Flash d’automne…

Dans l’eau trouble de l’automne

Le reflet ocre d’une lumiĆØre fatiguĆ©e

D’un si long Ć©tĆ© Ć  Ć©tirer ses longues marĆ©es

Peu Ć  peu l’horizon s’efface sous la gomme

D’une lourde brume sous le ciel abandonnĆ©

Flash…

C’est inquiĆ©tant voyez vous… Le monde se fait beau et il ne pense mĆŖme pas Ć  bien faire. Il sait qu’on ne le verra pas, il sait que ses couleurs ne seront pas comprises, il sait que l’humanitĆ© a la nuque courbĆ©e. Mais il essaie. Il appelle : j’existe dit-il, ouvrez les portes de votre fabrique Ć  sourires !

Rien ! Le silence…Un silence mou sans le moindre espoir de rimes…

Carnets 12…

RĆ©flĆ©chir avant d’agir…

Oui bien sĆ»r, je suis d’accord, il faut rĆ©flĆ©chir avant d’agir mais ce que je voudrais savoir c’est Ć  partir de quand je puis considĆ©rer qu’il ne faut plus rĆ©flĆ©chir et qu’il faut agir. Que se passe t’il si je rĆ©flĆ©chis trop, ou Ć  l’inverse pas assez ? Qui me le dit et comment je le sais ? Et admettons d’une part que je rĆ©flĆ©chisse tout le temps avant d’agir et admettons que rĆ©flĆ©chir est une action, cela signifie-t’-il que je rĆ©flĆ©chis toujours avant de rĆ©flĆ©chir ? Mais alors Ć  quoi faut-il que je rĆ©flĆ©chisse avant de rĆ©flĆ©chir ? A rien me dites-vous ? Mais si je ne rĆ©flĆ©chis Ć  rien comment puis-je agir ?

Ouille j’ai mal Ć  la tĆŖte

Matinales…

Je, tu, il, elle, on, vous, ils

Sur la page blanche de mes chaque matin

Je cherche

Je cherche

Qui va parler

A qui m’adresser

Que et quoi vous dire

Ce dont je ne doute pas

C’est le comment

Je choisis dans ma boƮte Ơ plumes

La fine et belle encore endormie

Je la lisse et la trempe dans les encres grises

De mes restes de nuit

Entends la qui crisse en glissant

Sur la premiĆØre ligne de ton jour qui sourit

Flash…

Derrière la ligne flou de mes rêves salés

On devine une terre Ć  inventer

Elle Ʃtire ses longues plaines

Jusqu’à la promesse d’un sommet oubliĆ©

J’ai pris la route sans cartes ni papier

Ou vas-tu m’a-t-on demandĆ© ?  

Je marche et ne sais où j’irai

Il est si beau ce bout de blanche brume

Demain peut-ĆŖtre j’y glisserai

Une fine page aux mots lĆ©gers…

29.10.2024

Belle et bleue…

RĆŖvons

Ɣ oui rĆŖvons du risque de joie

Belle et bleue

Elle roule sur la vitre de mes oublis

Simple joie

Jaillit dans le soudain

Du tendresse matin

Regarde elle brƻle et brille

Au coin mauve

D’un œil qui glisse sur nos restes de larmes

Odeurs de lilas

Aux angles durs des rancœurs de l’hiver

Rondissent en fleurant

Elle est lĆ 

Sautillante

Frissonnante

Fondue dans le brise chagrin

Du lourd glaciers de nos mƩmoires pour demain

Matinales..

Il arrive que le temps soit Ć  la contemplation

Simple inattendue fraƮche

Elle dƩbarque sans crier sur les rives des matins communs

Et les soupirs de l’impatience sont apaisĆ©s

O

Il a senti la mer…

Il a mis le pied sur le quai et ce qu’il a tout de suite senti, trĆØs fort, c’est l’air. Il l’a senti sur sa peau, il l’a senti entrer en lui, partout, par tous les pores. Alors il s’est arrĆŖtĆ©, et il a compris que la mer dans la ville, dans cette ville est partout. L’air qu’on respire n’est pas le mĆŖme, il est parfumĆ©, avec juste cette sensation d’humide qui ne glace pas le sang mais qui donne le sourire. Oui, elle est lĆ  la diffĆ©rence, c’est dans l’air ! C’est un sourire qui caresse, doux comme le premier chant d’oiseau Ć  la fin de l’hiver, on ouvre la fenĆŖtre, on respire : la vie est partout et on sourit. Il n’est lĆ  que depuis cinq minutes. Il ouvre les yeux, son cœur bat, trĆØs fort, les autres il ne les voit plus. Il est sorti de la gare et il avance, il sent, il reconnaĆ®t il comprend tous ces rĆ©cits de la mer qui commencent lĆ , au port. Les mouettes d’abord, leurs cris ne sont pas beaux, mais leurs cris le bouleversent. Elles l’appellent, elles le savent nouveau. Il avance. Tout est si beau : une lumiĆØre de fin d’aprĆØs-midi, un soleil dĆ©clinant qui laissent traĆ®ner quelques couleurs ; la moindre pierre est Ć©tincelle, et les flaques d’eau graisseuse belles comme des toiles de maĆ®tre. Le port est encore loin mais il le comprend dĆ©jĆ , il perƧoit les cliquetis, cocktails de bruits symphoniques. Les bruits, la lumiĆØre les odeurs qui racontent la vie qui les a faites. Il voudrait courir pour ĆŖtre au plus vite au port, mais aussi prendre le temps, entrer comme un navire, calme, glissant, apaisant, masse mĆ©tallique qui se pose le long du quai.

Matinales…

Il suffit je ne me lĆØve plus a dit le jour somnolent
Mais ce n’est pas possible tu es condamnĆ©
A rĆ©pondu une nuit tremblante et pressĆ©e d’engloutir
Le trou de lumière par elle creusé
Encore un effort je t’en prie
Le jour s’est tournĆ© et retournĆ©
Il a râlé
Au pied du lit de pierre a posƩ un pied puis deux
Et s’est levĆ© l’œil mauvais
Sur un ton sec et irritƩ Ơ la nuit a rƩpondu
C’est bon une fois encore je le fais
Je le fais pour toi
Tu me fais tant pitiƩ

23 dƩcembre

PoĆØmes de jeunesse : « la rĆ©volte »

La rƩvolte Ʃtait devenue

Une autre dƩcoration de combats intellectuels

Pour le snobisme

De ceux qui flirtaient avec l’angoisse

Du pauvre

Qu’ils achetaient

Chez les bradeurs d’inhumanitĆ©

Qui vendent

Du sourire aux enchĆØres du sentiment

Et qui cultivent des jardins d’utilitĆ©

Des jardins de pitiƩ

Pour le botin du beau monde

Qui pissent leur ba ba quotidien

En rotant la nuit qu’ils ont volĆ©e

Aux autres

Aux angoissƩs

Aux vrais

L’uniforme de leur porcherie

Leur fait peur

Parce qu’ils se sentent loin

Parce qu’ils se sentent loin

Alors ils trichent

Ils se dƩguisent

Ils prostituent la vƩritƩ

En l’obligeant Ć  coucher

Avec ceux qui l’ont dĆ©jĆ  tuĆ©e

En l’oubliant

Ils s’Ć©cologisent le dimanche

En se confessant Ć  la riviĆØre

Qu’ils assassinent Ć  petites semaines

Mais y savent pas

Eux ils comptent

Eux ils produisent…

Juin 1980

Matinales…

Il est des matins roux
Qui emplissent de rĆŖves
Les fonds de faille
De nuits ocres aux angles droits
Ils posent lƩgers
De douces caresses
Sur nos joues creusƩes

27octobre

Semailles…

Dans le jardin des mƩmoires de demain

J’ai semĆ© un vieux fond de graines de rires faciles

C’est la bonne saison

Je le sais je le sens

C’est le temps

Le temps si rond si long

De la bonne raison

Il le faut on attend

Regarde

Les granges dƩbordent de molles pailles

OubliƩes de vieilles moissons

Entends les pleurs des rides sĆØches de la terre

Aux prochains soleils levƩs

Tu cueilleras ta premiĆØre fleur au sourire cĆ¢lin…

Une semaine Ć  Prague 8

Voir le monde Ć  travers une fenĆŖtre de 15 cm par 8 cm c’est la triste rĆ©alitĆ© de tant de touristes. Je suis stupĆ©fait et irritĆ© par l’incapacitĆ© qu’ont tant de personnes Ć  mobiliser tous leurs sens pour emplir l’armoire Ć  mĆ©moire. Pour ma part quand je dĆ©couvre un lieu nouveau j’aime ĆŖtre pĆ©nĆ©trĆ© avant de figer un tout petit bout de ce que je viens de voir…

Matinales…

Si peu de choses Ć  dire
Il faut descendre dans la rƩserve Ơ souvenirs
LĆ  tout au fond des casiers sont vides
Y Ʃtaient les flacons de mƩmoires vieillies
Ils sont les premiers Ć  ĆŖtre partis
Disparus Ć  la table des bons amis
Tant pis
Je chercherai pour ce jour aux couleurs jolies
Un doux vin jeune et fleuri

Une bouillie de nuages…

Un inĆ©dit avec comme inspiration dĆ©clenchante cette photographie de l’Atomium prise Ć  Bruxelles…

TĆŖte perdue dans une bouillie de nuages
Ivre d’un presque rien
Englouti Ć  l’angle mou d’un bleu incertain
Je noie vos doutes gƩomƩtriques
Dans une orgie de courbes vagues poƩtiques
J’entends les roulements de colĆØres inventĆ©es
Ils abƮment les velours usƩs
Par les Ʃboulis de larmes mauves
Neiges Ʃternelles de nos peines fauves
Et j’oublie les lourdes morales acadĆ©miques
Pour Ʃcrire sans freins ni lois
De longues pages de vents froissƩs

Matinales…

Et je prends la route qui mĆØne aux pays du hier

J’y trouve quelques cailloux que j’ai semĆ©s en silence

Tête basse, la brume du lointain passé fuit le souffle de mes mots

J’entends soudain le chant rauque des gorges serrĆ©es

25 octobre

Une semaine Ć  Prague 7…

C’est d’une plume aiguisĆ©e Ć  la pierre de brume

TrempĆ©e dans de l’encre grise d’automne

Kafka que je dƩcouvre ton oeil brillant

Ton souffle court dans la ruelle du château

Page Ć  page tu inspires ces quelques lignes humides

21 octobre

Matinales

A l’ouest de mes mĆ©moires salĆ©es

L’Ć©cume de tes mots

Douce caresse

Rime tendresse

Ta trace est lĆ 

Trait de lumiĆØre

Perce l’ombre creuse

De ton absence

Je souris et t’entends

Tu es lĆ  Ć  ne rien dire

Vague fleur sƩchƩe

Sur la crête de ton océan

Flash…

Il faut rester liƩs

Peu importe la couleur, la matiĆØre, l’Ć¢ge, ce qui nous lie est plus fort ce qui nous sĆ©pare. La haine, les haines qui dĆ©ferlent aujourd’hui sans aucune limites, sans aucun garde fous me donnent la nausĆ©e. Les mots sont abĆ®mĆ©s. La pensĆ©e n’existe plus. Seul le rĆ©flexe compulsif domine. Je n’entends plus que des vocifĆ©rations. Il nous manque tant celles et ceux qui loin de leurs narcissiques Ć©crans Ć©clairaient les chemins noirs, ( Camus je pense Ć  toi… ).

De ci de lĆ  des paroles posĆ©es, qui sortent de cette permanente mĆ©lasse où tout est confondu : la politique et ses bassesses, l’histoire et ses blessures, et la haine sans limites pour des peuples errants qui souffrent en silence d’ĆŖtre les otages des apprentis sorciers qui occupent et salissent nos espaces de vie…

Matinales…

Il est des mots dont la rime hƩsite entre larmes et bleu

Dans les aubes grises et mauves

Aux fenĆŖtres ouvertes on entend leurs toux fauves

Les silences de la nuit ont Ʃteint le feu

Au creux de l’Ć©paule du beau matin

Ils posent la tendre joue de leurs rires malins

Matinales…

Lorsque l’attente frise le bitume

J’entends la lame bleue des impatiences

Qui s’aiguise Ć  la pierre de ton regard

Il n’est jamais loin le doux froissement

Des Ʃtoffes de nos embrassades

Tout est dans le presque fini

Il me reste Ć  refermer l’angle de nos peurs

Flash…

J’ai soudain faim

Je coupe une belle tranche de rire

Dans une tourte Ơ la croƻte chatouilleuse

Je croque et craque

Le chant doux de la mie

Glisse dans le creux de mon oreille

Une rime Ơ la miette dorƩe

Carnets :  » perdre du temps »…

Parfois, euh souvent, et vous le savez bien lectrices et lecteurs de ce blog j’aime regarder la vie qui dĆ©file Ć  travers une vitre ferroviaire.

A travers cette grise vitre, je vois ce prĆ©cieux temps qui s’enfuit vite, trĆØs vite. Et je reste immobile, figĆ© dans la contemplation. Immobile dans un monde qui avance…

Je retrouve un peu de cette sensation pleine de poĆ©sie de se trouver les pieds ballants au bord du monde et attendre indĆ©finiment d’ĆŖtre gagnĆ© par la sensation de la vitesse de rotation de la terre. Quarante mille kilomĆØtres en 24 heures, on finira bien par le ressentir…

Bref, je prends le temps de regarder le temps qui passe, qui pousse, qui file, qui glisse… Et j’accepte enfin de perdre du temps…

Oui depuis quelques temps j’aime cette idĆ©e, cette fausse idĆ©e de perdre du temps. Temps qui coule Ć  travers mes poches trouĆ©es, temps qui fuit qui s’enfuit…

 » ArrĆŖte de perdre du temps » aurais-je dit il y a peu… Et aujourd’hui je savoure cette idĆ©e de ce temps qu’on croit perdu, parce qu’on l’a rempli de quelques petits riens, petits cailloux Ć©phĆ©mĆØres.

Je ne perd plus mon temps, mieux encore je le trouve, le retrouve. Il est lĆ , par petits bouts. Je le ramasse, le garde tout contre moi, bien au chaud et me dis que je le trouverai demain ou plus tard et je passerai du bon temps…

Mes Everest, Tomas Transtrƶmer

Le voyage

Dans la station de mƩtro.
Le coude Ć  coude entre les affiches
dans une lumière morte au regard égaré.

Le train arriva pour emmener
les visages et les porte-documents.

ƀ la prochaine, l’obscuritĆ©. Nous Ć©tions assis
comme des statues dans ces voitures
qui dƩrapaient dans les cavernes.
Contraintes, rĆŖveries, servitudes.

On vendait les nouvelles de la nuit
aux arrêts situés sous le niveau de la mer.
Les gens Ʃtaient en mouvement, chagrins et
taciturnes sous le cadran des horloges.

Le train transportait
les pardessus et les âmes.

Dans tous les sens, des regards
lors du voyage dans la montagne.
Et nul changement en vue.

PrĆØs de la surface pourtant, les bourdons
de la libertĆ© s’étaient mis Ć  vrombir.
Nous sortƮmes de terre.

Une seule fois, le pays battit
des ailes avant de s’immobiliser
Ć  nos pieds, vaste et verdoyant.

Les Ʃpis de blƩ arrivaient en vol
au-dessus des quais.
Terminus! J’étais allĆ©
bien au-delĆ .

Combien Ʃtions-nous encore? Quatre,
cinq, Ć  peine plus.

Et les maisons, les routes, les nuages,
les criques bleues et les montagnes
ouvrirent leurs fenĆŖtres.

MĆ©moires ferroviaires…

Sur une rive de fausses pierres

D’une gare oubliĆ©e

Un homme seul

Un rĆŖve bleu s’est inventĆ©

Il parle sans rien dire

Au peuple des absents

Presque marins abƮmƩs

Dans le fracas d’un dernier train

Il surgissent en glissant

Sur la crête salée

D’une vague de fer

Flous…

Elles sont pâles blanches les rimes en belle
Contre le mur de nos silences se brisent les ailes
Deux Ć  doux elles glissent un œil cĆ¢lin
Et les mots pour toi s’envolent Ć  tire d’aile
Ils fuient en riant la camisole de lourd papier
Et j’effeuille de ma plume lĆ©gĆØre
Fleur en flammes
Aux ivres senteurs d’un autre Rimbaud

Matinales…

CourbƩ, visage fermƩ
Je portais encore sur les Ʃpaules rentrƩes
L’infĆ¢me poids d’une nuit
Au sommeil dƩlabrƩ
Impatient, le pas traƮnant
J’ai tirĆ© le long rideau de ma lourde insomnie
Le beau matin est arrivƩ
Dans un fragile bleutƩ
De bords mauves ƩclairƩs

MĆ©moires ferroviaires…

Entre les longs silences

Des derniĆØres secondes qui s’Ć©tirent

J’entends les pas lourds

De fragiles impatiences

Le temps est Ć  l’attente

Sur les quais des souvenirs mƩtalliques

J’entends les chœurs des hommes blessĆ©s

Une semaine Ć  Prague 6…

Entre le fleuve et la ville

C’est une histoire un peu floue

Une ombre se noie dans le gris dƩbordant

On entend le souffle court d’un tourment de vent

EpuisĆ© le ciel s’est affaissĆ©

Il repose sans un bruit dans le creux d’une belle nuit…

13 octobre

Matinales…

Au tableau noir du rĆŖve attendu

Tu Ʃcris les mots songes

Restes d’une longue et blanche nuit

La craie crisse et glisse

Au bout de cette ligne tracƩe

A l’encre grise de ton insomnie

Lettres légères rimes rondes

Se noient dans la marge profonde

D’une mĆ©moire abĆ®mĆ©e

PoĆØmes de jeunesse : « dans la nuit d’un samedi stĆ©phanois »

J’ai Ć©crit ce texte il y a quarante ans, avec vraisemblablement comme fond musical, le stĆ©phanois de Bernard Lavilliers, la photo est beaucoup plus rĆ©cente….

Nuit stƩphanoise

Samedi soir

Nouveau dƩpart

Nouvelle chute

Pour une inconnue

De rires

Liquides

BĆ©quilles pour s’Ć©clater

Dans les rues

Des comme nous

Qui traƮnent leur habitude

De la petite semaine

Qu’ils ont brĆ»lĆ©e

Dans des pauvres jeux quotidiens

Qu’ils continuent encore

Parce que c’est bon

Parce que le siĆØcle s’Ć©ssouffle

Et ne veut plus d’eux

Ils sont nĆ©s pendant l’Ć©pidĆ©mie

Ils subsistent pendant l’agonie

Alors ils s’en foutent

Ils veulent aller plus vite

Parce qu’autrement

Ils n’auront plus que leur ombre cerceuil

A simuler

On les montre du doigt

Quand ils s’exagĆØrent

On les ignore quand ils se terrent

Ils traƮnent tous ensemble

A construire un monde

Qui s’Ć©croule Ć  chaque aurore

Regarde les dans les villes qui s’enterrent

Regarde les dans les villes qu’ils aiment

Par la multitude des autres

Des ceux qui sont comme eux

Regarde les

T’es comme eux

Regarde les….

Flash…

Ɖcoutez peuple des riants

C’est la marĆ©e lasse du soir tombant

Partout le bruit des roulettes

Sur le chemin des partants

On se presse on s’attend on s’Ć©prend

Ils sont loins nos beaux rires d’enfants

La faim d’Ć©crire

La faim d’écrire est forte, trĆØs forte, peut-ĆŖtre trop forte. Le garde-manger est plein, il dĆ©borde, il dĆ©gouline, de mots, de phrases dĆ©jĆ  prĆŖtes, qui attendent simplement la chaude caresse de la feuille que je leur ouvrirai.
Je n’ai pas besoin de les garder au frais. Ils se conservent trĆØs bien, mais sont peut-ĆŖtre trop nombreux. Je ne sais lequel choisir. J’ouvre la porte de la rĆ©serve. J’entends d’abord comme un murmure : Ā« il est lĆ , c’est lui, il va me choisir, c’est mon tour Ā». Ils attendent patiemment tous ces mots que j’aime. Certains sont couchĆ©s, bien Ć  plat, Ć  l’abri des regards mauvais, ce sont mes grands crus. Je reconnais libellule, il est seul, couvert de poussiĆØre, cela fait bien longtemps qu’il vieillit, peut-ĆŖtre trop ; il faudra que je me dĆ©cide Ć  en faire quelque chose. Au-dessus, mes prĆ©fĆ©rĆ©s tout une rangĆ©e de flacons, de balbutiements, de mauves. Les casiers de brumes et de gris sont presque vides ; j’en ai peut-ĆŖtre trop consommĆ© ces derniers temps. Dans le placard du fond j’ai stockĆ© quelques phrases, toutes faites, toutes fraĆ®ches, mais je ne l’ouvre pas, je ne veux pas qu’elles s’échappent, il n’est pas encore temps, je dois chercher, encore, le menu, et tous les magnifiques plats qui le composeront. Je referme la porte de ma rĆ©serve, doucement pour ne pas Ć©veiller les endormis, celles et ceux vers qui je ne vais jamais, parce que je les ai oubliĆ©s. Demain, peut-ĆŖtre je les retrouverai…
Peut-ĆŖtre.

Matinales…

Dans un long tremblement de ciel
Tu as plongƩ le feu de ton regard
Au bout de ce qui te reste de terre noire
Claque le drap plissƩ du sombre agonisant
La bataille du rĆŖve s’est achevĆ©e
Dans la raideur du corps qui s’étire
Ils sont si beaux les retours qui se suivent
Que ton encore premiĆØre marche
Est souple comme une naissance

Une semaine Ć  Prague 5…

Une ville Ƨa bouge

Une ville Ƨa vit

Ville mƩmoire

Ville histoire

Ƈa cahote

Ƈa secoue

Ƈa grince

Sous chaque pavƩ

Un peu de sable

Trace muette

De ce lointain printemps

11 octobre

Carnets…

Je cherche dans le fond humide de ma rĆ©serve Ć  mots, un verbe qui pourrait survivre sans complĆ©ment, sans adverbe, sans tous ces parasites qui au mieux affadissent au pire empoisonnent l’essence premiĆØre du mot, cette saveur originelle qui lorsqu’elle fut la premiĆØre fois utilisĆ©e suffisait, exprimait Ć  elle seule ce qui Ć©tait ressenti, c’est-Ć -dire vu, entendu, touchĆ©, goĆ»tĆ©.
Ces mots verbes existent je le sais, je les cherche, je les traque. Mais il y a aussi ceux que la grammaire a dĆ©cidĆ© d’entrer dans la catĆ©gorie des noms communs. A-t-on pris le temps de s’interroger sur la signification de ce commun, qu’on ajouter pour dĆ©signer ce qui pourtant dĆ©signe Ć  lui seul l’essentiel. Peut-ĆŖtre s’agit-il d’une juste opposition au qualificatif propre. Serait-ce la propretĆ© ou la propriĆ©tĆ© qu’on veut opposer au commun, au collectif. Il y aurait donc le mot qui appartient Ć  un seul et ce qui est Ć  tous ; pourquoi pas ! Mais le commun peut aussi ĆŖtre vu comme le banal, comme le courant, qui n’a aucune aspĆ©ritĆ©, aucune singularitĆ©. Ne dit-on pas d’un vin qu’il est commun pour Ć©viter de dire qu’il n’est pas bon…
Le vin, le ciel, le vent, la brume, le mauve, l’amour, que de noms communs qui dans ma rĆ©serve occupent une place singuliĆØre…

Matinales…

J’ai dĆ» rattraper un reste du bel Ć©tĆ©

Palette lisse et sĆØche sous le bras

Il s’enfuyait pour le long sommeil

De la triste saison

Ne t’en vas-pas dresseur de sauvages soleils

Ne nous laisse-pas Ć  nos seuls frissons

Il nous reste tant de rires en rayon  

Une semaine Ć  Prague 4…

Au soir bruinant

On attend

Sur la pointe des pieds

Cou tendu

Pour voir le loin

On attend

Tram ou tramway

C’est le chant de la ville

On l’attend, on l’entend, on l’écoute

Bruit mƩcanique

EspƩranto du vacarme

On croirait un presque train

Il faut rentrer

Il faut revenir

Il faut se retrouver

Les artĆØres pavĆ©es s’emplissent de silences fatiguĆ©s

De joies contenues

De rencontres imprƩvues

Les lumières glissent en grinçant

Et cherchent le bel accord

Avec une longue note d’acier

Carnets : 5, voir la vie en rose…

Voir la vie en rose !


Il faut, ou faudrait, nous dit-on voir la vie en rose. Enfin je commets peut-ĆŖtre une erreur, il est possible qu’il soit conseillĆ© de voir la vie en roses. Encore une fois tout est une affaire de nature, voire de genre, puisqu’on peut parler d’une rose, on peut aussi Ć©voquer le rose, et enfin on peut enrichir un autre mot en le gratifiant gĆ©nĆ©reusement du qualificatif rose. On pourra ainsi parler d’une rose dont le rose est si rose qu’on pourrait y voir Ć  travers comme s’il Ć©tait blanc, on dirait alors qu’il est rosĆ©, Ć  ne pas confondre avec le rosĆ© qu’il faut Ć©viter avant de cueillir quelques belles roses, Ć  offrir Ć  sa promise afin de la faire rougir. Certes la couleur rose, tout comme la fleur, incite Ć  l’optimisme voire Ć  la gaietĆ© mais reconnaissons quand mĆŖme que certaines roses aprĆØs avoir Ć©tĆ© piquantes (comme un mauvais rosĆ©) sont dĆ©sormais fanĆ©es. Et il y a des roses au rose si clair qu’elles en sont un peu transparentes. La vie de toute faƧon n’est ni une fleur, ni une couleur, et toutes ces injonctions ont le don de me faire monter le rouge au front…

Matinales…

Au premier pas du jeune matin
Les essoufflƩs des courtes nuits
Replient les draps fripƩs de rides noircies
Ils sourient au timide soleil
Retrouvent une promesse de douce lumiĆØre
Dans une flaque de sourires
Pendue au cou raide d’un jour au rose attendu

10 octobre

Une semaine Ć  Prague 3

La ville bouge et brille

La pierre des pavƩs est luisante

De longs rails irriguent les rues

D’un acier trempĆ© Ć  la sueur des fondeurs

Des lourds palais endormis s’envolent le murmure

De lointaines mƩlodies aux notes arrondies

Les regards qui attendent se croisent en silence

Ils parlent la belle langue des frĆØres humains…

9 octobre

Carnets, 13 : « il m’a lancĆ© un regard… »

Photo : Alice NƩdƩlec

Je vous assure, il m’a lancĆ© un regard, franchement je m’en remets difficilement. Lancer un regard, ce ne doit quand mĆŖme pas ĆŖtre des plus simples, il faut Ć©videmment savoir viser, car lancer un regard sans savoir vers qui l’envoyer c’est un peu comme un coup d’épĆ©e dans l’eau. Encore qu’un coup d’épĆ©e dans l’eau a au moins deux vertus celle de faire de provoquer des remous (mĆŖme si on ne veut pas dans ce cas prĆ©cis faire de vague) et celle de trancher dans le vif, surtout s’il s’agit d’eau courante. Mais revenons Ć  nos moutons, revenons Ć  ce regard lancĆ©, et qui semble t’il a atteint sa cible (puisque la personne victime du jet prĆ©tend qu’on lui a lancĆ© un regard), est ce que ce regard est vif, acĆ©rĆ©, aiguisĆ©, perƧant mĆŖme. Imaginons les dĆ©gĆ¢ts provoquĆ©s par un regard qui en plus d’avoir Ć©tĆ© lancĆ© est aussi perƧant. La personne, appelons-lĆ  la victime, risque de se retrouver comme le disait Corneille Ā« percĆ©e jusqu’au fond du cœur d’une atteinte imprĆ©vue Ā» …. En conclusion, ce que je crois c’est qu’un regard n’est jamais lancĆ© au hasard, Ć  l’aveugle dirions-nous car il faut ĆŖtre clair une fois lancĆ© le regard ne peut revenir en arriĆØre, ce n’est pas un boomerang et le lanceur doit autant que possible avoir les yeux en face des trous s’il ne veut pas rater sa cible.
ā€ƒ

Matinales…

L’œil du presque matin s’ouvre doucement

Paupière lourde raidie du rêve inachevé

Dans un souffle teintƩ de mauve

L’aube bleue rabote les restes de nuit

9 octobre…

Une semaine Ć  Prague, 2

Il est des rencontres qui pƩtillent
D’autres qui bouillonnent
De s’enfuir rĆŖve la riviĆØre
Mais sage elle se retient
De tant de larmes elle se souvient
Aux hommes qui l’aiment
Elle raconte son chemin…

8 octobre

Matinales…

DerriĆØre le souffle court du matin qui danse  

J’entends la mitraille des gouttes pressĆ©es

Elles houspillent le morne silence

Les pluies d’automne ont commencĆ©

Il faudra rentrer les rires insouciants

Les bonnes nouvelles ont perdu leurs couleurs d’étĆ©

Il est l’heure des Ć©paules rentrĆ©es et des regards fuyants

Il pleut partout dans ce monde fatiguƩ

8 octobre 2024

Une semaine Ć  Prague…

Il y a dans le vif roulement de cette riviĆØre

Les tourbillons d’une histoire

Qui laisse ses traces sur les rives des mƩmoires

On entend des cris des mouettes en mal de mer

Elles ajoutent des vagues de bleus au gris du ciel…Ā 

7 octobre