Retrouvons le tribunal académique…

Le tribunal académique, vous l’avez certainement constaté, ne s’est pas beaucoup réuni ces derniers temps. Il faut dire que l’affaire qu’il avait à instruire a pris beaucoup de temps, tant il est vrai qu’il n’est pas courant pour lui d’avoir à juger une telle bande organisée.
Ou plus exactement si on se réfère à l’article 450-1 du Code pénal de juger en vue de les condamner une association de malfaiteurs.
Qui sont-ils ces malfaiteurs organisés ? Nous allons les citer dans l’ordre de leurs entrées dans le box des accusés : le premier arrivé, fier et droit dans ses bottes prétend s’appeler « distanciel », le second un peu plus petit, le regard torve, est heureux d’annoncer qu’il porte, s’il vous plait, un nom composé : « télé-travail ». Il est accompagné de deux malfaiteurs qui nous l’apprendrons plus tard se font appeler dans le milieu l’un « zoom » et l’autre « teams ». Ils ont l’air très nerveux et ne cessent, en douce, de mettre des coups de coude à « télétravail » qui lui essaie autant que possible de rester à distance. Le cinquième larron est arrivé en dernier dans le box des accusés, mine patibulaire, on dirait bien qu’il est le chef de la bande, et lorsque le juge lui demandera de décliner son identité, il prétendra s’appeler « protocole ».
Bref, après plusieurs mois d’instruction nous voici parvenu au moment attendu du jugement. Le juge a le regard sombre, il est entré en marmonnant dans la salle d’audience et on le devine franchement de mauvaise humeur.
Le jury qui a été constitué est, comme toujours, un peu hétéroclite : autour de la grande table en chêne, il y a un souffleur de rêves, une lanceuse de perles, un chauffeur litreur (contrairement au chauffeur livreur qui ne transporte que des livres, celui ci est spécialisé dans les bouteilles), une soupirante exténuée, un bourreau des cœurs et une prêtresse convertie.
Le juge visiblement exténué rappelle les faits. Les cinq malfaiteurs qui comparaissent aujourd’hui devant nous sont accusés de s’être concertés depuis plusieurs mois afin de porter gravement atteinte à l’intégrité mentale de toute une partie de la population et ce afin de leur subtiliser une partie de leurs possessions. Ils se sont ainsi emparés des biens suivants : accolades, embrassades, bourrades et autres rigolades, se sont aussi saisis de la spontanéité, de la beauté, de l’amitié et surtout de la vérité, et enfin ils ont aussi par le jeu de leur escroqueries numériques anéanti la chaleur, la fraicheur, la pâleur et la candeur.
En conséquence et à l’unanimité du jury les cinq prévenus sont condamnés à ne plus se rencontrer, et à rapidement se transformer en changeant tous les cinq de nom. Distanciel deviendra arc-en-ciel, télétravail désormais vous serez tarétravail, zoom vous deviendrez vroum, teams on vous appellera trime, quant à protocole vous répondrez désormais au nom de Petit Paul.
Et espérons le, tout devrait changer…
La séance est lavée, euh levée.

Je te savais…

C’était l’heure des sans amis
Penché vers un presque rien
Je voulais prendre ce chemin
Et rêvais d’y rencontrer les hommes
Aux doux regard paisibles
Qui rêvent de lendemains
Aux bords ronds et malins
J’ai marché jusqu’au dernier bout
Lointain
Oh si lointain
Elle était là
Seule et perdue
Vêtue d’une longue trainée de brume
Elle attendait en souriant
Je te savais
Tu le sais
Entre tes larges marges inventées
Je t’avais inventé

Finir

Je n’arrive pas à finir ce que j’ai commencé d’écrire. Tout ce que j’ai commencé, tous ces débuts, toutes ces presque fins qui dorment, qui sursautent parfois quand je les reprends, quand je les surprends dans leurs sommeils littéraires. Certains de ces textes ont pris des rides, ils se sont tassés discrètement presque oubliés. Il faudrait pourtant que je me décidé à terminer, à mettre un point final mais j’ai comme une espèce d’angoisse à le faire, de crainte, comme s’il y avait de la vie dans ces mots endormis, comme si l’achevé les figerait.

Chut…

Chut
Mes mots sont endormis
J’entends le chant creux
De leurs rires bleus
Silence
Froisse feuille blanche
Oublié au coin d’un rêve fané
J’attends
Au verso d’une longue histoire
Qui s’écrit
Tant de lettres oubliées
J’écoute
Elles claquent des dents
Dans le souffle étonné
D’un vieux papier glacé

24 février 2021

La ronde des bonnes nouvelles : 9

Avatar de Eric NedelecLes mots d'Eric

« Je ne me souviens de rien, rien de ce qui s’est passé ni hier, ni les jours précédents. »

L’homme chez qui nous sommes aujourd’hui est, à vrai dire, un cas un peu particulier. Chaque soir, lorsqu’il s’endort, comme beaucoup il pense à la journée qui vient de se terminer. Tout y passe : ce qu’il a fait, qu’il n’a pas fait alors qu’il aurait dû le faire, ce qu’il a dit, qu’il n’a pas dit, qu’il aurait dû ou pu dire, ce qu’il n’aurait pas dû dire. Sont aussi passés en revue les autres, celles et ceux qu’il a vus, avec qui il a parlé, celles et ceux qu’il n’a pas vus et qu’il aurait aimé voir.

Et généralement après cet inventaire il s’endort. Enfin c’est ce qu’il suppose car c’est au moment précis où il décide de s’attarder sur tout ce qui dans la journée lui a donné…

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La ronde des bonnes nouvelles : 8

Avatar de Eric NedelecLes mots d'Eric

Erreur sytème…

Ma décision est prise: aujourd’hui je ne vais pas perdre de temps à chercher une bonne nouvelle. C’est à la fois ridicule, très fatigant mais surtout déprimant. En effet, convenons-en, ce qui est le plus extraordinaire quand on cherche, c’est lorsqu’on trouve.

Non, aujourd’hui je vais choisir une autre méthode, faire confiance au hasard, ou à la chance et je vais attendre patiemment que bonne nouvelle vienne à moi.

Au moment du petit déjeuner, je suis tendu, pensant un peu naïvement que c’est au petit matin que les bonnes nouvelles sont annoncées.

Mais rien… Si, une seule chose est à noter: je renverse ma tasse de café, encore très chaud sur la magnifique chemise blanche que j’ai mise pour l’occasion. On ne peut quand même pas accueillir une bonne nouvelle vêtu d’un vieux polo grenat qui pluche…

Le matin passe: rien. Ce n’est pourtant pas faute de tout…

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La ronde des bonnes nouvelles : 7

Avatar de Eric NedelecLes mots d'Eric

Photo de Alex Kozlov sur Pexels.com

Ce matin, une fois encore, j’ai une furieuse envie de bonnes nouvelles. Je dirai même qu’une seule me suffirait. Par réflexe, ou dans un sursaut d’espoir j’ouvre ma boîte aux lettres. Elle est presque vide… Je dis presque, en effet, parce que perdu tout au fond, plié en quatre, un simple papier. Ce n’est même pas un prospectus, non une simple feuille arrachée à un cahier à spirales. Curieux, je la déplie.

En gros caractères manuscrits, voici ce que je lis:

Aujourd’hui sur la place du village entre 10 h 00 et 13 h 00 ouverture d’une boutique éphémère! Tristes, déprimés, pessimistes, venez à nous, nous vous rendrons le sourire!

Curieux vraiment. Une boutique éphémère, ici dans mon village…Je ne sais pas encore si c’est une bonne nouvelle, mais ça a au moins le mérite d’être un peu « excitant » … 

Evidemment à dix…

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La ronde des bonnes nouvelles : 6

Avatar de Eric NedelecLes mots d'Eric

Il n’y a plus rien !

Bon, autant le dire tout de suite, ce n’est pas la grande forme. Où sont les bonnes nouvelles, où se dissimulent-elles? J’ai beau éplucher toute l’actualité: je ne trouve rien à me mettre sous la dent. Ça commence à devenir déprimant. Je vais finir, comme beaucoup, à tout voir en noir, à avoir des idées noires et pourquoi pas à broyer du noir.Il faut que je m’aère pour me détendre un peu. Je complète mon attestation sur laquelle je coche que je sors pour des courses de première nécessité.

Je n’ai besoin de rien mais après tout on verra bien, je tomberai peut-être sur du nécessaire dont j’ignorai l’existence. C’est jour de marché : je trouverai bien quelque chose.

J’arrive sur la petite place du village. Tout au fond, à l’abri du seul arbre, un petit stand que je ne connaissais pas. Il n’y…

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La ronde des bonnes nouvelles : 5

Avatar de Eric NedelecLes mots d'Eric

Bon, Trump n’est pas encore complétement battu, donc on n’est pas tout à fait, tout à fait, dans la configuration idéale de ce qu’on peut appeler une bonne nouvelle, même si, on commencer à humer cette bonne odeur.

On fait une omelette en cassant les œufs

Pour une raison que j’ignore encore, je me lève ce matin avec une furieuse envie d’omelette. Et pour une raison que j’ignore encore plus, j’ai à peine posé le pied à terre, au pied de mon lit, que j’entends cette phrase qui tourne en boucle à l’intérieur de la tête: «on ne fait pas d’omelette sans casser les œufs, on ne fait pas d’omelette sans casser les œufs».

Etrange: j’ai dû rêver d’omelette, ou d’œufs, ou d’œufs cassés. Je ne me souviens plus mais ce que je sais c’est qu’il va me falloir, en casser des œufs justement. En casser deux ou peut-être trois…

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La ronde des bonnes nouvelles : 4

Avatar de Eric NedelecLes mots d'Eric

J’aurais aimé, au moins aujourd’hui deviser, enfin, sur une vraie bonne nouvelle : celle qui m’aurait annoncé la défaite de Donal Trump. Et bien non je suis encore obligé de me rabattre sur mes rêves, ou fantasmes, sait-on jamais…

Il y a un loup sur mon terrain…

Ah je m’en souviendrai du 4 novembre…Comme tous les matins, j’ouvre en grand la fenêtre de ma chambre. Il fait frais et j’aime cette sensation après une nuit toujours un peu agitée. La lumière me réveille et l’air vif me fouette. Au milieu de la pelouse, assis, le dos à la fenêtre : un loup. Un grand loup gris. Je sais que c’est un loup, ses oreilles pointues ne trompent pas. Il est assis et regarde droit devant lui, enfin me semble-t-il. Je me racle la gorge discrètement. Il se retourne, lève la tête et me regarde… Oui je le confirme, définitivement, c’est un loup…

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La ronde des bonnes nouvelles : 3

Avatar de Eric NedelecLes mots d'Eric

Une disparition attendue…

Ce matin le réveil est un peu difficile. Il faut dire que rares sont les nuits calmes et sereines sans tous ces mauvais rêves que pour se protéger on répugne à appeler cauchemars. Le réveil est un véritable supplice. Je me traîne jusqu’à la cuisine tout en marmonnant : « s’il faisait beau, au moins je pourrais prendre mon café dehors ». Mais bien sûr il pleut, nous sommes le trois novembre, comment peut-il en être autrement ? Et en plus pour couronner le tout, c’est mardi. Un mardi de novembre. Je marmonne : il faudrait que je me bouge…

J’allume la radio avec le petit espoir d’entendre quelque chose d’engageant, d’encourageant: une bonne nouvelle quoi?

J’appuie sur le bouton. Grésillement. Et puis une info: un flash info comme on le dit. Et c’est vrai qu’en guise de flash on ne peut faire mieux. Je dois le dire: j’ai sursauté…

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La ronde des bonnes nouvelles…

Avatar de Eric NedelecLes mots d'Eric

Instauration d’une journée nationale sans râler

En ouvrant mon journal ce matin dont, au passage, la qualité du papier se dégrade de plus en plus, ce qui a pour conséquence de noircir les doigts, j’ai malencontreusement renversé ma tasse de café.

La journée commence vraiment mal, ai-je failli dire…Non, en fait, oui je l’avoue je l’ai dit!

Et ce d’autant plus qu’il n’y avait plus de lait, que le pain était sec, que le chat miaulait sans raisons apparentes, que la chaudière ne voulait pas démarrer, qu’évidemment il pleuvait et que j’avais perdu mon parapluie et égaré les clés de ma voiture. Voiture qui ne démarrera certainement pas lorsque j’aurai retrouvé les clés si j’en crois le texto laissé par le voisin: «vous avez laissé vos phares allumés». Texto que je ne découvre que maintenant étant donné que je ne savais plus où était mon portable. Bref il me semble…

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La ronde des bonnes nouvelles…

Les odeurs de printemps me donnent envie de republier cette ronde des bonnes nouvelles qui datent de novembre dernier…

Avatar de Eric NedelecLes mots d'Eric

Les mauvaises nouvelles, il y en a trop, ou ce ne sont qu’elles qu’on entend, qu’on retient, qu’on partage. Je vais donc essayer , tous les jours, autant que possible de trouver une bonne nouvelle, de la raconter, et si je n’en trouve pas, je l’inventerai, je la rêverai et je la partagerai. Pour commencer voici la ronde des bonnes nouvelles …

Lorsqu’une bonne nouvelle tu entendras,

Toujours tu la dégusteras.

En bouche tu la garderas.

Les yeux tu fermeras.

Et alors seulement tu en parleras,

Aux autres tu diras:

Oh qu’elle était bonne cette nouvelle!

Elle pépillait,

Elle papillait,

Elle pétillait.

C’était une sacré bonne nouvelle!

Je vous la conseille.

Et surtout ne me demandez pas de commenter,

Je l’ai déjà avalée,

Et n’ai aucune envie de la recracher.

Par contre, oui,

Je peux vous le dire;

Il existe bien un lieu

Où vous pourrez trouver

Des douces, des…

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Mes Everest : « La mer au plus près » Albert Camus

Avatar de Eric NedelecLes mots d'Eric

Une merveille, je le publie en deux courtes parties, il faut prendre de le lire, le relire, s’en imprégner comme d’un baume apaisant.

«J’ai grandi dans la mer et la pauvreté m’a été fastueuse, puis j’ai perdu la mer, tous les luxes alors m’ont paru gris, la misère intolérable. Depuis, j’attends. J’attends les navires du retour, la maison des eaux, le jour limpide. Je patiente, je suis poli de toutes mes forces. On me voit passer dans de belles rues savantes, j’admire les paysages, j’applaudis comme tout le monde, je donne la main, ce n’est pas moi qui parle. On me loue, je rêve un peu, on m’offense, je m’étonne à peine. Puis j’oublie et souris à qui m’outrage, ou je salue trop courtoisement celui que j’aime. Que faire si je n’ai de mémoire que pour une seule image? On me somme enfin de dire qui je suis. “Rien encore…

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Printemps est arrivé…

Il y avait une odeur de printemps hier…

Avatar de Eric NedelecLes mots d'Eric

Printemps n’a pas attendu.

Outrés, les prophètes du temps qu’il faut, ont parlé:

Un peu de patience voulez-vous…

Un peu de décence, pourriez-vous…

Nous vous en prions,

Freinez vos ardeurs.

Retenez vos fleurs.

Vous le voyez bien,

Ici, là, partout,

Déborde le gris.

Rien n’est prêt.

Pour vous accueillir

Vous le comprendrez,

Il nous faudrait nettoyer.

Rien n’est grave,

Sourit le printemps.

Rien ne presse,

J’ai tout le temps,

J’irai jusqu’à l’été.

23 mars

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Je n’en peux plus de ces haines qui dégoulinent…

Avatar de Eric NedelecLes mots d'Eric

Une fois n’est pas coutume, je publie une tribune, que j’avais écrite en septembre 2018, et qui fut l’une des mes dernières « sorties » sur le plan politique… Je la publie, ici, sur ce site, d’abord parce que je la trouve bien écrite, et que ce blog est un blog qui aime les mots, et ensuite parce que je la trouve évidemment encore et malheureusement toujours d’actualité….

Je suis, volontairement, assez silencieux dans le brouhaha permanent du débat politique tant il est vrai qu’il n’y a pas, qu’il n’y a plus de débats politiques. Et cela m’attriste profondément. Aujourd’hui ce qui domine, ce qui anime les gazettes numériques, ce qui motive les excités du clavier c’est la dénonciation, l’indignation toujours sélective, l’accusation revancharde, la délation nauséabonde. Et la parole réfléchie a cédé la place au raisonnement binaire qui trouve peut-être ses racines dans ce langage informatique dont on sait qu’il ne…

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Hum…

Avatar de Eric NedelecLes mots d'Eric

Sous les pavés

La plage effondrée.

Tend son oreille libérée,

Pas un chant d’amour,

Plus un souffle d’espoir.

Les coeurs sont asséchés,

Au coin de son regard effarée

Une larme de sel a séché.

Partout on crie,

Partout on hurle,

Haines aigres retirez vous !

Mes vagues vont déferler…

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Il y a un navire dans mon jardin !

Avatar de Eric NedelecLes mots d'Eric

Il y a un navire dans mon jardin!

Un navire, mon ami, impossible, vous divaguez!

Oh non, vous dis-je, ce n’est pas un mirage…

Hier soir, c’est vrai,

Avec la nausée je me suis couché.

Toute une journée perdue à naviguer

Sur le bleu électrique de l’océan numérique.

Oh je le sais, c’est laid,

Pas une vague, pas un souffle salé.

Pour ce long naufrage à tous imposés.

Oh oui, bien sûr,

Parfois un peu de mousse

Sur la crête pâle des mots enfermés.

Alors oui, je le concède,

Quand le soir est tombé,

J’étais triste et abandonné.

Tant de bruits, tant de cris

Ce monde est fou.

Dans les bras de la nuit, je me suis blotti.

Doucement mes lourdes paupières j’ai baissées.

Tous mes rêves bleus se sont éveillés.

Un à un, ils se sont envolés

Au fond du ciel noir de ma mémoire meurtrie.  

Et ce…

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Petite goutte d’eau…

Petite goutte d’eau,
Garderas-tu dans ta mémoire gelée
Le souvenir du chant glacé
De ta source cachée ?

Petite goutte d’eau,
Glisseras-tu en riant
Entre les bras protecteurs
D’une longue vallée sans lueur ?

Calme-toi,
O petite goutte d’eau,
Oublie ta montagne éternelle,
Fonde-toi dans la masse d’eau bleue…

Et roule, roule,
Petite goutte d’eau,
Jusqu’à la mer d’en bas
Qui entre ses bras te prendra

Alors petite goutte d’eau,
Tout doucement tu murmureras
Cette belle histoire
Que tant de fois tu as racontée…

14 février 2021

Vieil homme…

Avatar de Eric NedelecLes mots d'Eric

Le vieil homme est fatigué
Derrière la flamme vacillante
De ses yeux d’acier
On devine des traces de pas
De lointains souvenirs froissés
Petits cailloux posés
Sur le long chemin
D’une mémoire
Qu’il ne peut plus partager

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Sourires au conseil des ministres version intégrale…

Et pour clore voici en un seul bloc la version intégrale

Avatar de Eric NedelecLes mots d'Eric

Ce mercredi matin, comme tous les mercredi matin, c’est le conseil des ministres. L’ordre du jour est fixé un peu avant, avec le premier ministre: jamais de grandes surprises, les communications des uns et des autres, des nominations. Bref la routine républicaine. Tous les mercredis matin tout le pouvoir exécutif se retrouve pendant une heure mais personne n’y prête attention, c’est ainsi depuis longtemps.

Ce jour-là, pourtant le premier ministre a bien remarqué que le président n’était pas comme d’habitude. C’est simple on aurait dit qu’il était heureux, détendu. Bref de bonne humeur, avec un sourire permanent non pas au bord des lèvres mais au milieu de tout le visage. Pour quelqu’un d’autre que le président de la république ce sourire serait plutôt un bon signe, mais brandir à quelques minutes du conseil des ministres une telle décontraction avait de quoi interroger le locataire de Matignon.

Rejoignant ses principaux conseillers…

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Sourires au conseil des ministres : suite et fin….

Avatar de Eric NedelecLes mots d'Eric

Enfin, oui enfin, j’ai mis un point final à cette nouvelle que j’avais commencée un peu par jeu, je vous l’avais proposée par épisode, 13 si je ne me trompe pas, et j’hésitais pour la chute, pour la fin. Exercice difficile, il m’a fallu du temps, mais je suis heureux du résultat. Je vous propose donc d’abord cette fin que peut-être certains attendaient… Et dans la foulée je publie en un seul bloc la totalité de la nouvelle… Pour en faciliter la lecture..

« Il faut vivre, c’est tout, c’est simple et surtout c’est suffisant ! »

«Ce que je vais vous raconter, vous décevra, j’en suis convaincu. Je le comprendrais tout à fait. Les événements que vous avez vécus, ces dernières heures, sont hors normes. Et vous vous attendez à de l’incroyable, de l’extraordinaire, du sordide peut-être. Oui je le répète: je vais vous décevoir, tous, surtout toi ma chère Frédérique.

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Le temps s’est achevé…

Dans le silence mou d’un matin bleu
On s’arrête

Dans le plein rêve
D’un monde heureux
On s’arrête

Juste au-dessus du vague soupir
Las
On n’entend plus la douce mélodie
On respire, on espère
On hésite, on appelle
Oh rien
Ou si peu
Juste le mot
Juste un seul
Léger
Goutte à goutte
Rivière l’épelle
On baisse les yeux
Plus un souffle d’air
Tout se fige
Une par une flaques d’eau
S’assèchent
Et sur la surface lisse d’un vague ruisseau
Le temps s’est achevé
Nous ne l’attraperons plus

Mes Everest, Albert Camus…

Le premier paragraphe de la première nouvelle de l’exil et le royaume, « la femme adultère ». Portrait sublime…

Une mouche maigre tournait, depuis un moment, dans l’autocar aux glaces pourtant relevées. Insolite, elle allait et venait sans bruit, d’un vol exténué. Janine la perdit de vue, puis la vit atterrir sur la main immobile de son mari. Il faisait froid. La mouche frissonnait à chaque rafale du vent sableux qui crissait contre les vitres. Dans la lumière rare du matin d’hiver, à grand bruit de tôles et d’essieux, le véhicule roulait, tanguait, avançait à peine. Janine regarda son mari. Des épis de cheveux grisonnants plantés bas sur un front serré, le nez large, la bouche irrégulière, Marcel avait l’air d’un faune boudeur. À chaque défoncement de la chaussée, elle le sentait sursauter contre elle. Puis il laissait retomber son torse pesant sur ses jambes écartées, le regard fixe, inerte de nouveau, et absent. Seules, ses grosses mains imberbes, rendues plus courtes encore par la flanelle grise qui dépassait les manches de chemise et couvrait les poignets, semblaient en action. Elles serraient si fortement une petite valise de toile, placée entre ses genoux, qu’elles ne paraissaient pas sentir la course hésitante de la mouche.

Dans le soir de ses yeux…

Photo de Umberto Shaw sur Pexels.com

Dans le soir de ses yeux
Je lis la dernière phrase
D’une histoire fanée
Tant de fois racontée

Ses mots sont lourds et glacés
Je les pose sans rien dire
Dans le creux lisse
De mes mains de papier

Dans le noir de ses cheveux
Douce main glisse en frisant
Les dernières boucles de rires envolés
C’est la longue nuit des errants séparés

En route vers la bibliothèque

Avatar de Eric NedelecLes mots d'Eric

Le site « Short Edition » organise un concours, il s’agit d »écrire un texte sur le thème  » un peu d’air », voici ce que je leur ai proposé

«Je n’en peux plus, je ne veux plus, je veux m’échapper, je veux prendre l’air et m’envoler!». Ce matin Jules s’est levé en sueur.

«Je n’en peux plus, je ne veux plus, je veux m’échapper, je veux prendre l’air et m’envoler!».

Ces paroles ne le quittent pas. Elles sont là, elles résonnent, ou plutôt elles chantent au fond de son crâne douloureux.

Jules ne se souvient que très rarement de ses rêves. Mais ce matin, il sait, il sent. Il est certain que ce sont des paroles qu’il a entendues cette nuit, dans son sommeil.  Il lui semble même reconnaître cette voix. Une voix douce et gaie. Il faut dire que Jules vit seul, et débute sa journée, comme il l’a finie : dans le…

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Tout avait commencé par une boule au fond de la gorge, suite et fin…

Quelques inédits…

Avatar de Eric NedelecLes mots d'Eric

J’ai terminé le déchiffrage de ce qui était certainement destiné à être l’esquisse de la suite de mon premier roman  » quelques mardis en novembre » et que j’ai abandonné ensuite…

Je n’avais pas prévu ce départ, ou tout au moins je ne l’avais pas intégré avec intelligence dans mon parcours de reconstruction. J’aurais pu choisir le refus de porter cet uniforme mais je n’avais pas bougé, peut-être par paresse, peut-être plus parce que je pensais qu’il y avait beaucoup à prendre dans cet univers dont on parle tant sans ne l’avoir jamais rencontré. Un peu comme ces paradis ou enfers lointains qu’on s’envoie volontiers à la face, lors de nos si nombreuses empoignades politiques. « Allez-y voir là-bas et vous verrez bien que votre paradis, c’est bien l’enfer pour les autres!»

La plupart du temps ce pourfendeur de l’au-delà honteux a encore les seules limites de sa propre commune, de…

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La fin de la récréation : nouvelle inédite suite et fin !

Suite et fin

Avatar de Eric NedelecLes mots d'Eric

Finalement, ce ne sera qu’en trois parties… Je me suis levé très tôt ce matin et j’en ai profité pour terminer de mettre au propre le manuscrit

Les réponses viennent, faciles. A chacun d’entre elles le puzzle se reconstitue…Dans la voiture, ça s’est passé comment, elle vous a parlé?

  • Oui, enfin pas beaucoup, parce qu’on aurait dit qu’elle était fatiguée, ou triste…

Camille regarde toujours son frère quand elle répond, comme pour vérifier, se rassurer.

  • Tu ne penses pas qu’elle avait plutôt peur ?
  • On ne peut pas vraiment dire parce que de derrière on voyait pas bien ses yeux.
  • Et il n’y a rien qui vous a paru anormal pendant le trajet ?
  • Non. Elle nous a dit : « à demain les enfants, à moins que je sois malade. » Il faut dire qu’elle n’arrêtait pas de renifler.

Les inspecteurs en avaient assez entendu et ils s’apprêtaient à les libérer pour qu’ils puissent…

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La fin de la récréation : nouvelle inédite 2

Avatar de Eric NedelecLes mots d'Eric

Vous êtes plusieurs à m’avoir demandé la suite. Il me faut un peu de temps, car le texte que j’ai découvert est manuscrit, il faut me relire, et tout retaper…. La suite demain…

Camille qui semble la moins timide répond par la négative, elle explique que, comme souvent, elle les a regardés du haut des escaliers, par-dessus la rampe.

– Et vous ne savez pas où elle est allée après ?

C’est Denis cette fois, le frère de Camille qui a répondu. Il a expliqué qu’elle avait son manteau, que cela lui avait paru bizarre, puisque la photocopieuse est au premier.

Les policiers se sont regardés. On aurait dit qu’ils souriaient. Monsieur Malouin paraissait de plus en plus nerveux. Les inspecteurs sont sortis et le directeur est resté pour répartir les élèves dans les autres classes. Quelque chose, un détail, interrogeait les enfants. Ils n’étaient pas très âgés mais ils savaient…

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La fin de la récréation : nouvelle inédite 1

Ce samedi je republie en trois épisodes cette nouvelle, écrite il y a très longtemps

Avatar de Eric NedelecLes mots d'Eric

En faisant du rangement dans mes cahiers, carnets j’ai découvert cette nouvelle que j’avais écrite il y a une vingtaine d’années. Je n’ai pas trouvé la date précise. Je viens de la relire, et comment dire, elle est un peu surprenante, un peu hors norme par rapport à mon style habituel…. Je la publierai en quatre parties

Quand la fin de la récréation a sonné la classe de Mademoiselle Lemoine s’est regroupée à peu près convenablement à l’endroit habituel. Comme toujours, il faut laisser passer les élèves de Madame Antoine et ensuite il faut monter en classe.

Arrivés dans leur salle, les élèves n’ont pas l’air surpris de n’y pas trouver leur maîtresse. Elle passe souvent la récréation à la salle de photocopie. Ils s’installent et se mettent au travail. Au bout d’un quart d’heure, ils sont un peu étonnés d’être toujours seuls. Ils ont d’abord pris ce retard pour…

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Poèmes de jeunesse. « Ce soir », 3

C’est tout pour aujourd’hui…

Avatar de Eric NedelecLes mots d'Eric

Tu poétises

Et tu sais que ça transpire

Peut-être l’indifférence d’habitude

Mais cela ne fait rien tu continues

Et ce soir t’as encore envie d’écrire

Parce que ça fait un jour de plus

Et t’as une boule dans la tête

Une boule odeur de lassitude

Qui explose à chaque sourire

Qu’elle enterre en toi

Chaque fois qu’elle commence

Le « il était une fois »

De ma soif d’impatience

Avec une corde au cou, au mois elle m’a remarqué

Dans cette foule de pendus

Qui rêvent d’évasion

En se remarquant

Identique

Et t’as mal dans la tête

Quand elle t’observe

T’as mal dans sa peur

Qui vibre d’incertitude

T’as mal dans sa peau qui fait

Pleurer un violoniste

Et quand tu la serres contre toi

Tu hais encore plus

Les silhouettes bureaucratisées

Qui sentent déjà le dossier

Qui n’est pas fini

Ou qu’on va jeter….

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Poèmes de jeunesse. « Ce soir : 2 »

Avatar de Eric NedelecLes mots d'Eric

C’est finalement en trois parties que je publierai ce long poème en voici la deuxième

T’avais peur que le désespoir

Rattrape la réalité qui te minait

Et en face d’elle

T’as brisé le cercueil

Tes deux bras te servaient d’alibi

Pour te tenir sur le fil de honte

Qui surplombait le désespoir

Venu d’en bas

Et maintenant

Tes deux bras lui servent

De parenthèses

T’avais mal dedans le corps

Tant le hasard t’avait fait crier

Tant le hasard t’avait fait vaincu

Et maintenant

Tu passes

Seul avec celle qui te regarde

Et t’as dévalisé la consigne

Et tu tire sur tes lèvres

Comme l’intoxiqué tire sur sa clope

T’avales le vrai et tu vomis ta peur

T’avais un trou dans la tête

Qui guettait la sortie de ta folie

Pour lui passer des menottes de rêve

Et maintenant le temps qui te pue

Est un éternel motif d’impatience

Pour celle…

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Poèmes de jeunesse… « Ce soir » 1

Un dernier texte en trois parties avant le week-end

Avatar de Eric NedelecLes mots d'Eric

Un texte écrit, toujours il y a quarante ans…. Je le publie en deux parties

Ce soir t’as envie d’écrire

Ce soir t’es encore plus près d’elle

Parce que cela fait un jour de plus

Parce que cela fait un jour de

Mieux

Alors tu souris

A ces murs si nus

Qui te racontent

L’histoire de ce reflet

Dont l’insuffisance suinte

Ce regard que tu connais

C’était une semaine qui comme

Toutes les autres

Sentait la potence

Mais le noeud ne coulait plus

Il s’était ouvert

Et toi tu fermais les yeux

C’était une semaine

Qui comme toutes les autres

Transpirait l’ennui

Entre les rires d’enfantss

Trop rares

Mais que tu supposais déjà

Sur ses lèvres en fête

C’était une semaine

Dure

Dans ton journal de désespoir

Il ne te restait plus d’aventures

Antidotes

A tous leurs regards accrochés

Au porte manteau de leur haine

Et toi tu les voyais

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Avis de tempête en compétition…

Un de mes textes  » Avis de tempête » a été retenu par le jury du site Short Edition, vous pouvez le soutenir…

https://short-edition.com/fr/oeuvre/poetik/avis-de-tempete-11

La tempête ne souffle pas
Elle ne l’oserait plus
Dans son bouquet de vent d’ouest
Flottent des airs d’un silence fané
Nos yeux se sont usés
Sur des pages de rien
Qui défilent sans trembler
Elles sont si loin
Ces larmes de papier
Que dans un revers de main
Doucement ils aimaient caresser
Tous ont oublié
Le si beau regard bleu plissé
Du marin qui espère la lumière
À la lisière de la marge
Du rivage espéré
Enfermés
Englués
Dans des bulles de vide
Qui ont trahi nos rêves de rimes légères
Les hommes se noient sans une larme de sel