Poèmes de jeunesse : « la révolte »

La révolte était devenue

Une autre décoration de combats intellectuels

Pour le snobisme

De ceux qui flirtaient avec l’angoisse

Du pauvre

Qu’ils achetaient

Chez les bradeurs d’inhumanité

Qui vendent

Du sourire aux enchères du sentiment

Et qui cultivent des jardins d’utilité

Des jardins de pitié

Pour le botin du beau monde

Qui pissent leur ba ba quotidien

En rotant la nuit qu’ils ont volée

Aux autres

Aux angoissés

Aux vrais

L’uniforme de leur porcherie

Leur fait peur

Parce qu’ils se sentent loin

Parce qu’ils se sentent loin

Alors ils trichent

Ils se déguisent

Ils prostituent la vérité

En l’obligeant à coucher

Avec ceux qui l’ont déjà tuée

En l’oubliant

Ils s’écologisent le dimanche

En se confessant à la rivière

Qu’ils assassinent à petites semaines

Mais y savent pas

Eux ils comptent

Eux ils produisent…

Juin 1980

Tu t’en foutais d’être né : fin

Tu devrais plus souvent être seul

T’es trop souvent avec lui

Il est tricheur

Parce qu’il perd souvent

Quand il veut

Il est frimeur

Parce qu’il a toujours peur

Parle lui

Dis lui qu’on le vire

Dis lui qu’il ne se correspond pas

Qu’il est autre

Comme ceux qu’il a créés

Comme ceux qu’il a jugés

Dis lui qu’il est dépassé

Mais lui il s’en fout

Il le sait

Mais il faut s’aider

Parce qu’on est rien

Parce qu’on ne peut entendre sa raison

Parce qu’on ne peut attendre que ça passe

De toute façon demain tu seras écrasé par un tramway

Tu peux être peureux

De supposer

Que finalement t’es pas là pour rien

Tu sais que l’unique ne peut exister

Sinon chez les théoriciens

Masturbateurs de cerveaux

Sinon chez les jardiniers

Du sentiment des autres

Tu ne peux pas passer ta vie à imaginer l’homme

Sans savoir s’il existe réellement

Comme les autres

Tu ne peux pas passer ta vie

A t’imaginer

Dans ton rêve

Sans savoir s’il est tien

Sans savoir s’il est réalité

Sauf peut-être pour d’autres

Pour elles

Pour eux

Veux tu encore construire de l’amour

Parce que c’est un jeu entre deux fous

Parce qu’on invente des règles

Parce qu’on recommence

Toujours les mêmes règles

Mêmes conneries

Jamais le même prudent

Jamais le même perdant

Et de toute façon demain tu seras écrasé par un tramway

On dirait que tu cours après ceux qui te fuient

Parce qu’ils ont vu l’image

Parce qu’ils ont tourné la page

Parce qu’ils s’en foutent

Et toi tu t’essouffles à espérer

Quelquefois

Suicide toi

Meurs un peu

Fabrique toi une fin

Les yeux fermés

Sans les autres parce tu aurais peur

De toute façon demain tu seras peut-être écrasé par un tramway

Tu t’es peut-être trompé

Tu veux peut-être te lever de ton lits de songes

Qu’est ce que tu attends pour enfin distribuer ton portrait

Sans le faire payer au prix de tes mots d’avenir

Qu’est ce que tu attends pour te raconter

A ton auteur

Sans te mettre à trembler

Tu touches la vie

Comme celle que tu aimes

Tu veux la faire aimer

Tu veux qu’elle te réponde

Mais elle se tait

Parce qu’elle s’en fout

Parce qu’il est trop tard

Et toi t’es pas d’accord

Alors tu continue

Parce qu’autrement tu te ferais écrasé par un tramway.

Tu t’en foutais d’être né : -3-

…T’es sûr qu’aimer n’est pas original

C’est peut-être le mot qui pue

Mais t’es sûr d’autre chose

Parce que tu le cherches

Tu en parles pourtant

Comme les autres

Mais tu t’en fous

Ou tu fais semblant

Comme les autres

De toute façon demain tu seras écrasé par un tramway

On dirait que t’as peur

De ne plus pouvoir te taire quand t’es triste

Et pourtant tu ris derrière ton enterrement

Tu ris

Et les autres savent pas

Que tu trembles

Pour qui t’a tué

Pour qui t’a oublié

Tu trembles

Et les autres croient qu’il n’y a qu’une réalité

Celle de l’utile apparence

Et pourtant tu voudrais leur dire

Et pourtant tu voudrais craquer

Mais tu ne dis rien

Parce que t’as peur

Parce que tu attends

Parce que tu attends la fin de ton rêve

Heureux tu l’as trouvé

Et c’était pas mieux

Tu veux revenir au début

Parce que tu hais les fins

Qui n’existent pas

Tu veux revenir au début

Pour que les autres sachent

Qu’il y a autre chose

Que tu l’as trouvé

Déjà tu vas plus vite

Que ton rêve

Je crois que tu vas laisser tomber

Pas les autres

Eux aussi ils cherchent

Ils te croisent

Vite

Toujours le rêve

Ils sont ailleurs

Tu les fais tien

Et tu les oublies

Ils sont autres

Poèmes de jeunesse : tu t’en foutais d’être né -2-

…Et pourtant on sent que t’as peur

Pour elle

Du silence

De ses questions sans secrets

Et pourtant elle ne veut rien te dire

Et pourtant elle tue tes rêves

Et pourtant elle te tue

Parce que tu ne dis rien

Parce que tu parles avec celle qui est en toi

Parce qu’elle n’est pas celle là

Parce que c’est déjà une autre

Parce qu’elle est déjà dans le rêve d’un plus étrange que toi

Et toi tu parlais avec ton rêve

Et tu t’en foutais d’être né

Tu vois la réalité

Alors tu ne dis rien

Parce que t’as peur

Parce que tu sais qu’elle s’est échappée

Parce que tu t’es trompé

T’as encore peur

T’es un peu paumé

Je crois que tu finiras par comprendre

Que les autres t’oublieront

Parce que tu n’es que toi-même

Parce que tu n’es qu’un autre

Tu n’es que l’infime particule

D’un sentiment qui appartient

A ceux que tu n’as pas revus

A ceux qu tu n’as pas prévus

Tu veux pas réussir

Comme les autres

T’es sûr qu’il y a mieux

T’es sûr de trouver

T’es sûr qu’aimer n’est pas original

Poèmes de jeunesse : « Tu t’en foutais d’être né… » -1-

Un nouveau texte, très long celui ci aussi, écrit entre 1978 et 1979, je le publierai en plusieurs fois : son titre « tu t’en foutais d’être né… »

Tu t’en foutais d’être né

Dis tu t’en foutais

Tu rêvais pas

Ou tu t’en souviens pas

Et maintenant t’as peur

T’as peur

Et tu sais pourquoi

Le chaque jour de ta vie

Est un bagne de rêves

Et tu veux pas t’évader

De toute façon demain tu seras écrasé par un tramway

Sors du foetus

Arrête de dire que t’es né

Pour ta liberté

Comprends qu’ils t’ont condamné

Comprends que le code t’a accouché

Pour que les lois puissent t’élever

T’en avais pris pour une vie

Et t’as cru t’échapper

T’as failli tout perdre parce que t’as cru être le plus fort

Arrête de dire que les autres ont tort

Parce qu’ils déracinent ton arbre de vérité

Arrête de conjuguer les autres à la troisième personne

Arrête de te déchirer sur leur indifférence

Criminelle

Un jour peut-être on parlera de toi au futur

Un jour peut-être…

Poèmes de jeunesse: regards..

Un souffle

De vie.

Pour longtemps.

Deux sourires,

Soudain.

En format souvenir.

Une joie,

Qui cogne

Aux fenêtres d’un civilisé du retard.

Rapide,

Un regard qui dure.

Deux regards qui tremblent

Et ils comptent

Sur leurs échiquiers intérieurs

Les fous qui leur jouent

Un hymne de mots

Pour un soir

Qui dure

Et ils trouvent ensemble

La route des autres

Et ils s’aiment

Vite

Poèmes de jeunesse :  » à toi.. » deuxième partie

Mais on y croit encore

Parce que l’unique s’immobilise

Parce que la règle est identique

Parce que les textes gravent leurs mots

Pour s’en souvenir

Et pour que les autres disent

Qu’ils ont bu

Une autre chose

Une autre dose

Qui oublie le hasard

Du verbe sans sommeil

Qui oublie le remords

Du jour sans soleil

A vanter des histoires

On finit par crever

Alors toi tu t’inventes une mort

Pour les lèvres de celle qui t’écoute

Et tu lui parles d’une autre

Partie pour là-bas

Et elle te tient la main

Parce qu’elle sait que t’as peur

Et toi tu as envie de lui dire

Que tu l’aimes

Parce que c’est vrai

Mais tu as peur

Parce qu’elle est trop proche

Parce qu’elle ressemble trop

Au souvenir

Que tu as voulu oublier

Mais qui appartient aussi à d’autres

A celles que tu n’as pas prévues

Mais que tu arrives à rencontrer

Février 1980

Poèmes de jeunesse : « à toi » première partie

Je reviens avec mes poèmes de jeunesse : en voici un nouveau que je viens de redécouvrir et que je publie en deux parties…

Gueule de vagabond

Esprit moribond

Ton oeil se perd dans ta mémoire

Comme ta larme

A l’horizon de ton regard

S’est noyée

Dans un voyage sans retour…

Partie, finie

Totalité sans remords

Pour un fou qui s’en fout

Dans l’histoire de son rêve

Qui s’étouffe en recherchant

Partie, finie

Jouet d’un regard

Qui dit toujours non

Parce qu’il a peur du champ

Où ils ont cultivé son indifférence

Et où il a disparu

Emporté par une affreuse ressemblance

Avec la mort

Des ceux qui le lui ont dit…

Mais pourquoi

Pourquoi ?

Poèmes de jeunesse :

Il m’en reste encore, que je retrouve de ci, de là…. En voici un, une pépite, écrite en 1981…

La liste de tes dégoûts

Dépassaient l’infini de ta soif

T’ajoutes de la pluie

A tes yeux secs

Ton soleil brillait

Le soir à intervalles réguliers

Entre deux cris de présence

Tu filtrais les paroles

En enfilant les vers

Sur des fils sans bouts

Poèmes de jeunesse…

C’est le soir comme tous les jours,

Un homme se meurt.

Ou il périt noyé dans l’océan

De torture.

Un homme aime ,

Ou il pleure sur sa compagne

Finale .

Point à la ligne.

Un homme naît,

Ou il crie parce qu’il ne connait

Personne.

Pas même un rêve.

Un homme tue

Ou triche contre ses règles

Très propres.

Bien baptisés.

Un homme hurle,

Il a peur.

Alors il écrit,

Tout droit.

Au cœur.

Peut-être….

Novembre 1980

Poèmes de jeunesse : « la révolte »

La révolte était devenue

Une autre décoration de combats intellectuels

Pour le snobisme

De ceux qui flirtaient avec l’angoisse

Du pauvre

Qu’ils achetaient

Chez les bradeurs d’inhumanité

Qui vendent

Du sourire aux enchères du sentiment

Et qui cultivent des jardins d’utilité

Des jardins de pitié

Pour le botin du beau monde

Qui pissent leur ba ba quotidien

En rotant la nuit qu’ils ont volée

Aux autres

Aux angoissés

Aux vrais

L’uniforme de leur porcherie

Leur fait peur

Parce qu’ils se sentent loin

Parce qu’ils se sentent loin

Alors ils trichent

Ils se déguisent

Ils prostituent la vérité

En l’obligeant à coucher

Avec ceux qui l’ont déjà tuée

En l’oubliant

Ils s’écologisent le dimanche

En se confessant à la rivière

Qu’ils assassinent à petites semaines

Mais y savent pas

Eux ils comptent

Eux ils produisent…

Juin 1980

Poèmes de jeunesse : « peut-être… »

Je continue de fouiller mes archives et là, j’ai trouvé ce petit texte sur une feuille volante, écrit à la plume, je pense qu’il date de 1979…

C’est le soir comme tous les jours

Un homme se meurt

Ou il périt noyé dans l’océan

De tortures

Un homme aime

Ou il pleure sur sa compagne

Finale

Point à la ligne

Un homme naît

Ou il crie parce qu’il ne connait

Personne

Pas même en rêve

Un homme tue

Ou triche contre ses règles

Très propre

Bien baptisé

Un homme hurle

Il a peur

Alors il écrit

Tout droit

Au cœur

Peut-être

Poèmes de jeunesse…

Parmi mes nombreux poèmes de jeunesse, il y a en a de très longs comme celui que j’ai publié en plusieurs parties et parfois de très courts comme celui -ci écrit aussi il y a quarante ans

Ailleurs …

Parce que c’était triste sans mensonges

Il était né sur un papier qui attendra la poubelle

Il avait vécu sur une croûte de vie qu’avait produite

L’histoire du malheur de ses frères

Qu’il ne rencontrerait jamais

Parce qu’eux aussi, ils se sentaient si seuls

Qu’ils oublient parfois d’en regarder

Ailleurs…

Poèmes de jeunesse : « dans la nuit d’un samedi stéphanois »

J’ai écrit ce texte il y a quarante ans, avec vraisemblablement comme fond musical, le stéphanois de Bernard Lavilliers, la photo est beaucoup plus récente….

Nuit stéphanoise

Samedi soir

Nouveau départ

Nouvelle chute

Pour une inconnue

De rires

Liquides

Béquilles pour s’éclater

Dans les rues

Des comme nous

Qui traînent leur habitude

De la petite semaine

Qu’ils ont brûlée

Dans des pauvres jeux quotidiens

Qu’ils continuent encore

Parce que c’est bon

Parce que le siècle s’éssouffle

Et ne veut plus d’eux

Ils sont nés pendant l’épidémie

Ils subsistent pendant l’agonie

Alors ils s’en foutent

Ils veulent aller plus vite

Parce qu’autrement

Ils n’auront plus que leur ombre cerceuil

A simuler

On les montre du doigt

Quand ils s’exagèrent

On les ignore quand ils se terrent

Ils traînent tous ensemble

A construire un monde

Qui s’écroule à chaque aurore

Regarde les dans les villes qui s’enterrent

Regarde les dans les villes qu’ils aiment

Par la multitude des autres

Des ceux qui sont comme eux

Regarde les

T’es comme eux

Regarde les….

Poèmes de jeunesse…

Photographie : Alice Nédélec

Des visages creux qui jouent la ressemblance

Sur un air de chaîne à la peur accrochée

Quand je suis ici je voudrais être ailleurs

Parce que je ne vis plus

J’imagine

Si je tombe dans un trou je veux qu’il soit profond

Parce que je ne veux pas vivre au sol

Cloué pour la vie

Février 1981

Poèmes de jeunesse : « coupables : on voté…

La foule l’avait condamné à mourir

Parce qu’il avait tué

Une des brebis

De leur troupeau d’indifférence

Ils aimaient la vie…

Le dimanche en voiture

Dans un cortège funèbre

Qu’ils vénéraient

Parce qu’ils avaient pour jumeau

Ce pays FRANCE

Ils poussaient dans ce jardin

Où les mauvaises herbes

Meurent au napalm

A la balle perdue

Où à la torture cachée

Ils ignoraient que le lendemain

Peut être celui du je t’aime

Pour eux

Il était celui du rêve électrisé

Qu’ils croyaient avoir eu

Ils faisaient l’amour

Comme on achète le journal

Bonjour

Merci

Il fait beau

C’est tout

Ils disent aimer un enfant

Parce qu’à Noël

Ils le font légionnaire

Ou infirmière

Parce qu’il le brûle

Sur une plage quand vient l’été

Institutionnelle

Ils le grille

Côté face, côté pile

Côté cœur

Ils ont peur

Ils ont du fric

Ils ont peur

Ils ont le flic

Et toi t’es mort

Pour eux…

Mai 1979

Poèmes de jeunesse…

Parmi mes nombreux poèmes de jeunesse, il y a en a de très longs comme celui que j’ai publié en plusieurs parties et parfois de très courts comme celui -ci écrit aussi il y a quarante ans

Ailleurs …

Parce que c’était triste sans mensonges

Il était né sur un papier qui attendra la poubelle

Il avait vécu sur une croûte de vie qu’avait produite

L’histoire du malheur de ses frères

Qu’il ne rencontrerait jamais

Parce qu’eux aussi, ils se sentaient si seuls

Qu’ils oublient parfois d’en regarder

Ailleurs…

Poèmes de jeunesse : suite et fin

Je termine aujourd’hui la publication de ce très long texte, commis il y a plus de quarante ans et auquel j’avais donné le titre ronflant de  » Avant que ne meurent les victoires écorchées… »

Avant que ne meurent les victoires écorchées

Avant que ne s’entendent les discours du hasard

Tu regardes

Pour savoir

Pour l’espoir

Dans la foule pas un qui ne bouge

Pas un qui ne songe à remuer son poids de graisse

Alphabétique

Pas un qui n’oublie son anonymat

Pas un qui n’épèle son nom

Pas un pour croire qu’il y autre chose

Au dessus d’eux

Pas un qui n’ait un visage qui se reconnaît

Parce que tous attendent le lendemain

Qui suivra leur journée d’adoption

Qui passe en les tuant

Par paquets de minutes

Qu’ils ont volés à la pendule de ceux qui veulent pas

Mais qui sont morts

Pour l’instant ils ne marchent pas

Ils avancent

Mécaniques amnésiques

D’un mot qui revient

Sur toutes les lèvres pincées

Des ceux qu’on dit gagnants

Alors toi t’as plus que tes amis

Derrière d’autres fenêtres

Alors tu te dis que les leurs vont s’ouvrir

Et t’entends déjà le frémissement d’une autre foule

La foule aux visages ouverts

Alors tu joues une dernière fois à perdre l’espoir

Pour accroître ta haine

Pour que ton amour pousse

Au rythme des humains

Tu t’en fous que les fusils

Soient les croix des cimetières

Parce que toi tu veux te mettre à la fenêtre

Sans avoir la face éclaboussée

Par une flaque de calamité

Parce que toi tu veux revenir de ton voyage

Avec pour tout bagage

Le seul mot que tu auras rencontré

Parce que toi tu veux voir ce que tu as choisi

Voir deux amis se rencontrer

Voir deux années se raconter

Voir ou les hommes pleurent de joie

Voir où les enfants rient

D’avoir trop pleuré

Ailleurs

Voir les chefs mourir

Voir la beauté sans miroir

Voir des sourires sans bénéfices

Voir

Tout voir

Te voir

Novembre 1979

Poèmes de jeunesse : suite

Avant que ne s’entendent les victoires écorchées

Avant que ne meurent les discours du hasard

Toi t’entends déjà

Les pas de la ville

Qui résonnent aux fenêtres

Des fils sans drapeaux

Le pas fasciste de la ville

Le pas creux de ceux qui t’étouffent

En vainqueur

Alors t’as peur

T’as peur parce-qu’on t’a dit

Que tu étais foutu

T’as peur et pourtant tu disais que tu voulais pas finir

Ainsi

Comme les autres

Ceux qui sont en bas

Et toi tu dis que ça ne recommencera pas

Qu’on y reviendra

Mais ils t’ont bouffé ton présent

Alors n’y crois plus

Parce que les autres ont réussi

T’étais tant sûr de toi

Quand tu leur disais qu’ils avaient tort

Mais toi tu travaillais sans filet

Et les autres ils sont en bas

Ils attendent que tu te casses la gueule

Déjà tu commences à te lamenter

Dans le musée de ton angoisse

Aïeul de ton soupir de haine

Tes yeux ne sont plus des fenêtres

Ils sont déjà des barreaux sanglants

Sur des fentes qui se ferment

Tes mains ne sont plus des amies pour celles des autres

Ce sont déjà des armes pour ceux qu’ont les bottes

Tu sens déjà ta bouche pourrir

A s’attarder sur leurs mots de pierre

Que leur construisent des temples d’enfer…

Poèmes de jeunesse, suite…

Avant que ne s’entendent les victoires écorchées

Avant que ne meurent les discours du hasard

Toi t’entends déjà

Les pas de la ville

Qui résonnent aux fenêtres

Des fils sans drapeaux

Le pas fasciste de la ville

Le pas creux de ceux qui t’étouffent

En vainqueur

Alors t’as peur

T’as peur parce qu’on t’a dit

Que t’étais foutu

T’as peur et pourtant tu disais que tu voulais pas finir

Ainsi

Comme les autres

Ceux qui sont en bas

Et toi tu te dis que ça ne recommencera pas

Qu’on y reviendra

Mais ils t’ont bouffé ton présent

Alors n’y crois plus

Parce que les autres ont réussi

T’étais tant sûr de toi

Quand tu leur disais qu’ils avaient tort

Mais toi tu travaillais sans filet

Et les autres ils sont en bas

Ils attendent que tu te casses la gueule

Déjà tu commences à te lamenter

Dans le musée de ton angoisse

Aïeul de ton soupir de haine

Tes yeux ne sont plus des fenêtres

Ils sont déjà des barreaux sanglants

Sur des fentes qui se ferment

Poèmes de jeunesse : suite..

…T’aurais voulu la mort

Qui tuera les blessures de ta croûte sénile

Parce qu’à force de vouloir t’éviter

Tu finiras par te condamner

Au repos ahurissant

Des travaux forcés

Du bagne de la ville qui étouffe

Les ceux qu’on dit poète

Avant que ne s’entendent les victoires écorchées

Avant que ne meurent les discours du hasard

Tu devrais réapprendre le regard

Qui fait avouer le vrai

Pour partir loin d’ici

Dans un rêve qui ne finit jamais

Partir sans visage

Amnésique

Voyager dans le creux de la vague

Que forment les désespoirs

De ceux qui restent

Parce qu’ils veulent pas

Voyager sur le trottoir d’en face

Où l’histoire s’est faite avec ces foutus

Que t’as failli rencontrer

Tu devrais voyager avec ceux que les autres oublient

Parce qu’ils sont habillés de refus

Tu devrais connaître le paysage de leur mort

Le labyrinthe de leur vie

Pour qu’eux aussi ils sachent

Que t’as peur

Que t’as peur quand t’es suivi

Par ceux qui fusillent

Les habitués de l’ombre de l’histoire

Mais il est trop tard

Poèmes de jeunesse : suite,

Je continue la publication de ce très long ( trop…) poème écrit il y a quarante ans. Pour en permettre une lecture sans coupure j’ai créé une nouvelle catégorie ajoutée au menu, avec le titre suivant :  » les victoires écorchées… »

…Tu te dis que ça fait déjà longtemps

Que tu ne sais plus lui parler

T’as fini par croire que tu t’étais trompé

T’as fini par vouloir accepter

Que c’était un jeu perdu d’avance pour toi

Et puis t’as reculé

T’as refusé d’y croire

T’as recommencé

Et on dirait que t’as plus peur

Et déjà t’attends

T’attends la proclamation d’une mort générale

Pour ceux qui obéissent

Et qui disent qu’ils sont seuls

T’écoutes la plainte du nombre

De ceux qui pourrissent de honte

Parce qu’ils ont perdu la force d’aimer

Et de recommencer

Avant que ne s’entendent les victoires écorchées

Avant que ne meurent les discours du hasard

T’aurais voulu te raconter

Parce que t’as entendu dire

Que quelqu’un finirait par parler

De ceux que tu détestais

T’aurais voulu leur parler

Pour leur dire qu’ils existent

Pour leur dire qu’ils subsistent…

Poèmes de jeunesse, suite….

…Tu devrais oublier les autres

Parce qu’ils ont leur ombre

Parce que tu as la tienne

On t’a dit que tu étais né

Comme les autres

Et toi tu joues au différent

Parce que tu sais que tu n’es rien

Parce que tu connais la mort

Tu l’as découverte

En l’église des paumés de l’angoisse

Où l’on ne prie pas

Mais où l’on crie qu’on a peur

Dans ce bal costumé qui n’en finit jamais

Il faut que tu assistes à la messe

Des ceux qui sont condamnés à attendre le verbe

Pour soupçonner le vrai

Ils te rajeuniront de ceux que tu ignores

Parce qu’ils savent eux aussi

Que tu les as trouvés

Avant que ne s’entendent les victoires écorchées

Avant que ne meurent les discours du hasard…

Poèmes de jeunesse, suite…

Avant que ne s’entendent les victoires écorchées

Avant que ne meurent les discours du hasard

Tu pourrais écrire des tragédies larmoyantes

Symptômes de vie

Paresseux mensonges d’une fausse mélancolie

Tu te portes au secours d’une angoisse

Qui s’agglutine

Par plaques de paumés

Sur les regards de ceux qui naviguent

Sans tickets

Tu devrais partir sans clefs

Pour nulle part

Et pour que si tu te perds

Tu saches où aller

Tu devrais être l’instant l’instant présent

Et qui passe plus vite qu’on l’oublie

Tu devrais écrire un poème

Où la rime qui s’entend

Est un baiser qu’on espère…

Poèmes de jeunesse : suite…

J’avais 21 ans….

…Apprends à attendre

L’heure qui passe et qui suit l’autre

Sans lui ressembler

Parce qu’elle est encore plus leste

Je crois que t’as peur de finir comme les autres

Tu voudrais tant que deux plus deux

Puissent s’étonner

Tu voudrais que les indifférents brûlent

Chaque fois que tu prononces le mot

Aimer

Tu voudrais dire à ceux qui partent

Que de toute façon ils ne renoncent à rien

Parce qu’ils rencontreront des gens là-bas

Qui veulent partir ailleurs

Pour ne pas mourir d’une overdose de solitude

Tu voudrais prendre le train

Qui va vers une gare où la pendule

Est sans aiguilles

Parce que le chef de gare est souriant

Avant que ne s’entendent les victoires écorchées

Avant que ne meurent les discours du hasard…

Poèmes de jeunesse : suite.

…Tu te surprends

Pleurant l’attente

Du troubadour jouant le désir

Sans aumône

T’entends déjà le fourmillement d’une foule

Qui arrive par paquets de bottes

Tu te soulignes à grands traits de rencontres

Avec des fossoyeurs d’esprit littéraire

Alors tu crois oublier les bottes

Parce qu’elles sont derrière la porte

De celui qui t’ouvre les yeux

Avant que ne s’entendent les victoires écorchées

Avant que ne meurent les discours du hasard

Sois sur que t’as aimé

Pour que le jour où tu animeras ton absence

Les suicidés de l’ennui

N’oublient pas que tu étais avec eux..

Poèmes de jeunesse : suite…

A grands coups d’épithètes vainqueurs des armateurs du silence

T’as vendu ta folie à un colporteur de passage

Qui soufflait des mensonges

Il ne te reste plus que ta citoyenneté ombilicale

Pour motif de mort

A force de vouloir subsister tu t’es pendu

Avec une corde de similitude

T’as pris au piège de ton histoire un mot de ton invention

Et il est devenu compagnon d’une dernière passion qui te dispersera.

Avant que ne s’entendent les victoires écorchées

Avant que ne meurent les discours du hasard

Tu t’inventes une bouche

Fleur pleine

D’assoiffés aux peurs qui survivent…

Mes poèmes de jeunesse…

Un très long texte écrit entre 1979 et 1980 , je le publierai par petits bouts..

Avant que ne s’entendent les victoires écorchées,

Avant que ne meurent les discours du hasard,

Tu t’inocules dans les veines un poison qui n’existe pas

Sinon pour ceux qui peuvent en souffrir.

Tu vois des chefs piétinant des pelouses d’enfants

Avec un artiste à leur trousse,

Pour que leurs morts s’ajoutent.

Tu insultes la silhouette d’un muscle

D’institutions barbelées

Qui sert d’ombre à des gladiateurs de cirques kakis.

T’ajoutes ta larme à celle du clown au chômage.

Tu espères toujours la parole à ceux qui ont peur,

Parce qu’elle les trompe,

De sourires en sourires,

Passés à boucher des trous d’obscurité.

Mes poèmes de jeunesse…

Lorsque j’ai décidé d’ouvrir une nouvelle rubrique en publiant de très vieux textes, la plupart ont plus de quarante ans j’ai été tout autant frappé par les maladresses et les envolées lyriques que par la « permanence » du style…

Ecoute,

Ca craque petite

Ecoute,

Ca bouge.

Arrête de rire petite

Ecoute.

Tout tremble,

Tout se désespère.

Vent de panique,

Regarde petite,

Regarde !

Année 1977…

Poèmes de jeunesse. « Peur d’écrire »

J’ai retrouvé ce très court texte, écrit fin 1980, qui exprime comme souvent après une période de disette, cette peur d’écrire, de reprendre la plume

J’ai peur d »écrire,

Comme si l’autre poésie,

Celle qui dort,

Là ,

Fière sur le papier

Allait porter un jugement

Sur la nouveauté.

J’ai peur et mes mots

En transpirent

A quand le passé décomposé ?

Décembre 1980

Poèmes de jeunesse :  » à toi.. » deuxième partie

Mais on y croit encore

Parce que l’unique s’immobilise

Parce que la règle est identique

Parce que les textes gravent leurs mots

Pour s’en souvenir

Et pour que les autres disent

Qu’ils ont bu

Une autre chose

Une autre dose

Qui oublie le hasard

Du verbe sans sommeil

Qui oublie le remords

Du jour sans soleil

A vanter des histoires

On finit par crever

Alors toi tu t’inventes une mort

Pour les lèvres de celle qui t’écoute

Et tu lui parles d’une autre

Partie pour là-bas

Et elle te tient la main

Parce qu’elle sait que t’as peur

Et toi tu as envie de lui dire

Que tu l’aimes

Parce que c’est vrai

Mais tu as peur

Parce qu’elle est trop proche

Parce qu’elle ressemble trop

Au souvenir

Que tu as voulu oublier

Mais qui appartient aussi à d’autres

A celles que tu n’as pas prévues

Mais que tu arrives à rencontrer

Février 1980

Poèmes de jeunesse : « à toi » première partie

Je reviens avec mes poèmes de jeunesse : en voici un nouveau que je viens de redécouvrir et que je publie en deux parties…

Gueule de vagabond

Esprit moribond

Ton oeil se perd dans ta mémoire

Comme ta larme

A l’horizon de ton regard

S’est noyée

Dans un voyage sans retour…

Partie, finie

Totalité sans remords

Pour un fou qui s’en fout

Dans l’histoire de son rêve

Qui s’étouffe en recherchant

Partie, finie

Jouet d’un regard

Qui dit toujours non

Parce qu’il a peur du champ

Où ils ont cultivé son indifférence

Et où il a disparu

Emporté par une affreuse ressemblance

Avec la mort

Des ceux qui le lui ont dit…

Mais pourquoi

Pourquoi ?

Poèmes de jeunesse :

Il m’en reste encore, que je retrouve de ci, de là…. En voici un, une pépite, écrite en 1981…

La liste de tes dégoûts

Dépassaient l’infini de ta soif

T’ajoutes de la pluie

A tes yeux secs

Ton soleil brillait

Le soir à intervalles réguliers

Entre deux cris de présence

Tu filtrais les paroles

En enfilant les vers

Sur des fils sans bouts

Poèmes de jeunesse :

Il m’en reste encore, que je retrouve de ci, de là…. En voici un, une pépite, écrite en 1981…

La liste de tes dégoûts

Dépassaient l’infini de ta soif

T’ajoutes de la pluie

A tes yeux secs

Ton soleil brillait

Le soir à intervalles réguliers

Entre deux cris de présence

Tu filtrais les paroles

En enfilant les vers

Sur des fils sans bouts

Poèmes de jeunesse : cri…

C’est en 1982 que j’ai écrit ce texte, j’étais alors appelé du contingent, je n’en pouvais plus des trains de bidasses et du comportement bestial de mes congénères dés qu’une fille, une femme, passait dans le champ de leurs regards… Il semble me souvenir que c’est à cette occasion que j’ai écrit ce texte….

« Le cri de Munch »

Attachés à un poteau de médiocrité

C’est ainsi que je vous vois

Miroir sans teint de ma propre haine

Vous avez dans la bouche

Un coton de couleur gris foule

Et c’est moi qui vous étouffe

Quand vous subsistez

Dans l’encore

Et pour le toujours

Du pourri qui vous entoure

Crevez vous dis-je

Je n’ai pas de honte à vous ignorer

Votre laideur c’est tout ce qui se sent

Quand on a le cœur entre parenthèses

C’est de vous rendre au tiercé

De beloter

De roter

Un doigt dans le nez

Et l’autre pour crever l’œil

De cette fausse pauvreté

Qui vous gratte le dos

Vous puez le nouveau-né

Et pourtant vous êtes armés

De cette virilité costumière

Que vous tenez

Chien en laisse, obéissant….

Votre virilité il faut qu’elle se soulage

Dans le ventre d’une aveugle du samedi soir

Vous videz

Et vous frappez

C’est le seul orifice

D’où s’échappe

L’engrais fétide de votre personnalité

Amputée d’humanité

Elle se contente de l’odeur de la chair

Cruelle

Dans vos têtes

Des marionnettes sans yeux ni coeur…

Pouvoir

Dans les leurs

Dans les celles de ceux qui ne veulent pas rêver

Des ceux qui se disent que l’enfance n’est pas un handicap

Il y a la peur

La haine

Et l’amour….

Poèmes de jeunesse…

Parmi mes nombreux poèmes de jeunesse, il y a en a de très longs comme celui que j’ai publié en plusieurs parties et parfois de très courts comme celui -ci écrit aussi il y a quarante ans

Ailleurs …

Parce que c’était triste sans mensonges

Il était né sur un papier qui attendra la poubelle

Il avait vécu sur une croûte de vie qu’avait produite

L’histoire du malheur de ses frères

Qu’il ne rencontrerait jamais

Parce qu’eux aussi, ils se sentaient si seuls

Qu’ils oublient parfois d’en regarder

Ailleurs…

Poèmes de jeunesse : « manifeste anti-poéteux »

J’ai longtemps hésité avant de publier ce texte, retrouvé dans mes poèmes de jeunesse, c’est l’un des plus vieux encore en vie. Et puis finalement depuis que j’assiste aux séances du tribunal académique, je me dis qu’il peut passer….

Qu’un jour l’automne

Saison des romantiques de musée

Se déclare aussi puant que le printemps

Qu’un jour les violons

Qui hurlent de chagrin

Se foutent de notre gueule

Qu’un jour au moins

La rose dise qu’elle en marre

D’être cueillie pour la fille qu’on espère,

Qu’un jour la nuit

Rote à la gueule des esprits crotteux

Qu’un jour la colombe

Pisse contre les barreaux du prisonnier

Qu’un jour les mots arrêtent de s’épouser

Sans leurs consentements

Q’un jour on cesse de tricher

Qu’un jour on oublie la morale des vers

Qu’un jour on oublie Victor, Charles, Paul

Et les autres

Q’un jour on se regarde

Q’un jour on se le dise

Ou qu’on l’écrive

Alors on sera poète

Février 1979

Poèmes de jeunesse : « Avant que, 2″…

Avant que ne s’entendent les victoires écorchées
Avant que ne meurent les discours du hasard
Tu t’inventes une bouche
Fleur pleine
D’assoiffés aux peurs qui survivent…
…Tu te surprends
Pleurant l’attente
Du troubadour jouant le désir
Sans aumône
T’entends déjà le fourmillement d’une foule
Qui arrive par paquets de bottes
Tu te soulignes à grands traits de rencontres
Avec des fossoyeurs d’esprit littéraire
Alors tu crois oublier les bottes
Parce qu’elles sont derrière la porte
De celui qui t’ouvre les yeux

Poèmes de jeunesse : « Avant que… » 1

Un très long texte déjà publié, écrit en 1979, je vous le propose en plusieurs parties tout au long de cette journée…

Avant que ne s’entendent les victoires écorchées,
Avant que ne meurent les discours du hasard,
Tu t’inocules dans les veines un poison qui n’existe pas
Sinon pour ceux qui peuvent en souffrir.
Tu vois des chefs piétinant des pelouses d’enfants
Avec un artiste à leur trousse,
Pour que leurs morts s’ajoutent.
Tu insultes la silhouette d’un muscle
D’institutions barbelées
Qui sert d’ombre à des gladiateurs de cirques kakis.
T’ajoutes ta larme à celle du clown au chômage.
Tu espères toujours la parole à ceux qui ont peur,
Parce qu’elle les trompe,
De sourires en sourires,
Passés à boucher des trous d’obscurité.
A grands coups d’épithètes vainqueurs des armateurs du silence
T’as vendu ta folie à un colporteur de passage
Qui soufflait des mensonges
Il ne te reste plus que ta citoyenneté ombilicale
Pour motif de mort
A force de vouloir subsister tu t’es pendu
Avec une corde de similitude
T’as pris au piège de ton histoire un mot de ton invention
Et il est devenu compagnon d’une dernière passion qui te dispersera.

Poèmes de jeunesse : « Avant que, 2″…

Avant que ne s’entendent les victoires écorchées
Avant que ne meurent les discours du hasard
Tu t’inventes une bouche
Fleur pleine
D’assoiffés aux peurs qui survivent…
…Tu te surprends
Pleurant l’attente
Du troubadour jouant le désir
Sans aumône
T’entends déjà le fourmillement d’une foule
Qui arrive par paquets de bottes
Tu te soulignes à grands traits de rencontres
Avec des fossoyeurs d’esprit littéraire
Alors tu crois oublier les bottes
Parce qu’elles sont derrière la porte
De celui qui t’ouvre les yeux

Poèmes de jeunesse : « Avant que… » 1

Un très long texte déjà publié, écrit en 1979, je vous le propose en plusieurs parties tout au long de cette journée…

Avant que ne s’entendent les victoires écorchées,
Avant que ne meurent les discours du hasard,
Tu t’inocules dans les veines un poison qui n’existe pas
Sinon pour ceux qui peuvent en souffrir.
Tu vois des chefs piétinant des pelouses d’enfants
Avec un artiste à leur trousse,
Pour que leurs morts s’ajoutent.
Tu insultes la silhouette d’un muscle
D’institutions barbelées
Qui sert d’ombre à des gladiateurs de cirques kakis.
T’ajoutes ta larme à celle du clown au chômage.
Tu espères toujours la parole à ceux qui ont peur,
Parce qu’elle les trompe,
De sourires en sourires,
Passés à boucher des trous d’obscurité.
A grands coups d’épithètes vainqueurs des armateurs du silence
T’as vendu ta folie à un colporteur de passage
Qui soufflait des mensonges
Il ne te reste plus que ta citoyenneté ombilicale
Pour motif de mort
A force de vouloir subsister tu t’es pendu
Avec une corde de similitude
T’as pris au piège de ton histoire un mot de ton invention
Et il est devenu compagnon d’une dernière passion qui te dispersera.

Il n’y a plus rien à rater, tous les murs sont debout, fin…

Il aimait une de celles
Que les autres haïssaient
Parce qu’elle ne ressemblait
A personne
Sinon à l’ombre qui s’accrochait à elle
Comme sa misère
Il aimait sans définitions
Il aimait sans projets
Il aimait
Et c’était vrai
Et tant pis pour les ceux qui restaient
A attendre qu’il craque
Et il haïssait les égoutiers de l’amour
Il voulait oublier les romantiques d’imitation
Anachroniques
Il était de ceux qui découvrait
Il était de ceux qui attendaient…
Un jour il m’a semblé plus vieux que jamais
Deux béquilles lui tenaient la main
Il ne rencontrait plus personne…
Il ne voyait plus que des cartes d’identité
Et il avait vendu la sienne
Au satyre des bois
Il avait commencé à temporiser des gouttes d’horreur
A jouer une mélodie du malheur
Avec des cordes pendues
Pour des oreilles d’adoption
Qui se cramponnent sur les murs de sa cellule d’apparence
Il avait attrapé la maladie
Similitude de sa ressemblance
Comme les autres
Il était comme les autres
Quand il vit son miroir devenir la foule
Des solitaires qui se tenaient par le bout du sourire
Il eut peur
Il se vit nu
Vieux
Au milieu d’une mare aux cloportes
Il se sentait différent
Et se voyait identique
Il en mourut
Et les autres le lui pardonnèrent
Parce qu’eux aussi ils mourront
Avant qu’on ne l’oublie
Dans le cercle restreint
Des ceux qui le voyaient
S’enflammer sur la négation
Des ratés
Sur la lâcheté
Des entraîneurs de foire à sexualité
Il avait écrit des pleines pages
Du même mot
En rêvant à elle
Et sa répétition
Devenait
Un sanglot entrecoupé
De crachats
A la face
Des faux indifférents
Qui lui avaient offerts des lauriers
Il n’avait jamais dit au revoir
Il disait Adieu
Pour montrer qu’il avait peur
Comme les autres
Et il en était mort
Comme les autres…

Ecrit pendant l’année 1979

Il n’y a plus rien à rater, tous les murs sont debout, 4…

Mannequin
Il nourrissait son désespoir
A grands coups de musique qui crient
Qu’elles ont peur de ne pas être entendues
Il avait rencontré des gens
D’un jour
Qui lui promettaient la gratuité
Des regards
Et qui se firent bagnards
Dans les supermarchés
Où sont empilées des plaques d’hypocrisie
Pour isoler leurs murs de solitude
Egoïstes
Il parlait des autres comme je parle de toi
Avec des mots lames de rasoir
Qui tranchaient la peur
Des ceux qui subsistent
Dans les ombres des encapés
Du verbe
Il lançait des signes
A ceux qui attendaient
Comme lui
Le quelque chose qui aura toujours
Un retard d’habitude
Il ne voyageait pas pour
S’encylopédiser
Il était trop triste
Pour apprendre le faux
Qui enrichit
Les amputés du verbe
Il voyageait parce qu’un chemin d’impatience
Lui grattait la mémoire
Il voyageait parce qu’un chemin d’impatience
Lui grattait la mémoire
Aux vues de la crasse géographique
Pour empailler le regard officiel
Des touristes canonisés

Il n’y a plus rien à rater, tous les murs sont debout, 3…

On t’a dit de ne plus regarder
Que les silhouettes de similitude
Et toi tu as scié des arbres de vérité
On t’a dit de ne plus regarder les autres
Et toi tu l’as rencontré
Il avait le ciel au niveau du front
Des yeux lui servaient de nuages
Pour barrer la route à la lumière
Atomique
Qui dispersait la poussière
De son reste d’apparence
Ses mains lui pendaient aux bras
Comme deux points d’interrogation
Il avait enveloppé sa tristesse dans un drap de dégoût
Et les autres lui vomissaient de la mauvaise haine
Qui les avaient attachés dans l’antiquité de leurs regards
Paroissiaux
Il était habillé de l’indifférence similitude
Qui le faisait ressembler
A ceux qui passent leur route pour n’y plus revenir
Sa barbe datait de la dernière guerre
Celle qui n’avait pas eu lieu
Parce qu’il l’avait rêvée
Le jour où tous parlaient de paix
Il avait voulu se faire baptiser
Par les enfants de la rue aux rats niés
Qui s’en foutaient
De leurs pères et de ceux des autres
Parce qu’ils n’en avaient qu’un
La misère qui ne les guidait même plus
Et il est devenu le fou du village
L’amazonien du caniveau
Il traversait les rues
Comme on entonne un cantique
De travers
Et ça les faisait rire
Il avait choisi de ne pas se déguiser
Et les autres le sifflaient

Il n’y a plus rien à rater, tous les murs sont debout, 2…

A l’étalage de leur mort
Grappe d’avenirs
Ils se comptent par solitude
Déjà…
On sent le regard d’une foule
Qui se meurtrit de bizarreries
Regards placardés
Sur les singes aux bouquins
Cacahuètes culturelles
Cage de mots
D’où on entend toujours une musique
Qui vrillerait le souffle
Des bouffeurs de chrono
Tout vacille
Quille…
Ton camarade suivant est mort
D’avoir été trop jeune
Pour savoir qu’il fallait vivre
Un pied devant l’autre
Qui suit
Indifférent
Et on t’a dit de regarder ta route
Qui mène tout droit
Où elle est toujours allée
Comme les autres
Et toi t’as vu
Et toi tu savais
Alors t’as trouvé
Encore
Et on t’a dit que les morts étaient tranquilles
Et toi t’as vu qu’ils pleuraient
Et toi t’as dit
Il n’y a plus rien à rater
Tous les murs sont debout

Il n’y a plus rien à rater tous les murs sont debout, 1

Aujourd’hui je publie en plusieurs parties ce long texte écrit en 1979…

Je l’aurai rencontré un jour de mensonge
Un jour comme tant d’autres
Je l’aurai rencontré le jour où l’on pouvait partir
Pour d’autres villes
Je l’aurai rencontré dans ce port sans bateau
Dans ce port sans eau
Dans ce trop long canal où coulent des compromis
Pour rêver
Rêver
Où l’on traîne le regard
Avec une liasse de souvenirs identiques
Avec une liasse de remords
A imprimer
Avec l’énergie du cafard
Enjoliveur de mode
Pour les mélancoliques du soir sans muses…
Déjà des caves aux fenêtres de l’ombre
Enfumées
Vident leurs morts
Vivent leur mort
Banale
Hivernale
Pleins à craquer des affreux qui comptent
Sur leurs doigts seringues
Les intervalles de leurs soupirs
Mécaniques
Pour minuter
Leur éternel motif d’impatience
Pour le trop bref retour de ceux qu’ils rêvaient
Ceux qui rêvaient
Dans l’ailleurs d’un autre pays…
Déjà une vague de désespoir
Toujours une marée de misère
Neige éternelle
Calaminée par le crachat d’une ville tuberculeuse
Où s’ennuient par milliers
Par grappes d’angoissés
Des vendeurs d’horizons
Au rabais

Cri…

Un très vieux poème de jeunesse que je republie.

Endimanchés des longues semaines,
Etouffés, assoiffés
Spectateurs aux chaînes,
J’ai l’œil du créateur
Et vous me voyez pendu.
Vous vivez la pendule
Et je tue des minutes.
Vous êtes masqués
Et vous me voyez clown
Enrubannés des fêtes à pleurer,
Ecrasés, étouffés,
Tuant la joie
Sans paroles.
J’ai le rire de l’amoureux
Et vous m’entendez paumé.
J’ai un cœur sur deux yeux
Et vous me battez
Trop parleur.
J’ai une une bouche et des mots qu’elle espère.
Vous me voyez vomir des cadavres
Enterrés des cimetières sans souvenirs
Oubliés, déguisés, morts sans vibration
Morts sans violation de domicile
Je vous emmerde
Février 1979

Il n’y a plus rien à rater, tous les murs sont debout, fin…

Il aimait une de celles
Que les autres haïssaient
Parce qu’elle ne ressemblait
A personne
Sinon à l’ombre qui s’accrochait à elle
Comme sa misère
Il aimait sans définitions
Il aimait sans projets
Il aimait
Et c’était vrai
Et tant pis pour les ceux qui restaient
A attendre qu’il craque
Et il haïssait les égoutiers de l’amour
Il voulait oublier les romantiques d’imitation
Anachroniques
Il était de ceux qui découvrait
Il était de ceux qui attendaient…
Un jour il m’a semblé plus vieux que jamais
Deux béquilles lui tenaient la main
Il ne rencontrait plus personne…
Il ne voyait plus que des cartes d’identité
Et il avait vendu la sienne
Au satyre des bois
Il avait commencé à temporiser des gouttes d’horreur
A jouer une mélodie du malheur
Avec des cordes pendues
Pour des oreilles d’adoption
Qui se cramponnent sur les murs de sa cellule d’apparence
Il avait attrapé la maladie
Similitude de sa ressemblance
Comme les autres
Il était comme les autres
Quand il vit son miroir devenir la foule
Des solitaires qui se tenaient par le bout du sourire
Il eut peur
Il se vit nu
Vieux
Au milieu d’une mare aux cloportes
Il se sentait différent
Et se voyait identique
Il en mourut
Et les autres le lui pardonnèrent
Parce qu’eux aussi ils mourront
Avant qu’on ne l’oublie
Dans le cercle restreint
Des ceux qui le voyaient
S’enflammer sur la négation
Des ratés
Sur la lâcheté
Des entraîneurs de foire à sexualité
Il avait écrit des pleines pages
Du même mot
En rêvant à elle
Et sa répétition
Devenait
Un sanglot entrecoupé
De crachats
A la face
Des faux indifférents
Qui lui avaient offerts des lauriers
Il n’avait jamais dit au revoir
Il disait Adieu
Pour montrer qu’il avait peur
Comme les autres
Et il en était mort
Comme les autres…

Ecrit pendant l’année 1979

Il n’y a plus rien à rater, tous les murs sont debout, 4…

Mannequin
Il nourrissait son désespoir
A grands coups de musique qui crient
Qu’elles ont peur de ne pas être entendues
Il avait rencontré des gens
D’un jour
Qui lui promettaient la gratuité
Des regards
Et qui se firent bagnards
Dans les supermarchés
Où sont empilées des plaques d’hypocrisie
Pour isoler leurs murs de solitude
Egoïstes
Il parlait des autres comme je parle de toi
Avec des mots lames de rasoir
Qui tranchaient la peur
Des ceux qui subsistent
Dans les ombres des encapés
Du verbe
Il lançait des signes
A ceux qui attendaient
Comme lui
Le quelque chose qui aura toujours
Un retard d’habitude
Il ne voyageait pas pour
S’encylopédiser
Il était trop triste
Pour apprendre le faux
Qui enrichit
Les amputés du verbe
Il voyageait parce qu’un chemin d’impatience
Lui grattait la mémoire
Il voyageait parce qu’un chemin d’impatience
Lui grattait la mémoire
Aux vues de la crasse géographique
Pour empailler le regard officiel
Des touristes canonisés

Il n’y a plus rien à rater, tous les murs sont debout, 3…

On t’a dit de ne plus regarder
Que les silhouettes de similitude
Et toi tu as scié des arbres de vérité
On t’a dit de ne plus regarder les autres
Et toi tu l’as rencontré
Il avait le ciel au niveau du front
Des yeux lui servaient de nuages
Pour barrer la route à la lumière
Atomique
Qui dispersait la poussière
De son reste d’apparence
Ses mains lui pendaient aux bras
Comme deux points d’interrogation
Il avait enveloppé sa tristesse dans un drap de dégoût
Et les autres lui vomissaient de la mauvaise haine
Qui les avaient attachés dans l’antiquité de leurs regards
Paroissiaux
Il était habillé de l’indifférence similitude
Qui le faisait ressembler
A ceux qui passent leur route pour n’y plus revenir
Sa barbe datait de la dernière guerre
Celle qui n’avait pas eu lieu
Parce qu’il l’avait rêvée
Le jour où tous parlaient de paix
Il avait voulu se faire baptiser
Par les enfants de la rue aux rats niés
Qui s’en foutaient
De leurs pères et de ceux des autres
Parce qu’ils n’en avaient qu’un
La misère qui ne les guidait même plus
Et il est devenu le fou du village
L’amazonien du caniveau
Il traversait les rues
Comme on entonne un cantique
De travers
Et ça les faisait rire
Il avait choisi de ne pas se déguiser
Et les autres le sifflaient

Il n’y a plus rien à rater, tous les murs sont debout, 2…

A l’étalage de leur mort
Grappe d’avenirs
Ils se comptent par solitude
Déjà…
On sent le regard d’une foule
Qui se meurtrit de bizarreries
Regards placardés
Sur les singes aux bouquins
Cacahuètes culturelles
Cage de mots
D’où on entend toujours une musique
Qui vrillerait le souffle
Des bouffeurs de chrono
Tout vacille
Quille…
Ton camarade suivant est mort
D’avoir été trop jeune
Pour savoir qu’il fallait vivre
Un pied devant l’autre
Qui suit
Indifférent
Et on t’a dit de regarder ta route
Qui mène tout droit
Où elle est toujours allée
Comme les autres
Et toi t’as vu
Et toi tu savais
Alors t’as trouvé
Encore
Et on t’a dit que les morts étaient tranquilles
Et toi t’as vu qu’ils pleuraient
Et toi t’as dit
Il n’y a plus rien à rater
Tous les murs sont debout

Il n’y a plus rien à rater tous les murs sont debout, 1

Aujourd’hui je publie en plusieurs parties ce long texte écrit en 1979…

Je l’aurai rencontré un jour de mensonge
Un jour comme tant d’autres
Je l’aurai rencontré le jour où l’on pouvait partir
Pour d’autres villes
Je l’aurai rencontré dans ce port sans bateau
Dans ce port sans eau
Dans ce trop long canal où coulent des compromis
Pour rêver
Rêver
Où l’on traîne le regard
Avec une liasse de souvenirs identiques
Avec une liasse de remords
A imprimer
Avec l’énergie du cafard
Enjoliveur de mode
Pour les mélancoliques du soir sans muses…
Déjà des caves aux fenêtres de l’ombre
Enfumées
Vident leurs morts
Vivent leur mort
Banale
Hivernale
Pleins à craquer des affreux qui comptent
Sur leurs doigts seringues
Les intervalles de leurs soupirs
Mécaniques
Pour minuter
Leur éternel motif d’impatience
Pour le trop bref retour de ceux qu’ils rêvaient
Ceux qui rêvaient
Dans l’ailleurs d’un autre pays…
Déjà une vague de désespoir
Toujours une marée de misère
Neige éternelle
Calaminée par le crachat d’une ville tuberculeuse
Où s’ennuient par milliers
Par grappes d’angoissés
Des vendeurs d’horizons
Au rabais

Poèmes de jeunesse : « Avant que, 2″…

Avant que ne s’entendent les victoires écorchées
Avant que ne meurent les discours du hasard
Tu t’inventes une bouche
Fleur pleine
D’assoiffés aux peurs qui survivent…
…Tu te surprends
Pleurant l’attente
Du troubadour jouant le désir
Sans aumône
T’entends déjà le fourmillement d’une foule
Qui arrive par paquets de bottes
Tu te soulignes à grands traits de rencontres
Avec des fossoyeurs d’esprit littéraire
Alors tu crois oublier les bottes
Parce qu’elles sont derrière la porte
De celui qui t’ouvre les yeux

Poèmes de jeunesse : « Avant que… » 1

Un très long texte déjà publié, écrit en 1979, je vous le propose en plusieurs parties tout au long de cette journée…

Avant que ne s’entendent les victoires écorchées,
Avant que ne meurent les discours du hasard,
Tu t’inocules dans les veines un poison qui n’existe pas
Sinon pour ceux qui peuvent en souffrir.
Tu vois des chefs piétinant des pelouses d’enfants
Avec un artiste à leur trousse,
Pour que leurs morts s’ajoutent.
Tu insultes la silhouette d’un muscle
D’institutions barbelées
Qui sert d’ombre à des gladiateurs de cirques kakis.
T’ajoutes ta larme à celle du clown au chômage.
Tu espères toujours la parole à ceux qui ont peur,
Parce qu’elle les trompe,
De sourires en sourires,
Passés à boucher des trous d’obscurité.
A grands coups d’épithètes vainqueurs des armateurs du silence
T’as vendu ta folie à un colporteur de passage
Qui soufflait des mensonges
Il ne te reste plus que ta citoyenneté ombilicale
Pour motif de mort
A force de vouloir subsister tu t’es pendu
Avec une corde de similitude
T’as pris au piège de ton histoire un mot de ton invention
Et il est devenu compagnon d’une dernière passion qui te dispersera.

Poèmes de jeunesse

Je fouille, je fouille, je cherche et je trouve encore quelques textes, très anciens, expériences anciennes de mon laboratoire poétique…

Photo prise par Alice Nédélec

Je suis d’ une autre grammaire que la vôtre

Je n’ai pas de proposition principale

Je ne parle qu’en subordonné

Au temps présent qui s’écoule

Et qui m’attend

Les plaintes ne nourrissent pas la vérité

Elles ont brûlé mon trop plein d’espoir.

Poèmes de jeunesse…

Photographie : Alice Nédélec

Des visages creux qui jouent la ressemblance

Sur un air de chaîne à la peur accrochée

Quand je suis ici je voudrais être ailleurs

Parce que je ne vis plus

J’imagine

Si je tombe dans un trou je veux qu’il soit profond

Parce que je ne veux pas vivre au sol

Cloué pour la vie

Février 1981

Poèmes de jeunesse : « peut-être… »

Je continue de fouiller mes archives et là, j’ai trouvé ce petit texte sur une feuille volante, écrit à la plume, je pense qu’il date de 1979…

C’est le soir comme tous les jours

Un homme se meurt

Ou il périt noyé dans l’océan

De tortures

Un homme aime

Ou il pleure sur sa compagne

Finale

Point à la ligne

Un homme naît

Ou il crie parce qu’il ne connait

Personne

Pas même en rêve

Un homme tue

Ou triche contre ses règles

Très propre

Bien baptisé

Un homme hurle

Il a peur

Alors il écrit

Tout droit

Au cœur

Peut-être

Poèmes de jeunesse : « coupables : on voté…

La foule l’avait condamné à mourir

Parce qu’il avait tué

Une des brebis

De leur troupeau d’indifférence

Ils aimaient la vie…

Le dimanche en voiture

Dans un cortège funèbre

Qu’ils vénéraient

Parce qu’ils avaient pour jumeau

Ce pays FRANCE

Ils poussaient dans ce jardin

Où les mauvaises herbes

Meurent au napalm

A la balle perdue

Où à la torture cachée

Ils ignoraient que le lendemain

Peut être celui du je t’aime

Pour eux

Il était celui du rêve électrisé

Qu’ils croyaient avoir eu

Ils faisaient l’amour

Comme on achète le journal

Bonjour

Merci

Il fait beau

C’est tout

Ils disent aimer un enfant

Parce qu’à Noël

Ils le font légionnaire

Ou infirmière

Parce qu’il le brûle

Sur une plage quand vient l’été

Institutionnelle

Ils le grille

Côté face, côté pile

Côté cœur

Ils ont peur

Ils ont du fric

Ils ont peur

Ils ont le flic

Et toi t’es mort

Pour eux…

Mai 1979

Poèmes de jeunesse : « manifeste anti-poéteux »

J’ai longtemps hésité avant de publier ce texte, retrouvé dans mes poèmes de jeunesse, c’est l’un des plus vieux encore en vie. Et puis finalement depuis que j’assiste aux séances du tribunal académique, je me dis qu’il peut passer….

Qu’un jour l’automne

Saison des romantiques de musée

Se déclare aussi puant que le printemps

Qu’un jour les violons

Qui hurlent de chagrin

Se foutent de notre gueule

Qu’un jour au moins

La rose dise qu’elle en marre

D’être cueillie pour la fille qu’on espère,

Qu’un jour la nuit

Rote à la gueule des esprits crotteux

Qu’un jour la colombe

Pisse contre les barreaux du prisonnier

Qu’un jour les mots arrêtent de s’épouser

Sans leurs consentements

Q’un jour on cesse de tricher

Qu’un jour on oublie la morale des vers

Qu’un jour on oublie Victor, Charles, Paul

Et les autres

Q’un jour on se regarde

Q’un jour on se le dise

Ou qu’on l’écrive

Alors on sera poète

Février 1979

Poèmes de jeunesse. « Ici » 2

Ici,

Ici tu viens pour apprendre

Que tu n’es rien

Pour comprendre

Que les hommes dehors

Sont passés par là

Alors, alors

Le sens du message

Te gicle à la face

Équation française :

Moyen, moyenne

Nation

Mais ici ils n’ont que ta silhouette déguisée

Jamais ils ne pénétreront dans ce qui est fait de toi

Jamais ils n’auront la part du rêve qui t’appartient

Parce qu’il est fait des autres, que tu aimes

Et qui les fait rien

Jamais ils ne découperont tes souvenirs en pointillé

Parce qu’eux sont nés avec la préhistoire

Ils ont oublié d’avancer

Alors ils se sont améliorés

Organisés

Et ils affranchissent tous leurs mots

De cinq lettres

A-R-M-E-E

Mais alors toi il faut que tu te battes

Bats toi !

Pas contre eux

Ils seraient trop heureux d’exister

Bats toi, contre toi

Fais que ta silhouette ne soit qu’ombre

Fais que ta parole ne soit là bas , que branche morte

Pour que vivent les racines

Les seules

Celles de ta vie

Celles qu’ils n’auront jamais

Alors ils pourriront

Peut-être

Poèmes de jeunesse . « Ici » 1

Je publie en deux parties, un texte écrit le 11 novembre 1982, j’étais alors soldat du contingent, le temps était gris, l’ennui était grand… Ce n’est pas un texte antimilitariste, car je ne l’ai jamais été fondamentalement, c’est encore un texte profondément mélancolique.

Ici,

Ici tout pue

Même le désespoir est carré

Toujours cette odeur angoissante

Où la ressemblance kaki

Se marie si bien

Avec un automne

Sans fin, ni feuille

Ici,

Ici le vide

Perpétuel engrais

D’une varice

Sur un monde

Qui attend le grand cri

Pour enfin dire non

Ici,

Ici j’étouffe

Je ne comprends plus

Ou trop

Je ne peux risquer un

Pourquoi ?

Ici les réponses n’existent pas

Elles pourrissent dans l’antiquité des ordres

Ici le masculin est toujours sujet

Le féminin neutre s’ajoute

Comme trois points de suspension

Ici,

Ici tu viens pour servir

Un bout de chiffon

Lange trouée

D’une république à répétition

Mitraillette de la honte

Ici,

Ici tu ne dois pas pleurer

Ça fait désordre

Ici tu dois sourire béatement

L’extase est dans l’alignement

On te déplace

Et toi tu bouges

Tu t’aperçois que marcher

C’est soustraire tes pas

A ton propre chemin

Cadence infernale

Et toi tu retiens ton souffle

Et tu le rajoutes à ta haine

A l’ailleurs de derrière tes yeux

T’as peur

Et tu pourrais craquer

Poèmes de jeunesse. « Peur d’écrire »

J’ai retrouvé ce très court texte, écrit fin 1980, qui exprime comme souvent après une période de disette, cette peur d’écrire, de reprendre la plume

J’ai peur d »écrire,

Comme si l’autre poésie,

Celle qui dort,

Là ,

Fière sur le papier

Allait porter un jugement

Sur la nouveauté.

J’ai peur et mes mots

En transpirent

A quand le passé décomposé ?

Décembre 1980

Poèmes de jeunesse. « Ce soir », 3

Tu poétises

Et tu sais que ça transpire

Peut-être l’indifférence d’habitude

Mais cela ne fait rien tu continues

Et ce soir t’as encore envie d’écrire

Parce que ça fait un jour de plus

Et t’as une boule dans la tête

Une boule odeur de lassitude

Qui explose à chaque sourire

Qu’elle enterre en toi

Chaque fois qu’elle commence

Le « il était une fois »

De ma soif d’impatience

Avec une corde au cou, au mois elle m’a remarqué

Dans cette foule de pendus

Qui rêvent d’évasion

En se remarquant

Identique

Et t’as mal dans la tête

Quand elle t’observe

T’as mal dans sa peur

Qui vibre d’incertitude

T’as mal dans sa peau qui fait

Pleurer un violoniste

Et quand tu la serres contre toi

Tu hais encore plus

Les silhouettes bureaucratisées

Qui sentent déjà le dossier

Qui n’est pas fini

Ou qu’on va jeter….

Poèmes de jeunesse. « Ce soir : 2 »

C’est finalement en trois parties que je publierai ce long poème en voici la deuxième

T’avais peur que le désespoir

Rattrape la réalité qui te minait

Et en face d’elle

T’as brisé le cercueil

Tes deux bras te servaient d’alibi

Pour te tenir sur le fil de honte

Qui surplombait le désespoir

Venu d’en bas

Et maintenant

Tes deux bras lui servent

De parenthèses

T’avais mal dedans le corps

Tant le hasard t’avait fait crier

Tant le hasard t’avait fait vaincu

Et maintenant

Tu passes

Seul avec celle qui te regarde

Et t’as dévalisé la consigne

Et tu tire sur tes lèvres

Comme l’intoxiqué tire sur sa clope

T’avales le vrai et tu vomis ta peur

T’avais un trou dans la tête

Qui guettait la sortie de ta folie

Pour lui passer des menottes de rêve

Et maintenant le temps qui te pue

Est un éternel motif d’impatience

Pour celle dont tu rêves

Angoissé dans les murs de ton bar

D’artiste sans symétrie

Et il te faut trouver

Un dictionnaire

De mots nouveaux

Promesses de vocabulaire

A grammairiser

Pour les joies que tu lui inventeras

Il te fallait tant de choses

Pour être sûr

Dans ton royaume de deux

Que maintenant tu t’en fous

Poèmes de jeunesse… « Ce soir » 1

Un texte écrit, toujours il y a quarante ans…. Je le publie en deux parties

Ce soir t’as envie d’écrire

Ce soir t’es encore plus près d’elle

Parce que cela fait un jour de plus

Parce que cela fait un jour de

Mieux

Alors tu souris

A ces murs si nus

Qui te racontent

L’histoire de ce reflet

Dont l’insuffisance suinte

Ce regard que tu connais

C’était une semaine qui comme

Toutes les autres

Sentait la potence

Mais le noeud ne coulait plus

Il s’était ouvert

Et toi tu fermais les yeux

C’était une semaine

Qui comme toutes les autres

Transpirait l’ennui

Entre les rires d’enfantss

Trop rares

Mais que tu supposais déjà

Sur ses lèvres en fête

C’était une semaine

Dure

Dans ton journal de désespoir

Il ne te restait plus d’aventures

Antidotes

A tous leurs regards accrochés

Au porte manteau de leur haine

Et toi tu les voyais

Tu voyais une tâche de pleurs

Sur une bouche gardée

Un oeil mouillé de souvenirs

Qui s’en iront

Une voix qui a peur des mots

Des mots qui cherchent l’horizon du mal

Et ne le trouvent pas

Un regard qui attend

Plutôt qu’il ne voit

Et toi qui observe

L’espoir en bandouillère

Et maintenant

Maintenant tu réévalues ta dose de présent

A la bourse du verbe aimer

Et tu te sens mieux…

Poèmes de jeunesse : « Jeudi soir »

Vite

Les mains frappent

Se crochettent

La saleté s’anime

La solitude s’excuse

La foule des anonymes

Au cul empaillé

D’une frime végétative

Souffle son merdique venin

Ça pue

Ça suinte la honte à quatre sous

Ça sent le tragique déguisé

Le soi-disant devient la vérité

Obstruée

Par le non horizon

Par le non avenir

Le naturel ne se cueille pas sur les rires

C’est un accouplement de médiocrité

Dans un orgasme de haines

Antihumains

De ce côté tu ne sais pas si c’est devant

Ou si c’est nulle part

Parce que tu n’y vas plus

C’est ton miroir déformant qui se brise

Tu pisses contre un arbre

Tu ne retournes pas

Et il tombe

Il n’a plus de racines

Il se soutient par lâcheté

Alors tu comprends de plus en plus

Et soudain

Soudain

Ton rêve déchire l’hontosphère

Tes yeux calaminent les regards mielleux

Tu marches à reculons

D’abord

Et tu cours

Ton histoire, elle est pas là-bas

Tu veux pas pourrir comme les autres

Tu veux mourir pour les autres

Le soudain, l’attendu

Arrive une fois

Ailleurs

Par hasard

C’est les yeux que tu cherches

C’est la voix qui te creuse

Ton odeur est encore celle d’hier

T’avais une plaie sur le ciel de tes yeux

Une plaie ouverte

A coeur ouvert

Toutes les nuits tu réalises l’imposture

L’imposture du noir

Qui coulait aussi de tes veines

Ta joie était à l’honneur

Fête nationale dans le calendrier de l’horreur

1980

Poèmes de jeunesse : « jeudi soir » 1

J’ai été un peu absent cette semaine, très pris par le travail, les déplacements, je vais profiter du week-end pour noircir un peu de papier. Pour commencer je « re »publie ce poème de jeunesse en deux parties, la première partie que j’avais proposée était sans illustrations… Et la partie deux arrivera dans la foulée

Jeudi noir

Jeudi soir

Jeudi

Tu l’as vu

Alors tu te rappelles d’hier

Tu te rappelles du hier

Il y a celui à qui tu te confesses

Et l’autre qui voulait te finir

T’étais seul au milieu de cette cible d’hypocrisie

Et tu revois les flèches amères, en plein cœur

Et toi tu riais ta mort à pleine peur

Devant une forêt noire et stupide

Une forêt qui s’essouffle à plein siècles

Dans les silences du sablier sanguinaire

Des lueurs

Des odeurs

Et toi tu marchais

Tes branches t’écorchaient le sourire

Qu’ils ont honte de voir

Parce que tu t’en fous ou tu fais semblant

Alors tu te retournes, toujours

Derrière

Pour toi devant il n’y a plus rien

Sauf ce nuage couleur médiocre

Tu sais que c’est d’ailleurs que tout vient

Tu sais que t’es peut-être oublié

Que le hasard est encore vivant

Qu’il veut te rattraper

Alors tu te retournes de plus en plus souvent

Tu creuses ton chemin à pas mûrs

Un chemin pour croire

Ton testament est un cul de sac

Sur le néant

Alors reviens

Vite…

Poèmes de jeunesse : « la révolte »

La révolte était devenue

Une autre décoration de combats intellectuels

Pour le snobisme

De ceux qui flirtaient avec l’angoisse

Du pauvre

Qu’ils achetaient

Chez les bradeurs d’inhumanité

Qui vendent

Du sourire aux enchères du sentiment

Et qui cultivent des jardins d’utilité

Des jardins de pitié

Pour le botin du beau monde

Qui pissent leur ba ba quotidien

En rotant la nuit qu’ils ont volée

Aux autres

Aux angoissés

Aux vrais

L’uniforme de leur porcherie

Leur fait peur

Parce qu’ils se sentent loin

Parce qu’ils se sentent loin

Alors ils trichent

Ils se déguisent

Ils prostituent la vérité

En l’obligeant à coucher

Avec ceux qui l’ont déjà tuée

En l’oubliant

Ils s’écologisent le dimanche

En se confessant à la rivière

Qu’ils assassinent à petites semaines

Mais y savent pas

Eux ils comptent

Eux ils produisent…

Juin 1980

Poèmes de jeunesse : « cri »

Endimanchés des longues semaines,

Etouffés, assoiffés

Spectateurs aux chaînes,

J’ai l’oeil du créateur

Et vous me voyez pendu.

Vous vivez la pendule

Et je tue des minutes.

Vous êtes masqués

Et vous me voyez clown

Enrubannés des fêtes à pleurer,

Ecrasés, étouffés,

Tuant la joie

Sans paroles.

J’ai le rire de l’amoureux

Et vous m’entendez paumé.

J’ai un coeur sur deux yeux

Et vous me battez

Trop parleur .

J’ai une une bouche et des mots qu’elle espère.

Vous me voyez vomir des cadavres

Enterrés des cimetières sans souvenirs

Oubliés, déguisés, morts sans vibration

Morts sans violation de domicile

Je vous emmerde

Février 1979

Poèmes de jeunesse : « il n’y a plus rien à rater, tous les murs sont debout…suite et fin….

Il ne voyait plus que des cartes d’identité

Et il avait vendu la sienne

Au satyre des bois

Il avait commencé à temporiser des gouttes d’horreur

A jouer une mélodie du malheur

Avec des cordes pendues

Pour des oreilles d’adoption

Qui se cramponnent sur les murs de sa cellule d’apparence

Il avait attrapé la maladie

Similitude de sa ressemblance

Comme les autres

Il était comme les autres

Quand il vit son miroir devenir la foule

Des solitaires qui se tenaient par le bout du sourire

Il eut peur

Il se vit nu

Vieux

Au milieu d’une mare aux cloportes

Il se sentait différent

Et se voyait identique

Il en mourut

Et les autres le lui pardonnèrent

Parce qu’eux aussi ils mourront

Avant qu’on ne l’oublie

Dans le cercle restreint

Des ceux qui le voyaient

S’enflammer sur la négation

Des ratés

Sur la lâcheté

Des entraîneurs de foire à sexualité

Il avait écrit des pleines pages

Du même mot

En rêvant à elle

Et sa répétition

Devenait

Un sanglot entrecoupé

De crachats

A la face

Des faux indifférents

Qui lui avaient offerts des lauries

Il n’avait jamais dit au revoir

Il disait Adieu

Pour montrer qu’il avait peur

Comme les autres

Et il en était mort

Comme les autres…

Ecrit pendant l’année 1979

Poèmes de jeunesse : « il n’y a plus rien à rater tous les murs sont debout : 5

Il voyageait parce qu’un chemin d’impatience

Lui grattait la mémoire

Aux vues de la crasse géographique

Pour empailler le regard officiel

Des touristes canonisés

Il aimait une de celles

Que les autres haïssaient

Parce qu’elle ne ressemblait

A personne

Sinon à l’ombre qui s’accrochait à elle

Comme sa misère

Il aimait sans définitions

Il aimait sans projets

Il aimait

Et c’était vrai

Et tant pis pour les ceux qui restaient

A attendre qu’il craque

Et il haïssait les égoutiers de l’amour

Il voulait oublier les romantiques d’imitation

Anachroniques

Il était de ceux qui découvrait

Il était de ceux qui attendaient…

Un jour il m’a semblé plus vieux que jamais

Deux béquilles lui tenaient la main

Il ne rencontrait plus personne…

Poèmes de jeunesse : il n’y a plus rien à rater, tous les murs sont debout..4

Il traversait les rues

Comme on entonne un cantique

De travers

Et ça les faisait rire

Il avait choisi de ne pas se déguiser

Et les autres le sifflaient

Manequin

Il nourrissait son désespoir

A grands coups de musique qui crient

Qu’elles ont peur de ne pas être entendues

Il avait rencontré des gens

D’un jour

Qui lui promettaient la gratuité

Des regards

Et qui se firent bagnards

Dans les supermarchés

Où sont empilées des plaques d’hypocrisie

Pour isoler leurs murs de solitude

Egoïstes

Il parlait des autres comme je parle de toi

Avec des mots lames de rasoir

Qui tranchaient la peur

Des ceux qui subsistent

Dans les ombres des encapés

Du verbe

Il lançait des signes

A ceux qui attendaient

Comme lui

Le quelque chose qui aura toujours

Un retard d’habitude

Il ne voyageait pas pour

S’encylopédiser

Il était trop triste

Pour apprendre le faux

Qui enrichit

Les amputés du verbe

Il voyageait parce qu’un chemin d’impatience

Lui grattait la mémoire

Poèmes de jeunesse : « il n’y a plus rien à rater, tous les murs sont debout », 3

…Et on t’a dit que les morts étaient tranquilles

Et toi t’as vu qu’ils pleuraient

Et toi t’as dit

Il n’y a plus rien à rater

Tous les murs sont debout

On t’a dit de ne plus regarder

Que les silhouettes de similitude

Et toi tu as scié des arbres de vérité

On t’a dit de ne plus regarder les autres

Et toi tu l’as rencontré

Il avait le ciel au niveau du front

Des yeux lui servaient de nuages

Pour barrer la route à la lumière

Atomique

Qui dispersait la poussière

De son reste d’apparence

Ses mains lui pendaient aux bras

Comme deux points d’interrogation

Il avait enveloppé sa tristesse dans un drap de dégoût

Et les autres lui vomissaient de la mauvaise haine

Qui les avaient attachés dans l’antiquité de leurs regards

Paroissiaux

Il était habillé de l’indifférence similitude

Qui le faisait ressembler

A ceux qui passent leur route pour n’y plus revenir

Sa barbe datait de la dernière guerre

Celle qui n’avait pas eu lieu

Parce qu’il l’avait rêvée

Le jour où tous parlaient de paix

Il avait voulu se faire baptiser

Par les enfants de la rue aux rats niés

Qui s’en foutaient

De leurs pères et de ceux des autres

Parce qu’ils n’en avaient qu’un

La misère qui ne les guidait même plus

Et il est devenu le fou du village

L’amazonien du caniveau

Poèmes de jeunesse : « il n’y a plus rien à rater tous les murs sont debout : 2

…Ceux qui rêvaient

Dans l’ailleurs d’un autre pays…

Déjà une vague de désespoir

Toujours une marée de misère

Neige éternelle

Calaminée par le crachat d’une ville tuberculeuse

Où s’ennuient par milliers

Par grappes d’angoissés

Des vendeurs d’horizons

Au rabais

A l’étalage de leur mort

Grappe d’avenirs

Ils se comptent par solitude

Déjà…

On sent le regard d’une foule

Qui se meurtrit de bizarreries

Regards placardés

Sur les singes aux bouquins

Cacahuètes culturelles

Cage de mots

D’où on entend toujours une musique

Qui vrillerait le souffle

Des bouffeurs de chrono

Tout vacille

Quille…

Ton camarade suivant est mort

D’avoir été trop jeune

Pour savoir qu’il fallait vivre

Un pied devant l’autre

Qui suit

Indifférent

Et on t’a dit de regarder ta route

Qui mène tout droit

Où elle est toujours allée

Comme les autres

Et toi t’as vu

Et toi tu savais

Alors t’as trouvé

Encore…

Poèmes de jeunesse : « il n’y a plus rien à rater tous les murs sont debout… » 1

Un autre de mes textes, très long aussi, écrit en 1980 que je publie en quatre ou cinq parties….

Je l’aurai rencontré un jour de mensonge

Un jour comme tant d’autres

Je l’aurai rencontré le jour où l’on pouvait partir

Pour d’autres villes

Je l’aurai rencontré dans ce port sans bateau

Dans ce port sans eau

Dans ce trop long canal où coulent des compromis

Pour rêver

Rêver

Où l’on traîne le regard

Avec une liasse de souvenirs identiques

Avec une liasse de remords

A imprimer

Avec l’énergie du cafard

Enjoliveur de mode

Pour les mélancoliques du soir sans muses…

Déjà des caves aux fenêtres de l’ombre

Enfumées

Vident leurs morts

Vivent leur mort

Banale

Hivernale

Pleins à craquer des affreux qui comptent

Sur leurs doigts seringues

Les intervalles de leurs soupirs

Mécaniques

Pour minuter

Leur éternel motif d’impatience

Pour le trop bref retour de ceux qu’ils rêvaient…

Mars 1980

Poèmes de jeunesse :  » à toi.. » deuxième partie

Mais on y croit encore

Parce que l’unique s’immobilise

Parce que la règle est identique

Parce que les textes gravent leurs mots

Pour s’en souvenir

Et pour que les autres disent

Qu’ils ont bu

Une autre chose

Une autre dose

Qui oublie le hasard

Du verbe sans sommeil

Qui oublie le remords

Du jour sans soleil

A vanter des histoires

On finit par crever

Alors toi tu t’inventes une mort

Pour les lèvres de celle qui t’écoute

Et tu lui parles d’une autre

Partie pour là-bas

Et elle te tient la main

Parce qu’elle sait que t’as peur

Et toi tu as envie de lui dire

Que tu l’aimes

Parce que c’est vrai

Mais tu as peur

Parce qu’elle est trop proche

Parce qu’elle ressemble trop

Au souvenir

Que tu as voulu oublier

Mais qui appartient aussi à d’autres

A celles que tu n’as pas prévues

Mais que tu arrives à rencontrer

Février 1980

Poèmes de jeunesse : « à toi » première partie

Je reviens avec mes poèmes de jeunesse : en voici un nouveau que je viens de redécouvrir et que je publie en deux parties…

Gueule de vagabond

Esprit moribond

Ton oeil se perd dans ta mémoire

Comme ta larme

A l’horizon de ton regard

S’est noyée

Dans un voyage sans retour…

Partie, finie

Totalité sans remords

Pour un fou qui s’en fout

Dans l’histoire de son rêve

Qui s’étouffe en recherchant

Partie, finie

Jouet d’un regard

Qui dit toujours non

Parce qu’il a peur du champ

Où ils ont cultivé son indifférence

Et où il a disparu

Emporté par une affreuse ressemblance

Avec la mort

Des ceux qui le lui ont dit…

Mais pourquoi

Pourquoi ?

Poèmes de jeunesse…

C’est le soir comme tous les jours,

Un homme se meurt.

Ou il périt noyé dans l’océan

De torture.

Un homme aime ,

Ou il pleure sur sa compagne

Finale .

Point à la ligne.

Un homme naît,

Ou il crie parce qu’il ne connait

Personne.

Pas même un rêve.

Un homme tue

Ou triche contre ses règles

Très propres.

Bien baptisés.

Un homme hurle,

Il a peur.

Alors il écrit,

Tout droit.

Au cœur.

Peut-être….

Novembre 1980