que j’avais écrite il y a quarante trois ans lorsque je décidai d’écrire un roman, mon premier roman, première pierre d’un chantier qui ne s’est jamais fermé, même dans les pires moments, ceux où l’inspiration est ballottée dans les intempéries de la vie.
Je me souviens, j’avais 19 ans et j’écrivais : « J’ai la tête qui bourdonne, les mains moites. Mes jointures gardent en mémoire les arêtes du stylo. »
En ce moment, presque tous les soirs mes doigts gardent en mémoire les arêtes de mon stylo.

Dans un dernier sursaut une nuit de pleine pluie
Etale ses restes d’humides gris
Le soleil entre sur la pointe des pieds
Ce spectacle de molles vapeurs ne l’inquiète pas
Fier, il hausse les épaules
« Pour qui me prends-tu sombre matin
Tu le sais depuis tant de temps
Rien n’arrête mes troupes colorées… »
2 septembre

Un jour je prendrai le risque de ne rien dire
Pour être invité à la table du silence
On prendra un verre ou deux
Cocktail de brumes
Et on ne parlera pas
Pour s’entendre mieux

Fracture du soleil
Hier j’épousai le vaisseau neuf
seconde après seconde
fracture du soleil
nous armés de poinçons
faisions de petits trous dans la mer
aux longues lieues
comme des virgules.
Aujourd’hui les galets au coeur
j’étincelle
quelle veine à mon poignet
bat
et
le rejoindra ?
« Les fenêtres bleues »